Régularisation des travailleurs sans-papiers : Manuel Valls estime qu'il "faut garder l'esprit de la circulaire" qui porte son nom

L'ancien Premier ministre juge une "souplesse" dans la loi nécessaire pour s'adapter aux situations. Il faut "laisser la main aux préfets", estime-t-il.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Manuel Valls, ancien Premier ministre et ancien ministre de l'Intérieur, était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 15 octobre 2023. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

"L'article 3, avec ce droit opposable [à la régularisation] ne me paraît pas indispensable", juge Manuel Valls, ancien Premier ministre et ancien ministre de l'Intérieur, sur franceinfo mercredi 8 novembre. Depuis lundi, le projet de loi asile et immigration est examiné au Sénat où la majorité, LR et centristes, a trouvé un compromis pour supprimer cet article sur les régularisations des travailleurs sans-papiers dans les métiers dits "en tension".

Les Républicains ont accepté que cet article soit remplacé par un autre prévoyant lui aussi des régularisations de travailleurs sans-papiers dans les métiers dits "en tension" mais au cas par cas, à la discrétion des préfets. "Il était, en effet, inacceptable de créer un droit opposable, permettant aux travailleurs clandestins d’obtenir automatiquement un titre de séjour", a dénoncé mardi dans un communiqué, Bruno Retailleau, sénateur de Vendée et président du groupe LR au Sénat.

"Pour gagner en efficacité contre l'immigration clandestine", Manuel Valls estime qu'il "faut garder l'esprit de la circulaire" qui porte son nom, "quitte à la modifier, y compris à la durcir". Selon l'ancien ministre de l'Intérieur, il "faut garder de la souplesse pour régler des situations, car il y a des situations insupportables concernant des travailleurs" sans-papiers. Une souplesse octroyée par la circulaire Valls, estime-t-il. "Il faut la garder et laisser la main aux préfets", considère Manuel Valls.

L'ancien locataire de la place Beauvau explique qu'en 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault n'avait pas "voulu graver dans le marbre et dans la loi cette souplesse" et ajoute que "la circulaire permet à l'État et à ses représentants sur le terrain, avec les chefs d'entreprise, avec les syndicats, les associations qui représentent l'immigration, de traiter ces questions de la manière la plus pragmatique possible".

"Supprimer totalement l'AME serait irresponsable"

Manuel Valls répète "qu'il faut trouver un accord entre le Sénat et l'Assemblée nationale, entre la majorité présidentielle et la majorité sénatoriale" sur ce projet de loi immigration, car "les Français soutiennent plutôt ce texte". Sans cet accord, estime-t-il, "il y aura encore un sentiment d'impuissance". Il développe : "Ça fait 40 ans qu'on a à peu près les mêmes politiques d'immigration. Or, on voit bien qu'il y a eu des dérives concernant le droit d'asile qu'il faut préserver."

À 200 voix pour et 136 contre, le Sénat a adopté mardi la suppression de l'aide médicale d'Etat (AME) réservée aux sans-papiers pour la transformer en "aide médicale d'urgence". Manuel Valls n'y est pas opposé. L'AME "coûte un peu plus d'un milliard d'euros par an. L'idée, comme c'est le cas dans d'autres pays, de la limiter ", sans la supprimer, tient-il à rappeler. Cette aide sera "préservée pour les maladies graves et les douleurs aiguës, la grossesse, les vaccinations, la médecine préventive". L'ancien Premier ministre considère que "supprimer totalement" l'AME "serait totalement irresponsable", car cela "pourrait diffuser toute une série de pathologies dans notre pays".

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