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Les musulmans ne veulent pas servir de "boucs émissaires dans cette campagne"

Après Richard Prasquier, responsable de la communauté juive, Mohammed Moussaoui, un des dirigeants de la communauté musulmane a dénoncé, mardi 6 mars, l'instrumentalisation dont fait l'objet la polémique sur les méthodes d'abattage des animaux.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nicolas Sarkozy à Rungis le 21 février 2012 (FTV)

Après Richard Prasquier, responsable de la communauté juive, Mohammed Moussaoui, un des dirigeants de la communauté musulmane a dénoncé, mardi 6 mars, l'instrumentalisation dont fait l'objet la polémique sur les méthodes d'abattage des animaux.

Après le Crif, le CFCM. A la suite de Richard Prasquier, lundi 5 mars dans la soirée, c'est Mohammed Moussaoui, mardi matin, qui a marqué son étonnement devant les propos de l'exécutif sur la viande halal ainsi que l'étiquettage selon les méthodes d'abattage ou l'abandon des "traditions ancestrales";

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) "ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne", a indiqué à l'AFP son président, interrogé sur les propos sur l'alimentation halal de Nicolas Sarkozy et de François Fillon;

Cette déclaration de M. Moussaoui intervient au lendemain de celle du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), M. Prasquier, "choqué" par la déclaration "stupéfiante" du premier ministre qui a suggéré de revenir sur les "traditions ancestrales" d'abattage rituel des animaux.

Pour sa part, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, estime que ce débat sur la viande halal et casher "n'a pas lieu d'être". Il se dit très "gêné" par les déclarations de M. Fillon, dans une interview à La Chaîne parlementaire (LCP) qui sera diffusée dimanche.

Une polémique lancée par Marine Le Pen

Cette polémique sur la viande halal, qui a été lancée par Marine Le Pen le 19 février, continue de "nourrir" la campagne présidentielle plus de 15 jours après.

La candidate du Front national avait alors affirmé, en choisissant scrupuleusement ses mots : "100% de la viande abattue en Ile-de-France est halal, 100% de la viande distribuée est suspecte d'avoir été abattue selon un rituel religieux, et moi, je ne suis pas de cette religion".

En réponse, le président de la République, candidat depuis quelques jours, s'était rendu aux aurores au marché d'intérêt national (MIN) de Rungis, pour dire qu'il y a "200 000 tonnes de viande consommées en Ile-de-France" et que sur sur total "2,5% sont halal et casher".

François Fillon surrenchérit

Est-il nécéssaire de faire "une polémique" sur quelque chose "qui n'a pas pas lieu d'être", s'était interrogé M. Sarkozy.

Moyennant quoi, se fondant apparemment sur un sondage non identifié qui placerait la question de la viande halal parmi les premières préoccupations des Français, le candidat de l'UMP a rebondi sur le sujet, samedi 3 mars à Bordeaux, en proposant une étiquettage différencié selon les formes d'abattage.

Et son Premier ministre a surrenchéri, lundi 5 mars sur Europe 1, en préconisant un abandon des "traditions ancestrales" d'abattage qui, selon lui, sont dépassées. M. Fillon visait ainsi autant la viande halal que la viande casher qui sont consommées par les musulmans et les juifs respectueux de leurs rites religieux.

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