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"La loi sur les ondes électromagnétiques a été grandement rabotée au fil des débats"

Les députés ont adopté la loi encadrant l'exposition aux ondes. Francetv info a interrogé Janine Le Calvez, présidente de l'association Pour une réglementation des antennes-relais de téléphonie mobile (Priartem).

Article rédigé par Florian Delafoi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des techniciens installent une antenne-relais à Bordeaux (Gironde), le 13 mars 2014. (SERGE POUZET / SIPA)

C’est une première en France. Après deux ans de débats, les députés ont définitivement adopté, jeudi 29 janvier, la loi encadrant l'exposition aux ondes électromagnétiques générées par les téléphones portables, boîtiers wifi et antennes-relais. Elle inclut plusieurs mesures : l’interdiction du wifi dans les crèches, un contrôle plus poussé des lieux où le niveau d’exposition aux ondes est plus élevé ou encore une meilleure transparence dans l’installation des antennes-relais sur le territoire.

Alors que les antennes-relais se multiplient en France, cette loi aura-t-elle un réel impact ? Francetv info a interrogé Janine Le Calvez, présidente et cofondatrice de l'association Pour une réglementation des antennes-relais de téléphonie mobile (Priartem).

Francetv info : Priartem lutte depuis 2000 contre l'exposition aux ondes électromagnétiques. Cette première loi vous satisfait-elle ?

Janine Le Calvez: Il s’agit d’une première étape importante dans le cadre de la régulation du développement des technologies sans fil. Le texte, déposé par la députée écologiste Laurence Abeille, porte une attention particulière aux enfants et aux personnes souffrant d'électrohypersensibilité. Mais, au fur et à mesure des débats, il a été grandement raboté.

La loi a connu de profondes modifications lors du débat parlementaire. Est-elle toujours efficace pour limiter l’exposition des individus aux ondes électromagnétiques ?

L’adoption du texte est une réelle avancée, mais cela reste insuffisant. Le Sénat a, par exemple, grandement limité le processus de concertation qui doit s’enclencher lors de la mise en place d’antennes-relais.

Il y a aussi eu une longue discussion au Parlement au sujet des "points atypiques", c’est-à-dire les lieux où le niveau d'exposition du public aux ondes électromagnétiques "dépasse substantiellement celui généralement observé à l'échelle nationale". En définitive, les opérateurs auront six mois pour y remédier, mais sous réserve de faisabilité technique. Je crains que cette précision dans la loi ne permette aux opérateurs de ne pas répondre à leurs obligations. Ce n’est pas un bon compromis.

Les utilisateurs des technologies sans fil demandent à être toujours plus connectés. La 3G et la 4G devraient même être disponibles dans le métro parisien fin 2017. Votre message a-t-il un écho dans la société ?

Face aux opérateurs, c’est le combat du pot de terre contre le pot de fer. Il faut se battre sur le terrain scientifique et sur le terrain de l’expertise. Il est nécessaire de privilégier la santé publique face aux intérêts économiques de certains acteurs privés. Ces lobbies extrêmement puissants peuvent aussi jouer sur le chantage à l’emploi pour défendre leur position.

En tant qu’association, nous n’avons pas d’autre choix que de sensibiliser la population au danger que représentent les ondes des appareils sans fil. On pourra mesurer l’ampleur du problème dans quelques années. Mais cela va beaucoup dépendre de l’avancée de la science, comme ce fut le cas pour le tabac ou l’amiante.

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