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Mort de Bernard Tapie : "Il a lutté au bout de ses forces pour essayer d'être présent" au procès du 6 octobre, témoigne son avocat

Hervé Temime a défendu Bernard Tapie dans le procès qui l'oppose au Crédit Lyonnais. Le jugement en appel de cette affaire devait être rendu mercredi mais avec la disparition de l'homme d'affaires, la procédure est arrêtée et l'action publique considérée comme éteinte.

Article rédigé par franceinfo
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L'homme d'affaires français Bernard Tapie parle à ses avocats alors qu'il quitte le palais de justice de Paris, le 21 mars 2019. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"Il a lutté au bout de ses forces pour essayer d'être présent et vivant" au procès du 6 octobre, raconte ce dimanche sur franceinfo Hervé Temime l'avocat de Bernard Tapie, décédé des suites d'un cancer. Il a défendu l'ancien homme d'affaires dans le procès qui l'oppose au Crédit Lyonnais. Le jugement en appel de cette affaire devait être rendu mercredi 6 octobre mais avec la disparition de Bernard Tapie, la procédure est arrêtée et l'action publique considérée comme éteinte. "Il croyait énormément dans le délibéré, explique son avocat. Cette relaxe que nous avons obtenue après des années de procédure a été pour lui un soulagement extraordinaire et une joie indescriptible."

franceinfo : Que savez-vous du combat qu'il menait contre la maladie ces dernières semaines, avant son dernier rendez-vous avec la justice ?

Hervé Temime : Ce que je sais, c'est qu'il a lutté au bout de ses forces pour essayer d'être présent et d'être vivant au jour de ce procès, au jour du 6 octobre. Ce que je sais aussi, c'est qu'il croyait énormément dans le délibéré qui doit être rendu. Cette relaxe que nous avons obtenue après des années de procédure a été pour lui un soulagement extraordinaire, une joie indescriptible parce que jusqu'à la fin, quoi que puisse dire après-demain [le 6 octobre] quelque juridiction que ce soit, je suis profondément convaincu qu'il a été floué dans l'affaire Adidas.

J'ai pour ma part le sentiment que quand il a été l'objet de ces poursuites dont il a été innocenté, il a eu un sentiment d'injustice décuplé et c'est une affaire qui, pendant presque un quart de siècle, c'est-à-dire plus d'un quart d'une vie, l'aura consumé. Il se sera battu comme un lion mais c'est une affaire qui l'aura vraiment totalement miné.

Quel type de client Bernard Tapie était-il ?

C'était un client tout à fait hors norme, avec lequel la relation n'avait à peu près rien à voir avec celle qu'on a avec les autres clients. On avait une relation de grande confiance. Et il ne s'ingérait pas du tout dans ce qui était en quelque sorte mon champ de compétence, c'est-à-dire la défense pénale en elle-même. Mais en revanche, il avait une liberté absolue. C'est vraiment pas quelqu'un à qui vous pouviez dire ce qu'il fallait dire au tribunal ou pas, et encore moins quelqu'un à qui il fallait dire de communiquer ou pas avec les médias.

Il était totalement maître de la communication médiatique et je pense d'ailleurs que c'est un rôle dans lequel il excellait. C'était un client avec lequel il était particulièrement agréable de travailler parce qu'il vous foutait une paix royale quand ça ne le concernait pas et en revanche, il ne s'agissait pas de lui dire quoi faire quand il considérait que ça le concernait.

Une personnalité qui allait rendre visite au procureur pour le convaincre de son innocence, c'était aussi ça, Bernard Tapie ?

Bernard Tapie, c'était un type tellement sûr de ses capacités de conviction qu'il aimait plus que tout aller convaincre ses pires détracteurs. Et puis, je vais vous dire quelque chose qui va vous surprendre. Bernard Tapie, dont on fait une présentation parfois simpliste, car c'était un homme beaucoup plus complexe sur un plan psychologique qu'on peut l'imaginer, était un grand naïf. Et je pense qu'aller voir M. de Montgolfier pour espérer le convaincre, ça lui ressemble tout à fait. C'est une tâche impossible mais il y avait une forme à la fois de grande confiance en lui et aussi de grande naïveté dans la façon dont il fonctionnait. Mais ce que je peux vous dire, c'est que c'était un type encore plus attachant que tout ce que j'entends aujourd'hui, extraordinairement attachant.

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