Philippe Poutou a été élu samedi candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pour la présidentielle de 2012

L'ouvrier dans l'automobile de 44 ans a été élu par 53% des délégués réunis à Nanterre en conférence nationale.

Inconnu du grand public, il aura la lourde tâche de succéder à Olivier Besancenot. Le populaire postier de Neuilly a fait savoir début mai qu'il ne se , voulant éviter "le piège de la personnalisation.

Avec cette décision, Olivier Besancenot a plongé son parti dans l'embarras tiraillé entre ligne dure pour Christine Poupin (comme M. Besancenot) et poursuite du dialogue avec le Front de Gauche (FG) pour Myriam Martin, toujours en totale indépendance du PS. Philippe Poutou faisait face samedi à ces deux femmes, toutes deux porte-parole du NPA.

Le nouveau candidat du NPA, ouvrier CGT de l'usine Ford de Blanquefort (Gironde), qui fut notamment tête de liste aux régionales en Aquitaine (2,52%), aura fort à faire pour remplacer Olivier Besancenot, qui avait représenté la Ligue communiste révolutionnaire en 2002 (4,25%) et 2007 (4,08%).

L'élection de Philippe Poutou n'est pas une surprise. En début de semaine, la commission ad hoc du NPA s'était déjà "majoritairement prononcée"pour lui.

En perte de vitesse
Dans les sondages, M. Besancenot, oscillait entre 4 et 11%, devançant systématiquement Jean-Luc Mélenchon (FG). Désormais, un nouveau candidat NPA plafonne à 1 ou 2%, loin derrière le coprésident du Parti de Gauche (7 à 10%, selon un sondage CSA).

Il n'empêche: "ça aurait été plus simple que ce soit encore Olivier", comme "il est très populaire", reconnaît Alain Krivine, même si l'ex-fondateur de "la Ligue" pense qu'un ouvrier de l'automobile, ce serait "pas mal, surtout qu'il travaille dans une des rares entreprises où on a sauvé des emplois".

Mais dans un NPA qui est passé de 9.000 membres à sa fondation en février 2009 à seulement 3.100 votants aux derniers congrès locaux, certains s'alarment.

"S'il y a du "découragement chez certains militants", il n'est "pas question" de scission, assure Guillaume Liégard, proche de Myriam Martin.

Lors des congrès locaux en début de semaine, le NPA était pourtant encore coupé en deux: 50,2% des militants soutenant la ligne "identitaire", contre 40,2% pour des discussions avec le FG.

Reste désormais au NPA à trouver les 500 signatures nécessaires pour se présenter en 2012. "Peut être plus compliqué sans Olivier", confie un cadre.

Philippe Poutou, un ouvrier pugnace

Philippe Poutou s'est fait connaître à travers le combat qu'il mène depuis des années à la CGT pour la sauvegarde des emplois au sein de son usine Ford de Blanquefort (Gironde). Son combat au sein de l'usine Ford de Gironde a fini par payer, puisque début mai, le géant de l'automobile américain a confirmé un plan industriel permettant de pérenniser 955 emplois au sein de FAI.

Hostile à tout dialogue avec le reste de la gauche
Contrairement au populaire Olivier Besancenot, que beaucoup de cadres du parti ont poussé à se présenter pour la troisième fois à la présidentielle, Philippe Poutou est un total inconnu du grand public et "même d'une partie de la direction du parti", s'inquiètent certains de ceux qui, au NPA, entendent poursuivre à l'avenir les discussions avec le Front de gauche (FG).

D'ailleurs, selon Christian Picquet, un ancien de la Ligue communiste révolutionnaire (devenue NPA) ayant rejoint le FG de Jean-Luc Mélenchon, M. Poutou, qui fut un temps proche de Lutte ouvrière, fait "partie de l'aile la plus sectaire du NPA, la plus hostile à tout dialogue avec le reste de la gauche et à toute forme d'accord et d'alliances avec le Front de gauche".

"Grâce à son charisme, il a su grimper rapidement les échelons (dans ces deux organisations) pour lesquelles il se rend disponible 7 jours sur 7", souligne un de ses camarades de la CGT.

Aujourd'hui, il est secrétaire CGT de Ford Aquitaine Industrie (FAI) alors que pour le compte du NPA, il s'est déjà présenté à trois élections, comme tête de liste aux élections régionales de 2010 (2,52% des voix) ainsi qu'aux européennes pour le Sud-Ouest en 2009 et aux législatives en Gironde en 2007, sous l'étiquette LCR.

Tous les matins, cet ouvrier au physique longiligne et sec, aux cheveux grisonnants sur un front dégarni a continué d'arriver à 6H00 pour prendre son poste de réparateur de machines-outils dans l'usine. Il mène une vie tranquille à Bordeaux auprès de sa compagne et leurs deux enfants.