Plusieurs membres de la majorité, dont des élus UMP, prennent leur distance avec la politique annoncée par Sarkozy
Brice Hortefeux a un agenda chargé cet été. Logique, c'est lui qui est censé incarner le positionnement très sécuritaire décrété par le chef de l'Etat. "Face aux voyous, pas de trêve estivale !" a ainsi prévenu le ministre de l'Intérieur.
Mais à droite, tous les élus ne partagent son enthousiasme.
Et si certains se font discret, d'autres affichent clairement leur hostilité
Dernière en date Brigitte Barèges. La députée UMP du Tarn-et-Garonne s'est déclarée mercredi opposée à la mesure proposée par son parti de condamner à de la prison ferme les parents de mineurs délinquants, une idée qu'elle juge "ni judicieuse, ni réaliste".
"Cette proposition ne tient pas la route sur le plan du droit", car "le principe" selon lequel "nul n'est responsable pénalement que de son propre fait" (article 121-1 du code pénal) la rend "inopérante" soutient l'élue.
Pour elle, "il est illusoire de penser qu'en mettant en prison des parents, leur autorité parentale jusqu'alors inexistante s'en trouvera miraculeusement renforcée!".
Autre mécontent, Philippe Dallier, sénateur UMP de Seine-Saint-Denis. " Il n"y a rien de pire que de mettre des propositions sur la table et de se rendre compte qu"elles ne s"appliqueront qu"à peu de cas. La déchéance de la nationalité ne peut pas régler tous les problèmes. On se focalise sur un certain type de populations, mais c"est l"arbre qui cache la forêt… Quant à la proposition d"Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, sur la responsabilité pénale des parents des mineurs délinquants, je n"ai même pas envie de l"évoquer… Tout cela sert de cache-misère."
Yannick Favennec, député UMP de la Mayenne est sur la même ligne. "Ces propositions me mettent très mal à l"aise car elles heurtent ma sensibilité humaniste et centriste. Je crains que l"on ne perde une partie de notre électorat, alors que nous ne sommes même pas sûrs de récupérer les électeurs courtisés par ces propositions, à savoir ceux du FN.
Même Rachida Dati a pris ses distances sur Europe 1 estimant que "quelque chose n'a pas marché" dans la lutte contre la délinquance. Dans une interview accordée au magazine féminin Grazia, l'ex-garde des Sceaux critique à mots à peine voilés le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.
"Depuis trois ans, les atteintes aux personnes augmentent et elles sont encore plus violentes qu'avant", estime l'eurodéputée UMP qui plaide pour une réponse moins réctive et une approche plus systémique des problèmes.
"Il faut mettre en place une réelle politique de prévention de la délinquance, revoir la politique d'intégration, se préoccuper concrètement des cent mille jeunes qui sortent tous les ans du système scolaire sans qualification ni formation et aider les familles en difficulté" déclare l'ex Ministre.
La gauche n'aurait pas mieux dit.
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