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Sandrine Rousseau réagit sur franceinfo après des dégradations à son domicile : "La responsabilité d'Eric Zemmour est de faire en sorte que cela ne se passe pas"

Sandrine Rousseau a porté plainte après que la façade et la porte d'entrée de son logement ont été dégradées dans la nuit de mardi à mercredi par des autocollants à l'effigie du candidat d'extrême droite Eric Zemmour.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sandrine Rousseau le 9 septembre 2021. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Notre démocratie est en train de vaciller sous la violence et sous l'intimidation de la part de l'extrême droite", a estimé jeudi 23 décembre sur franceinfo Sandrine Rousseau, présidente du conseil politique du candidat écologiste Yannick Jadot à la prochaine élection présidentielle. Des personnes se réclamant d'Éric Zemmour ont tenté de pénétrer à son domicile avant de dégrader sa porte dans la nuit de mardi à mercredi. Elle demande à Emmanuel Macron de "rétablir les valeurs de la démocratie" et au ministère de l'Intérieur de "mener une enquête pour mesurer le degré de violence" qui pèse sur les opposants à l'extrême droite.

Sandrine Rousseau réagit sur franceinfo après des dégradations à son domicile

franceinfo : Comment qualifiez-vous ce dont vous avez été victime ?

Sandrine Rousseau : C'est de l'intimidation. À ce moment-là, je n'étais pas dans la maison mais mon conjoint y était. Heureusement, mes enfants n'y étaient pas. La question qu'il y a derrière, c'est comment peut-on faire pour garantir la démocratie ? Nous assistons actuellement à de nombreuses intimidations d'opposants démocratiques. On a vu la vidéo avec Raquel Garrido, Alexis Corbière. On a vu des intimidations aussi à l'égard de Daniel Obono, de Jean-Luc MélenchonLe président de la République, Emmanuel Macron, est le garant de la démocratie. Et là, nous sommes dans un climat où, petit à petit, nous nous enfonçons dans l'intimidation, jusqu'à la violence, d'opposants politiques et de personnes qui portent des valeurs différentes. Et ça, cela devrait vraiment nous inquiéter de manière prioritaire car c'est le signe d'une dérive de notre système.

Vous en appelez donc au chef de l'État. Que lui demandez-vous exactement ?

Qu'il rétablisse les valeurs de la démocratie et le fait que des opposants politiques restent des personnes à protéger, qui ne doivent pas subir ces intimidations et violences. Je pense qu'il doit aussi condamner la violence de ceux qui l'exercent. Nous l'avons vu avec la violence qui s'est exercée dans le meeting d'Eric Zemmour, où il n'y a pas eu d'appel au calme de la part du président de la République, alors même que quand Eric Zemmour a lui-même été agressé verbalement dans la rue, Emmanuel Macron l'a appelé. À un moment, on a une responsabilité dans ce qu'il se passe.

"Il nous faut prendre conscience du fait que notre démocratie est en train de vaciller sous la violence et sous les coups d'intimidation de la part de l'extrême droite. Ce n'est pas anodin, ce n'est pas une petite chose. C'est quelque de grave. Indépendamment du caractère de chacune des agressions, il y a quelque chose de l'ordre du systématique."

Sandrine Rousseau

à franceinfo

Éric Zemmour a publié mercredi soir sur Twitter un communiqué dans lequel il explique que ces militants ne font pas partie de ses sympathisants, avant de condamner ces intimidations. Est-ce que cela vous convainc ? Est-ce suffisant ?

Éric Zemmour est porteur de violence en lui-même. Nous l'avons vu dans son meeting. Sa candidature est porteuse d'une forme de violence et se rallient à sa candidature des groupes et des groupuscules qui sont eux-mêmes violents. C'est de la responsabilité d'un leader politique que d'interdire et de faire en sorte que cela ne se passe pas. C'est trop facile de dire cela après et c'est trop facile de s'acheter une conduite et une conscience en le faisant après. Sa responsabilité à lui est de faire en sorte que cela ne se passe pas.

Est-ce que vous craignez, pour vous et pour les autres, une escalade de la violence jusqu'à des agressions physiques ?

Je pense que c'est au ministère de l'Intérieur de faire une enquête pour mesurer le degré de violence et le degré de menace qui nous est adressé. Ce n'est pas moi qui peux dire ça. Je souhaite que le ministère de l'Intérieur fasse ce travail d'évaluation réelle des menaces auxquelles nous sommes confrontés. À l'heure où je vous parle, je n'ai aucune espèce de communication avec le ministère de l'Intérieur. J'ai déposé ma plainte, j'ai demandé dans ma plainte qu'il y ait des rondes de policiers dans ma rue la nuit. A priori, cela va être fait, mais je n'ai pas de contact me permettant de dire si je suis en sécurité ou pas. Peut-être le suis-je, peut-être ne le suis-je pas, je n'en sais rien. Là, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que c'est à mon domicile privé. On attaque les opposants, non pas dans des permanences parlementaires ou dans des locaux publics, mais au domicile personnel des personnes. Et ça, ce n'est pas possible. Vraiment, ça n'est pas du tout possible. Aller au domicile des personnes, c'est une forme d'escalade et ce sont des méthodes qui sont bien connues.

Avez-vous l'impression que cette campagne présidentielle est particulière et assez inédite par son niveau de violence verbale ou physique ?

Oui, il y a une violence verbale et physique, également sur les réseaux sociaux avec des raids, des menaces, du cyber harcèlement. J'avais déjà écrit au procureur il y a un mois pour des menaces sur les réseaux sociaux. On franchit des étapes à chaque fois et on a l'impression que c'est ciblé sur des personnes. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en fait, c'est ciblé pour intimider toutes les oppositions politiques. C'est ça qui est très dangereux dans la période actuelle, c'est que pour faire de la politique, il nous faut supporter cette violence. Or, ce n'est pas l'esprit de la démocratie. Chaque citoyen et citoyenne doit pouvoir briguer des mandats, se présenter, sans avoir peur. Si, en démocratie, on se présente et on commence à avoir peur de menaces, alors c'est que la démocratie dysfonctionne.

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