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Infographies Quels sont les partis qui votent le plus souvent ensemble à l'Assemblée nationale ?

Alors que la majorité attaque les oppositions de gauche et d'extrême droite sur leur supposée entente et essaie de construire des ponts avec la droite, franceinfo a sorti sa boussole pour analyser les votes de chaque camp.

Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Une séance publique de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 2 août 2022. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Certains groupes parlementaires sont-ils plus proches qu'ils ne voudraient bien l'admettre ? Emmanuel Macron a accusé, mercredi 26 octobre, la gauche d'avancer "main dans la main" avec l'extrême droite, après le vote surprise du Rassemblement national en faveur de la motion de censure de la Nupes, en réaction à l'utilisation du 49.3 sur le budget 2023. 

Le chef de l'Etat, invité de "L'Evénement" sur France 2 mercredi soir, a, à l'inverse, déclaré qu'il souhaitait "une alliance" avec les députés Les Républicains et les centristes du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) pour permettre l'adoption de textes de sa majorité à l'Assemblée.

Au-delà du vote de cette motion de censure, des alliances de circonstances apparaissent-elles dans l'hémicycle depuis le début de la législature, fin juin ? Pour répondre à cette question, franceinfo s'est plongé dans les 390 scrutins votés par les députés entre le 11 juillet et le 27 octobre, et rendus publics par l'Assemblée nationale. Qu'il s'agisse de projets de loi, d'amendements, d'articles ou encore de motions de censure.

Une majorité présidentielle soudée

Un premier constat s'impose : les groupes qui composent la majorité présidentielle votent presque toujours ensemble. Une ligne politique claire se dessine. Les votes du MoDem, le parti de l'allié centriste François Bayrou, sont à 98% identiques à ceux de Renaissance, le parti présidentiel. Quant aux députés d'Horizons, le parti fondé par l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, ils votent à près de 97% comme ceux de la formation présidée par la macroniste Aurore Bergé.

Un peu moins de cohésion au sein de la Nupes 

Au sein de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), les "insoumis", les communistes, les écologistes et les socialistes votent ensemble pour la majorité des scrutins, mais de manière moins homogène que la majorité présidentielle. Alors qu'entre Renaissance, le MoDem et Horizons, les votes sont quasiment identiques à 100%, ce taux ne dépasse pas 79% en moyenne entre les députés de La France insoumise, ceux du Parti communiste et ceux d'Europe Ecologie-Les Verts.

Il descend même à 75% pour les socialistes, qui semblent adopter une stratégie d'opposition moins radicale que les autres membres de l'alliance des partis de gauche. Le groupe PS à l'Assemblée s'est par exemple abstenu lors du vote du projet de loi sur le pouvoir d'achat, tandis que ses trois autres alliés ont voté contre.

Un point commun rassemble toutefois les membres de l'intergroupe : ils ne votent que très rarement dans le sens de la majorité présidentielle, et encore moins dans celui du seul groupe Renaissance. LFI s'est opposé à Renaissance dans 80% des votes. Même constat avec le MoDem. La seule proposition de loi où LFI et Renaissance ont voté de manière identique concernait la lutte contre la fraude au Compte personnel de formation (CPF).

Même si les socialistes et les écologistes votent une fois sur quatre de la même façon qu'Horizons ou Renaissance, la Nupes reste donc un opposant de taille à la majorité.

Le RN vote plus souvent comme la Nupes que comme la majorité

Le Rassemblement national, qui constitue le deuxième parti possédant le plus de sièges au Palais-Bourbon (89), n'opère pas de rupture nette avec les autres groupes de l'Assemblée. Le groupe de Marine Le Pen vote de la même manière que ceux de la majorité présidentielle dans moins de 23% des cas. A l'inverse, il affiche une affinité plus forte avec le groupe Les Républicains (environ 40% de votes similaires). Il va aussi souvent dans le même sens que les membres de la Nupes.

Outre une motion de censure, le RN et LFI ont par exemple tous les deux voté contre la loi de programmation des finances et contre celle relative au fonctionnement du marché du travail en vue du plein-emploi. Mais ils ont tenu des positions divergentes pour le vote de la loi sur la protection du pouvoir d'achat et pour celle sur les finances rectificatives pour 2022.

Les députés du RN semblent observer à la lettre la stratégie de recherche de respectabilité prônée par Marine Le Pen, qui déclare vouloir voter les lois avant tout dans l'intérêt des électeurs, tout en assumant une posture d'opposition au pouvoir d'Emmanuel Macron.

Un autre élément caractérise les votes du groupe RN à l'Assemblée : un taux d'abstention particulièrement élevé. Il avoisine, en moyenne, les 17% contre moins de 7% pour LFI. Quant au groupe Renaissance, il ne s'est pas abstenu une seule fois depuis le début de la législature.

Les Républicains, un allié de taille pour la majorité

Bien que les votes des Républicains ne soient pas aussi homogènes que ceux de la majorité présidentielle, ils y sont très semblables. Un vote sur deux est similaire à celui de Renaissance, d'Horizons ou encore du MoDem. Le groupe présidé par Olivier Marleix vote également assez souvent comme celui du RN (39% des votes sont identiques entre les deux groupes).

De leur côté, les députés non-inscrits qui ne sont rattachés à aucun groupe parlementaire semblent proches du groupe RN, avec plus de 57% de votes identiques. Ce groupe politique constitué de quatre députés seulement est notamment composé du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de Debout la France.

La majorité relative dont dispose le président de la République à l'Assemblée, mais aussi l'éclatement des oppositions en trois blocs principaux (gauche, droite et extrême droite), rendent bel et bien difficile l'adoption des lois depuis le début du second mandat d'Emmanuel Macron. Parmi les 390 scrutins analysés, le pourcentage de textes adoptés par les députés s'élève à moins de 30% depuis le 11 juillet. Il était de plus de 35% à la même période lors de la précédente législature.

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