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Rejet des primaires par les militants Les Républicains : "Ils mélangent les facteurs d'explication de la défaite de François Fillon"

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Les adhérents LR ne veulent plus des primaires : "Un bouc émissaire un peu facile"
Les adhérents LR ne veulent plus des primaires : "Un bouc émissaire un peu facile" Les adhérents LR ne veulent plus des primaires : "Un bouc émissaire un peu facile"
Article rédigé par franceinfo
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Les militants LR rejettent à 70% le principe des primaires pour désigner leur prochain candidat. Pour autant, Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques, ne croit pas que la défaite de François Fillon en disqualifie le principe.

Près de 70% des adhérents Les Républicains (LR) ne souhaitent plus de primaire pour la présidentielle, selon un "questionnaire de la refondation", auquel a eu accès franceinfo en exclusivité mercredi 27 septembre. Pour Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille 2 et chercheur au Ceraps (Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales), il n'est pourtant pas sûr que ce scrutin soit complètement écarté au sein du parti de droite. 

franceinfo : A gauche comme à droite, les partis s'étaient engagés dans un processus de démocratisation en adoptant les primaires. Avec cette consultation, on assiste plutôt un rejet des primaires ?

Rémi Lefebvre : C'est très compliqué, il faut laisser le temps se décanter. Le succès des primaires ouvertes est lié à la double victoire de François Hollande [aux primaires en 2011 et à l'élection présidentielle en 2012]. Sur la base de cette victoire, la droite s'est dit "les primaires, c'est super, ça va marcher, on va régler nos problèmes de leadership". Et puis patatras ! Ça n'a pas fonctionné. Le problème avec les primaires, c'est que quand ça ne marche pas, on les rejette. Il est normal que ces militants soient traumatisés par la défaite. La question est de savoir quel autre mode de sélection la droite pourra utiliser. Je suis assez sceptique sur le retour des vieilles méthodes strictement partisanes.

Pourquoi, selon vous, les primaires n'ont pas fonctionné ?

Cela a dans un premier temps très bien commencé. Il ne faut pas refaire l'histoire à l'aune des problèmes des derniers mois de François Fillon. Souvenons-nous de ce qui s'est passé en novembre 2016 : une énorme mobilisation des primaires avec quatre millions de participants. Une mobilisation parfaite, aucun problème logistique. François Fillon a été désigné avec un large consensus et a ensuite été présenté comme le favori. A partir de janvier, il y a eu le "Penelopegate", les révélations du Canard enchaîné et là, la machine s'est déréglée. Les primaires ont alors protégé François Fillon. Il s'est retranché derrière les primaires pour dire que sa candidature était irréversible. Les primaires ne sont pas responsables de la défaite de François Fillon, ce sont les affaires. Les militants mélangent les facteurs d'explication de cette défaite. Les primaires sont un bouc émissaire un peu facile. Je ne suis pas sûr qu'elles soient complètement congédiées. Il est peut-être un peu tôt pour en faire un bilan et pour trouver une alternative à ce mode de sélection du candidat. Les primaires posent toute une série de problèmes. Elles exacerbent la division, elles contribuent aussi à produire de l'union quand ça fonctionne bien. Les choses sont ouvertes.

La droite est venue tard à ces primaires. Il a fallu convaincre les militants qui y voyaient une entorse à la tradition gaulliste.

La droite a quand même inventé les primaires, c'est [Charles], Pasqua qui les avait développées dans les années 1990 ! Mais c'est vrai que les primaires, néanmoins, vont à l'opposé de cette culture bonapartiste du chef à droite où il n'y a pas de culture de pluralisme. Chez certains militants, il y a l'idée qu'il faut revenir à un modèle un peu caporaliste avec un leadership fort. Le problème aujourd'hui, c'est de savoir si la droite va produire un leadership fort dans les mois qui viennent. Comment produire un leader avec des procédures démocratiques qui fassent autorité dans le parti ? Ce n'est pas simple. Je ne pense pas qu'on reviendra au leadership naturel. Il n'y a plus de leadership naturel à droite. Il y a beaucoup de prétendants. L'articulation entre le leader du parti qui serait le candidat naturel à la présidentielle, ça ne fonctionne plus. Est-ce que ça peut à nouveau fonctionner ? On verra.

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