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Primaire à droite : qui a peur de la fraude ?

Le souvenir de 2012 et de l'élection, émaillée de fraudes, de la présidence de l'UMP est encore dans toutes les têtes. Les organisateurs de la primaire à droite ont pris un maximum de précautions pour ce scrutin. 

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les candidats à la primaire à droite, réunis pour le débat du 13 octobre 2016. (PHILIPPE WOJAZER / POOL)

La confiance règne... Dimanche soir, dans les 10 228 bureaux de vote, le dépouillement du premier tour de la primaire à droite donnera lieu à plusieurs décomptes : celui réalisé par la Haute autorité, mais aussi ceux effectués parallèlement par les représentants des candidats, notamment d'Alain Juppé ou de Bruno Le Maire.

Leurs équipes organisent leur propre remontée de résultats, depuis les bureaux de vote vers les QG parisiens, où ils seront totalisés. "Très clairement, on préfère avoir un deuxième regard. Si jamais on a des résultats différents de ceux de la Haute autorité, on ira chercher l'origine des divergences. On est vigilant parce qu'il faut l'être", dit-on chez Bruno Le Maire. "Mieux vaut prévenir que guérir."

Les multiples contestations de 2012

A cinq jours du premier tour de la primaire à droite, les états-majors des candidats surveillent de près la préparation du scrutin. Objectif : éviter la fraude qui avait entaché l'élection du président de l'UMP en 2012. "Tout a été fait pour empêcher les fraudes, mais elles restent possibles dans tout système de vote". C'est l'entourage d'Alain Juppé qui l'affirme, et sa phrase reflète l'état d'esprit de tous les candidats à la primaire. Il y a un mois, chez Bruno Le Maire, on assurait vouloir "surveiller de près certains bureaux, par exemple dans les Alpes-Maritimes", théâtre en 2012 de multiples contestations. 

Comme le révèle RTL, l'équipe de campagne de François Fillon a déployé les grand moyens avec un mémo "anti-fraude" et une vidéo pour appeler les militants à la vigilance. Par ailleurs, une hotline va être mise en place toute la journée de dimanche, à la fois pour répondre à des soucis d'organisation et pour signaler d'éventuels incidents plus graves: "Il peut exister sur un territoire des malveillances, l'organisation est là pour les limiter, et aujourd'hui nous ne l'imaginons pas", dit Jérôme Chartier, porte-parole du candidat.

Les procurations interdites

Les organisateurs prennent en tout cas la tâche très au sérieux. Isabelle Le Callennec, député filloniste, préside le comité d'organisation en Ille-et-Vilaine. "J'ai demandé aux présidents de bureaux de faire des répétitions avec les assesseurs, pour que le processus soit bien maîtrisé. C'est une compétition, tout le monde a envie de gagner, et on a prouvé par le passé que la fraude pouvait exister ! On veut que ça se passe bien." Les organisateurs de la primaire ont d'ailleurs adressé une vidéo explicative particulièrement détaillée aux présidents de bureaux.

Il faut dire que la Haute autorité de la primaire a tout fait pour limiter au maximum le risque de fraude. D'abord, en interdisant les procurations, identifiées comme un élément clef de la triche de 2012. Ensuite, la procédure au moment du vote doit respecter un déroulé très précis. Avant de pouvoir voter, chaque électeur devra signer la charte d'adhésion aux valeurs de la droite et verser deux euros. Il signera aussi le classique registre d'émargement après le vote. Ce qui signifie qu'il y aura deux listes à comptabiliser le soir venu, ainsi que la tirelire qui devrait contenir une somme égale au double du nombre de votants.

"On joue à se faire peur"

Au moment du dépouillement également, la procédure est particulièrement stricte. Une fois tous les bulletins dépouillés et totalisés, le président de chaque bureau transmet les résultats à la Haute autorité. Celle-ci renvoie ces résultats aux assesseurs présents dans le bureau. Ils ont trente minutes pour lui confirmer (ou infimer) les chiffres. Ensuite seulement, la Haute autorité les rendra publics.

L'organisateur de la primaire, Thierry Solère, fait aussi une observation très prosaïque : "Dans les bureaux, il y aura des représentants de plusieurs candidats, qui ne défendent pas le même intérêt. Ils ne peuvent donc pas tricher en même temps". Pour être sûrs que leurs intérêts soient préservés dans chacun des 10 228 bureaux de vote, les juppéistes et les fillonistes se sont coordonnés afin qu'il y ait un représentant de l'un ou de l'autre dans tous les bureaux . "On a regardé ce qu'on pouvait mettre en commun, on a fait en sorte d'optimiser", dit la direction de campagne d'Alain Juppé. On remarquera au passage que les juppéistes ne sont pas allés voir les sarkozystes.

"On joue à se faire peur", relativise Benoist Apparu, porte-parole d'Alain Juppé. "La primaire n'a rien à voir avec l'élection interne de 2012. Sur une élection à trois millions de votants, il faudrait faire bouger 100 000 votes pour que la fraude ait un impact. A répartir entre une centaine de bureaux pour que cela ne se voit pas. C'est impossible.

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