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"Nicolas Sarkozy n'a jamais été mon mentor", a affirmé François Fillon dans une interview à France 2

"Avec Nicolas Sarkozy, notre histoire, c'est l'histoire d'une alliance", a estimé le Premier ministre.Cet entretien, réalisé pour l'émission "13:15 le dimanche"consacrée à son passage à Matignon, a été diffusé ce dimanche.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
François Fillon, lors de son passage sur France 2 le 26 septembre 2010 (France 2)

"Avec Nicolas Sarkozy, notre histoire, c'est l'histoire d'une alliance", a estimé le Premier ministre.

Cet entretien, réalisé pour l'émission "13:15 le dimanche"
consacrée à son passage à Matignon, a été diffusé ce dimanche.

"Nicolas Sarkozy n'a jamais été mon mentor. J'ai fait alliance avec lui, j'ai choisi de l'aider à être président de la République et je m'en félicite tous les jours", déclare le chef du gouvernement.

"Après avoir été pendant longtemps... comment dirais-je... pas un opposant à Nicolas Sarkozy, mais enfin... dans une partie de la famille gaulliste qui était assez opposée au mode de fonctionnement et au style du président de la République, j'ai décidé, j'ai accepté, j'ai choisi de le soutenir et de faire alliance avec lui parce qu'il m'a semblé qu'il était le meilleur candidat pour gagner l'élection présidentielle", explique-t-il.

Traité un temps de simple "collaborateur" par Nicolas Sarkozy, un qualificatif qui l'avait profondément heurté, François Fillon revient aussi sur le partage des pouvoirs au sein de l'exécutif. "Je n'aurais pas accepté d'être Premier ministre si je n'avais pas été d'accord avec le projet [présidentiel, NDLR], d'ailleurs un projet que j'ai largement contribué à écrire" avec le candidat de l'UMP, dit-il.

"Le mode de fonctionnement du quinquennat - la place très importante que prend le président de la République, la place très importante que prend le Parlement du fait des réformes que nous avons introduites - rend beaucoup de choses plus difficiles que je ne l'avais imaginé", admet-il toutefois.

Quel avenir pour le chef du gouvernement ?
Au cours de son entretien à France 2, François Fillon évoque directement ses ambitions en envisageant de se fixer un "nouveau challenge". "Après Matignon, il peut y avoir une autre vie. Est-ce qu'il peut y avoir une autre vie politique ? Sûrement", avance le Premier ministre, dont le départ à l'occasion du remaniement préparé par l'Elysée est souvent évoqué.

Que fera-t-il s'il quitte son poste actuel ? "J'ai un engagement politique qui a maintenant plus de 30 ans. Je ne me vois pas (...) faire ce que j'ai vu beaucoup d'autres responsables politiques faire, c'est-à-dire, après avoir exercé des responsabilités fortes, recommencer presque en bas du terrain", répond-il.

"Je pense qu'il faut à chaque fois pouvoir se fixer un nouveau challenge", ajoute François Fillon. "Ce challenge peut être dans la politique, il peut être en dehors de la politique. Mais il faut avoir un objectif, il faut avoir envie, il faut pouvoir se dépasser. Si on ne peut pas se dépasser, alors la lassitude et l'ennui, certainement, finissent par l'emporter", dit-il encore.

Fera-t-il les frais d'un remaniement ?
Chef du gouvernement depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat en 2007, François Fillon pourrait faire les frais du remaniement. Pour autant, la question du choix de son successeur semble ne pas avoir été tranchée. Des sondages récents ont fait apparaître qu'il était le favori des personnes interrogées pour occuper Matignon après le remaniement annoncé pour novembre, avec une nette avance sur les autres figures de droite.

Plus haut dans les sondages que le président de la République et populaire au sein de la majorité, François Fillon a fait valoir pendant l'été que, "au bout de trois ans et quelques mois", il estimait n'avoir "rien à prouver".

Le 30 août, il avait dit assumer ses "différences" avec le président de la République. Il avait aussi admis qu'il n'aurait pas utilisé les mêmes mots que Nicolas Sarkozy lors du discours sur la sécurité prononcé fin juillet à Grenoble par le chef de l'Etat.

Réactions
Pour les dirigeants socialistes, vu les cotes de popularité inversées du Premier ministre et du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy est dans une situation inextricable.

Le chef de l'Etat est "pat", a estimé Jean-Christophe Cambadélis, empruntant ce terme au vocabulaire des échecs. "Il ne peut plus jouer. S'il garde François Fillon, on dira que le remaniement est un coup d'épée dans l'eau. S'il jette François Fillon, ce dernier devient immédiatement un recours" à droite, analyse le député PS de Paris.

Benoît Hamon (PS) : "Il n'est jamais trop tard pour s'émanciper, même à 56 ans", a dit lundi le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, lors de son point de presse hebdomadaire.

"Mais François Fillon ne s'émancipe pas des contenus politiques", a-t-il ajouté. "Sur le fond, François Fillon reste l'architecte ou le premier collaborateur d'une politique qu'il n'a peut-être pas inspirée, celle de Nicolas Sarkozy, mais s'il s'émancipe, c'est sur le style. Il dit peut-être plus poliment les mêmes choses que lui", a-t-il dit.

A l'UMP, pour son secrétaire général Xavier Bertrand, il "n'y avait pas de la part du Premier ministre autre chose que d'exercer sa mission". Il a fait valoir que lors des journées parlementaires UMP à Biarritz il avait entendu "un Premier ministre qui a fixé une ligne politique -continuer les réformes- et une ligne de conduite - l'unité derrière Nicolas Sarkozy-".

Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a loué dimanche le travail de François Fillon à la tête du gouvernement. A la question "François Fillon est-il le bon Premier ministre?", la ministre de l'Economie a répondu: "De mon point de vue, bien sûr, mais ce n'est pas à moi d'en juger". Elle a démenti toute brouille entre François Fillon et Nicolas Sarkozy. "Il y a une complicité de travail, une détermination collective qui les anime", a-t-elle assuré.

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