Accusé d'avoir fait claquer la culotte d'une journaliste, Michel Sapin nie mais reconnaît un autre "geste inapproprié"
Le ministre des Finances a estimé, mardi, que les faits n'avaient pas "la gravité d'un harcèlement ou d'une agression sexuelle".
En pleine affaire Denis Baupin, Michel Sapin tient à éviter toute "confusion" concernant des faits le concernant. Le ministre des Finances a reconnu un geste "inapproprié" mais nié tout "harcèlement ou agression sexuelle", mardi 10 mai, quelques semaines après que les auteurs d'un livre l'ont accusé d'avoir fait "claquer l'élastique" de la culotte d'une journaliste, en janvier 2015, lors du Forum de Davos (Suisse). Résumé de la polémique en cinq actes.
Acte 1 : Le livre accuse le ministre d'un geste déplacé
Dans une tribune intitulée "Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme", publiée dans Libération le 4 mai 2015, quarante femmes journalistes évoquaient, entre autres faits sexistes, "ce ministre qui, nous voyant penchées pour ramasser un stylo, ne peut retenir sa main en murmurant: 'Ah, mais qu'est-ce que vous me montrez là ?'". Mais elles ne donnaient pas le nom de cet homme politique.
Dans un livre paru le 20 avril 2016, intitulé L'Elysée Off (éd. Fayard), les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri précisent que ce ministre avait ensuite "fait claquer l'élastique de la culotte de la reporter en pantalon taille basse", et qu'il s'agissait du "locataire de Bercy". Ils désignent donc Michel Sapin comme auteur d'un geste déplacé.
Selon les auteurs du livre, le cabinet du ministre s'est défendu en déclarant : "C'était une blague potache et la journaliste a pris la mouche." Michel Sapin "ne comprend pas et est très étonné de la tournure qu'a pris l'affaire", selon une chargée de communication citée dans l'ouvrage.
Acte 2 : "Osez le féminisme" réclame la démission de Sapin
C'en est trop pour "Osez le féminisme", qui "exige", par communiqué, le 22 avril, "le départ de Michel Sapin du gouvernement". Pour l'association féministe, il "ne s’agit pas d’une 'blague potache', ni d’un 'geste déplacé', comme aurait tenté de l’expliquer un membre du cabinet de Michel Sapin ou bien comme l’indiquent certains journaux. Il s’agit d’une agression sexuelle, punie par la loi."
Elle ajoute : "Son attitude est indigne d’une fonction ministérielle, surtout quand l’un des objectifs affichés par ce gouvernement est justement de lutter contre les violences faites aux femmes."
Acte 3 : Le ministre dément l'accusation
Face à la polémique qui enfle, le ministre réagit le 22 avril. Michel Sapin "apporte un démenti catégorique aux allégations inexactes et calomnieuses contenues dans un livre publié ces derniers jours", écrit, sur Twitter, Hélène Fontanaud, une de ses conseillères en communication. Elle ajoute qu'il "se réserve le droit d'engager toute action nécessaire pour faire respecter la réalité des faits" :
#MichelSapin apporte un démenti catégorique aux allégations inexactes
— Hélène Fontanaud (@HeleneFontanaud) 22 avril 2016
et calomnieuses contenues dans un livre publié ces derniers jours1/2
#MichelSapin se réserve le droit d’engager toute action nécessaire
— Hélène Fontanaud (@HeleneFontanaud) 22 avril 2016
pour faire respecter la réalité des faits 2/2
Acte 4 : "Libération" publie une mise au point
Dernier acte : les signataires de la tribune "Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme", à l'origine de l'information développée dans L'Elysée Off appellent dans Libération à se référer à leur version des faits, sans détail ni nom, et non à celle du livre.
"Ce qui s’est réellement passé entre l’une d’entre nous et un homme politique en marge du forum économique de Davos y figure en toutes lettres et nous invitons les journalistes à se référer à cette version factuellement exacte. Elle évoquait 'un ministre qui, nous voyant penchée pour ramasser un stylo, ne peut retenir sa main en murmurant : 'Ah mais qu’est-ce que vous me montrez là ?'. Il n'y avait là ni culotte, ni string, ni élastique'", écrivent-elles.
"Nous invitons nos confrères et nos consoeurs qui souhaitent s'emparer du sujet grave que constitue le harcèlement sexuel à le faire, via des enquêtes basées sur des faits recoupés", ajoutent-elles.
Elles revendiquent par ailleurs le choix de ne pas divulguer de nom : "Cette décision nous semblait le meilleur moyen pour que notre démarche - un combat de principes - ait plus d'impact. Facile et tentant, un coup de projecteur sur un homme politique dédouane du même coup tous les autres et fausse le rapport de forces."
Acte 5 : Sapin reconnaît un geste "inapproprié"
Au lendemain de la révélation de l'affaire Denis Baupin, Michel Sapin publie, le 10 mai, un communiqué pour "apporter, en toute transparence, les précisions nécessaires", afin d'éviter tout "amalgame". Il reconnaît avoir "fait à une journaliste une remarque sur sa tenue vestimentaire" et "posé" sa main "sur son dos".
"Ces paroles et ce geste étaient inappropriés, et j'en ai été et en suis encore désolé", assure le ministre, qui précise avoir, "dans les minutes qui ont suivi" les faits, présenté ses "excuses" à la journaliste. Cette dernière lui aurait depuis dit qu'elle considérait "cette histoire réglée".
Appelant à "ramener cet épisode à sa juste valeur", Michel Sapin estime qu'il ne faut pas "les confondre avec la gravité d'un harcèlement ou d'une agression sexuelle".
Communiqué de #MichelSapin à @afpfr pic.twitter.com/hhkBt8Tju8
— Hélène Fontanaud (@HeleneFontanaud) 10 mai 2016
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