Municipales : la droite vise désormais le Grand Paris
L'ambiance était à la fête dimanche soir à la mairie de Paris. En écartant Nathalie Kosciusko-Morizet, la socialiste Anne Hidalgo a réussi à garder la capitale dans le giron de la gauche. Une victoire qui n'atténue certainement pas le sentiment de débâcle pour le PS sur le plan national. De plus, ce pourrait bien être l'arbre qui cache la forêt car "le plus beau poste d'opposition du pays ", selon les mots d'un conseiller de Paris, c'est-à-dire la présidence du futur Grand Paris, est bien partie pour revenir à la droite, au vu des résultats du second tour des élections municipales.
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La future métropole du Grand Paris, qui doit officiellement voir le jour le 1er janvier 2016, est un projet porté par le Parti socialiste depuis bien longtemps, le président de la Région Île-de-France Jean-Paul Huchon et l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoé en tête. Très concrètement, les 337 futurs postes de conseillers sont attribués selon un système : un conseiller par tranche de 25.000 habitants. Et la faible majorité de la gauche avant les élections a clairement basculé dimanche soir.
Un symbole : la Seine-Saint-Denis
C'est dans ce département de la petite couronne que la défaite de la gauche est la plus douloureuse. Malgré les réseaux et le poids ici du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, plusieurs villes ont basculé à la droite dimanche soir. Désormais, 21 villes sont dirigées par des maires de droite, et 19 par des maires de gauche.
CARTE INTERACTIVE ►►► Les villes qui ont basculé
En premier lieu, la préfecture, Bobigny , est tombée aux mains de Stéphane De Paoli, soutenu par l'UDI. La vaincue, Catherine Peyge, abandonne la mairie tenue depuis un siècle par des communistes. Cela faisait presque aussi longtemps que Saint-Ouen était dirigée par le PCF ; le divers droite William Delannoy l'a emporté dimanche soir. Dernier communiste en déroute, Didier Mignot battu par l'UMP Thierry Meignen au Blanc-Mesnil . Si l'on y ajoute la victoire de l'UMP Bruno Beschizza à Aulnay-sous-Bois , ainsi que les victoires de la droite à Livry-Gargan et Villepinte ... Des nouveaux maires comme autant de conseillers pour le futur Grand Paris.
Seule consolation pour le Parti communiste, les victoires enregistrées à Saint-Denis, Aubervilliers et Montreuil.
Vague bleue autour de Paris
Comme dans le reste du pays, la vague bleue est passée sur l'Île-de-France avec force. Les bastions de la droite sont restés aux mains de la droite, tandis que des villes importantes font figure de trésors de guerre. C'est le cas par exemple d'Argenteuil (Val-d'Oise), plus de 100.000 habitants, ou encore Eaubonne et Eragny dans le même département. Même scénario dans l'Essonne, où Palaiseau , Viry-Châtillon ou encore Les Ulis sont passées à droite. Le Parti socialiste garde cependant Evry, le fief de Manuel Valls.
La droite a conforté son statut dans deux bastions. Dans les Hauts-de-Seine, Asnières , Colombes et Fontenay-aux-Roses ont même été reprises à la gauche. Clichy-la-Garenne sauve la mise pour le PS, tandis que les communistes conservent Bagneux, Nanterre, Malakoff et Gennevilliers. Un poids certain. Enfin, dans les Yvelines, où la droite n'avait pas grand-chose à craindre, la gauche a perdu Saint-Quentin-en-Yvelines .
Batailles arithmétiques
Concrètement, cette accumulation de défaites érode singulièrement le capital des futurs conseillers PS-PC-EELV de la Métropole du Grand Paris. Selon le site Cadre de Ville, qui a compilé les résultats fournis par le ministère de l'Intérieur, l'UMP et l'UDI disposeraient désormais de près de 190 conseillers, contre 145 à la gauche et 2 sans étiquette.
Du côté de l'UMP, on jure avoir été pris de court par cette vague bleue. Du coup, les barons de la droite dans la région ne se précipitent pas pour l'instant pour venir commenter ces résultats. Seul le maire de Pavillon-sous-Bois, Philippe Dallier, a fait acte de candidature. Le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi, lui, a demandé dans un communiqué publié lundi matin, un "moratoire " sur la loi ayant créé le Grand Paris. Il écrit : "Le prochain gouvernement doit accepter de renégocier un texte plus respectueux des collectivités et des citoyens et d'écouter la colère de ceux pour qui la création d'une strate métropolitaine supplémentaire signifiait surtout plus d'impôts, plus de contraintes, plus de règlementations tatillonnes ". Et la bataille n'est pas perdue pour Nathalie Kosciusko-Morizet, battue à Paris mais qui peut entretenir des espoirs pour l'avenir. Dès l'entre-deux-tours, son conseiller politique Jérôme Peyrat affirmait que "NKM ne sera étrangère à aucun combat qui concerne les Parisiens ".
Mais attention, la gauche se raccroche à un dernier point pour espérer. Dans le deuxième ceinture parisienne, 40 communes, représentant environ un million d'habitants, disposent d'un droit d'option pour entrer dans la future Métropole. D'ici sa naissance le 1er janvier 2016, il va certainement se passer beaucoup de choses.
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