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Législatives : pour Patrick Mennucci, "Jean-Luc Mélenchon est assez arrangeant avec le FN"

Le député PS des Bouches-du-Rhône, Patrick Mennucci, a qualifié Jean-Luc Mélenchon de "nomade électoral" sur franceinfo après que le chef de file de la France insoumise a annoncé briguer la 4e circonscription de Marseille. Pour le député, "il a choisi une circo où il n'y a pas de risque FN".

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Luc Mélenchon et Patrick Mennucci. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Invité de franceinfo jeudi 11 mai, Patrick Mennucci, le député PS des Bouches-du-Rhône a durement critiqué le choix de Jean-Luc Mélenchon de briguer la députation dans la quatrième circonscription de Marseille, dont il est l'élu sortant. Pour Patrick Mennucci, le candidat à la présidentielle de la France insoumise, a choisi la seule circonscription de la région où le "risque FN n'existe pas". "C'est la circonscription la moins Front national de toute la région Paca", a-t-il ajouté.

Pour le député socialiste, "Jean-Luc Mélenchon est un nomade électoral" et il lui propose un débat sur les questions marseillaises mais aussi pour parler s'il le souhaite "du Venezuela et de Bachar Al-Assad".

franceinfo : Vous avez réagi durement au choix de Jean-Luc Mélenchon de se présenter dans votre circonscription. Il vous fait si peur que cela ?

Patrick Mennucci : Je ne crois pas que ce soit un problème de peur, et chacun a pu constater ma détermination. C'est simplement une surprise par rapport à ce qu'il dit, c'est la circonscription la moins Front national de toute la région Paca. C'est une circonscription où la droite, avec François Fillon, n'a fait que 10%.

Jean-Luc Mélenchon sait que, dans cette circonscription, il n'y a pas de risque Front national, et il vient là.

Patrick Mennucci

à franceinfo

C'est donc un choix qui confirme sa stratégie de ne pas appeler à voter pour le président Macron dans l'entre-deux-tours de la présidentielle. Il ne veut pas affronter le Front national. Ne le prenez pas pour quelqu'un qui fait les choses au hasard, il a tout à fait décidé d'être assez arrangeant avec le Front national. D'ailleurs j'ai vu qu'hier [mercredi], il avait reçu les félicitations de Wallerand de Saint-Just [trésorier du FN] pour son arrivée à Marseille. Alors qu'il y a une circonscription, la 3e circonscription de Marseille, où nous avons besoin de travailler ensemble pour battre le Front national, et qu'il peut gagner dans cette circonscription. Il se désintéresse absolument de ce territoire de Marseille pour venir dans un endroit où il n'y a absolument aucun risque que le député soit autre chose qu'un député de gauche. Mon sentiment aujourd'hui, c'est que Jean-Luc Mélenchon n'est pas quelqu'un qui recherche quelque chose à gauche, mais ailleurs. Il parle par exemple du peuple alors que nous parlons de la Nation. Il est dans une logique qui est à l'extérieur de ce que nous appelons la gauche, d'ailleurs il n'en parle jamais, et à aucun moment il n'emploie ce mot.

Marseille est une des villes où Jean-Luc Mélenchon a réalisé ses meilleurs scores à la présidentielle, notamment dans votre circonscription... N'y a-t-il pas une logique à se présenter ici ?

Je ne lui interdis pas et il a parfaitement le droit de se présenter où il veut. Ce que je dis, c'est que quand on change cinq fois d'implantation politique en huit ans, il y a un problème de capacité à se fixer quelque part. Jean-Luc Mélenchon est un nomade électoral, il l'assume, mais ça ne veut pas dire que moi, je n'ai pas le droit de dire qu'il est instable. Etre député, c'est bien sûr un travail que l'on fait à l'Assemblée nationale, mais c'est aussi un travail que l'on fait dans sa circonscription, avec les problématiques spécifiques et les citoyens de la circonscription.

Jean-Luc Mélenchon affirme en réponse qu'il est "partout chez lui" et qu'il est "un homme dans une odyssée" qui fait des "escales dans son existence, comme beaucoup de gens à Marseille". Que répondez-vous ?

Nous sommes tous partout chez nous, mais vous voyez bien que dans le discours de Jean-Luc Mélenchon, il y a une dimension qui est au-delà de la politique ! De quoi parle-t-on, d'odyssée ? Jean-Luc Mélenchon n'est pas le seul à être pied-noir, né en Algérie, rapatrié. Qu'est-ce que c'est cette logorrhée, cette odyssée ? C'est absolument ridicule ! Jean-Luc Mélenchon choisit de venir dans cette circonscription en sachant parfaitement qu'en y venant, il est absolument inutile dans la bataille contre la droite et le Front national. Il a pu penser que ça allait être facile, je peux vous dire que ça va être extrêmement compliqué.

Vous proposez un débat sur les dossiers spécifiquement marseillais à Jean-Luc Mélenchon. Il ne s'agit pourtant pas d'une élection municipale ?

Je vous prends un exemple. Le président Macron propose le dédoublement des classes en ZEP. Je suis très favorable à cette mesure, mais il ne faut pas s'arrêter là, et dans notre circonscription, du fait de la non construction d'école par la municipalité de Jean-Claude Gaudin, cette mesure sera inapplicable. Or, le député doit être en capacité, à l'Assemblée nationale, de travailler ces questions. De voir comment on peut obliger les municipalités à fournir les locaux pour permettre cette réforme. Est-ce que Jean-Luc Mélenchon sait combien il y a d'écoles dans cette circonscription, combien il y a d'enfants, quel est le travail que nous menons depuis des années dans cette bataille ? Moi je propose un débat à Jean-Luc Mélenchon, et pas uniquement sur les questions locales, je suis tout à fait capable de parler avec lui s'il le souhaite du Venezuela, de Bachar al-Assad, ou de ce qu'il veut. Mais je vais vous dire une chose : moi je pense que pendant la campagne présidentielle, les candidats ont des obligations médiatiques, et que les débats ne sont pas allés au bout. Je dis à Jean-Luc Mélenchon, puisque tu viens là, le débat va aller au bout, on va poser toutes les questions !

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