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Comment l'Etat finance les activités de Nicolas Sarkozy

L'ancien chef de l'Etat bénéficie, en toute légalité, de services et de financements de la part de l'Etat. Mediapart en publie le détail.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy donne un discours au siège de l'UMP, à Paris, le 17 janvier 2015. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Depuis un peu plus de deux ans et demi, Nicolas Sarkozy bénéficie, comme tous les anciens chefs d'Etat depuis 1985, de moyens importants accordés par l'Etat. Outre la gratuité dans tous les transports publics en première classe, et un service de sécurité, il reçoit aussi des financements qui lui permettent de travailler. Jusqu'ici, la distribution de cet argent était opaque. Le site Mediapart a publié, vendredi 16 janvier, les pièces officielles "qu'un militant de la transparence, Raymond Avrillier, a obtenues du gouvernement, après quatre mois d'attente et de recours".

"Les largesses [accordées par la République] sont estimées entre 1,5 et 2 millions d'euros annuels" pour Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac. A lui seul, l'aménagement des nouveaux bureaux de Nicolas Sarkozy, rue de Miromesnil, "dépasse les 570 000 euros". Voici le détail des dépenses.

De nouveaux bureaux

Frais de nettoyage, électricité, ordinateurs, copieurs, papier, timbres, machines à affranchir... Selon Mediapart, l'État a déboursé 215 392 euros en 2014 pour la location de ces bureaux et leur entretien. "Trois semaines après le départ [de Nicolas Sarkozy] de l’Élysée, en mai 2012, l’État français lui a payé un coffre-fort (1 016 euros), un coffre de sécurité (1 074 euros) et une armoire forte (2 073 euros)", précise le site. L'année dernière, les factures de téléphone se sont élevées à 11 119 euros pour les mobiles, et 4 720 pour des fixes.

Une voiture de fonction

Depuis mai 2012, Nicolas Sarkozy roule en C6V6 HDI Exclusive, une limousine française haut de gamme. Coût pour le contribuable: 44 141 euros, versés à un vendeur de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), cinq jours seulement après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. La voiture a été agrémentée d'un "toit ouvrant électrique" et d'un "pack lounge". "L'ancien président ne paie pas son carburant lui-même (4 046 euros par an, 5 301 euros d'entretien)."

Des collaborateurs

Cinq fonctionnaires d'État sont mis à la disposition de l'ancien président. Auxquels s'ajoutent cinq conseillers contractuels. Ce sont eux qui coûtent le plus cher à la République : ils sont rémunérés entre 5 247 euros et 7 020 euros net par mois, et "recrutés au bon vouloir de Nicolas Sarkozy". "Il est bien possible que le plus gros salaire revienne à la demi-sœur de Carla Bruni, Consuelo Remmert, 'conseillère diplomatique' chargée de vendre les conférences du patron aux banquiers et dirigeants du monde", souligne Mediapart.

Et même le blanchissage

Pour l'anecdote, on retiendra que Nicolas Sarkozy a aussi réglé certaines factures annexes avec de l'argent public, comme en 2013, "une note de 'blanchissage' de 284 euros".

Comment Nicolas Sarkozy se justifie

L'Etat n'ayant pas le droit de financer un parti, et Nicolas Sarkozy étant de nouveau président de l'UMP, le fait qu'il continue de percevoir cet argent public interroge. Ses deux activités, celle de président retraité et celle de chef de parti, sont-elles incompatibles ? "Il travaille trois jours par semaine à l'UMP et deux jours rue de Miromesnil, où sont organisés des rendez-vous non politiques avec des personnalités diplomatiques ou de la société civile, qui ne viennent pas voir le président de l'UMP mais l'ancien chef d'État", justifie Véronique Waché, sa conseillère en communication. "Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïtés", l'organisation a été "doublée" (un directeur de cabinet de chaque côté, deux secrétariats, etc.).

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