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Perquisitions à LFI : "Je ne suis pas du style à recevoir des instructions", se défend François Molins

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Article rédigé par franceinfo, France Inter - Édité par Thomas Pontillon
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L'ancien procureur de la République de Paris, qui vient de changer de poste, était l'invité de France Inter. Il est revenu sur les perquisitions au siège de La France insoumise. 

"Je crois avoir manifesté mon indépendance, je ne suis pas du style à recevoir des instructions", a déclaré sur France Inter mardi 30 octobre François Molins, ancien procureur de Paris nommé procureur général à la Cour de cassation, un des postes les plus élevés de la hiérarchie judiciaire en France. Il est revenu sur les perquisitions effectuées dans les locaux de la France insoumise et notamment chez le leader du mouvement Jean-Luc Mélenchon, qui avait qualifié ces perquisitions de "coup monté depuis l’Élysée".

"Il y a eu trois signalements"

"Cette affaire on n’est pas allés la chercher", assure François Molins. "Elle est venue au travers de trois signalements et une dénonciation. Un signalement de Tracfin, un signalement de la commission des comptes de campagne qui nous ont conduits à ouvrir deux enquêtes. Dans le cadre d’enquête financière, on a besoin de perquisitions. Il y avait un certain nombre de sites. C’était un peu compliqué à organiser."

Le procureur de Paris assure que ces perquisitions ont été tenues secrètes jusqu'au dernier moment. "Nous n’en avons parlé à personne, ni la ministre de la Justice, ni même ma procureure générale qui a été avisée par SMS le jour des perquisitions à 7h15. Le parquet de Paris était le seul avisé de tout ça avec l’Office central [de la lutte contre la corruption] et les conditions dans lesquelles cela s’est passé sont la preuve vivante de l’indépendance de la justice et son impartialité dans ce dossier", s’est défendu l’ancien procureur de Paris.

"On a fait notre travail en toute indépendance"

Les perquisitions n’ont pas été "démesurées", a-t-il affirmé pour répondre aux critiques du patron de La France insoumise. "Quand vous avez des perquisitions à réaliser sur une dizaine de sites, vous êtes obligés d’avoir un certain nombre de policiers et de magistrats" pour intervenir. Ces perquisitions ont toutes été "réalisées par un juge, un magistrat du siège". "À l’exception de celle au siège de ce parti, toutes les autres se sont déroulées sans aucun incident", a ajouté François Molins.

"On fait notre travail avec impartialité, en toute indépendance, et en réalisant des opérations dont on sait qu’elles sont indispensables à la manifestation de la vérité", a conclu le magistrat.

Plus d'une dizaine de perquisitions avaient été menées mardi 16 octobre, notamment au domicile de Jean-Luc Mélenchon, au siège de La France insoumise, dans le cadre des enquêtes préliminaires sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires et sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle 2017.

Il faut "sortir de cette culture du soupçon"

"On a progressé dans l’indépendance" du parquet grâce à la loi du 25 juillet 2013, présentée par la garde des sceaux de l’époque, Christiane Taubira et qui interdit au ministre de donner des instructions individuelles au parquet, mais, "il faut certainement aller plus loin", affirme François Molins, mais pas jusqu’à l’indépendance totale qui "poserait des problèmes", juge-t-il. 

Le lien qui existe entre le parquet et le ministère de la Justice "permet d’avoir un principe de cohérence dans l’application des politiques pénales et d’égalité du citoyen". "Il faut que sur l’ensemble du territoire national, que l’ensemble des parquets applique une politique pénale dans les grandes lignes" pour qu’il y ait "un minimum de cohérence" et assuré ainsi "une égalité entre les citoyens". "Qu’est-ce que diraient les Français si en matière de violences faites aux femmes, le parquet de Paris avait une politique particulière et que le parquet de Bayonne avait une politique tout à fait opposée ? Je pense qu’il faut une cohérence par rapport à ça", estime le magistrat.

"La politique pénale est déterminée par le ministre de la Justice et le gouvernement et puis vous avez la déclinaison des affaires individuelles" et dans ce dernier cas, il faut "que l’indépendance et l’impartialité soient assurées et qu’on arrive à sortir de cette culture du soupçon", conclut-il.

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