Les écologistes doivent composer avec leurs alliés socialistes malgré leurs divergences
Noël Mamère a finalement accepté mardi 3 juillet de voter la confiance à Jean-Marc Ayrault. Il dénonçait jusqu'à présent le projet de générateur nucléaire Astrid. Francetv fait le point sur les récentes déconvenues de l'alliance PS-EELV.
Noël Mamère a annoncé mardi en fin de journée qu'il allait finalement voter la confiance au Premier ministre, ayant reçu des assurances du gouvernement sur le projet de réacteur nucléaire Astrid. Une couleuvre de moins à avaler pour les écologistes.
"Sur la question Astrid, qui me posait problème pour voter la confiance, nous avons obtenu de [Delphine] Batho (la nouvelle ministre de l'Ecologie, ndlr) qu'elle reçoive les parlementaires écologistes, et le cabinet du Premier ministre vient de me confirmer que cette question sera introduite dans la conférence de septembre", a-t-il expliqué.
"Dans ces conditions, les réserves que j'avais émises sont levées, a-t-il ajouté. J'accorde au gouvernement et au Premier ministre le bénéfice de la bonne foi plutôt que celui du doute et je rejoindrai le groupe écologiste pour voter la confiance".
Le député de Gironde avait pourtant réaffirmé mardi sur France Info qu'il n'avait pas l'intention de voter la confiance au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. En cause, le projet de générateur nucléaire Astrid et l'éviction de Nicole Bricq du ministère de l'Ecologie.
"Pour ce qui me concerne, la confiance ne se décrète pas, a lancé Noël Mamère, député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Gironde. Depuis un bon mois, nous avons subi un certain nombre de coups que je considère comme de mauvais signaux".
"Je n'ai pas l'intention de voter la confiance au gouvernement, je suis plutôt sur une position d'abstention", a-t-il ajouté, alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'apprête à faire sa déclaration de politique générale.
Il faut dire que le groupe écologiste s'est désolidarisé lundi de la rébellion de Noël Mamère. Pour la co-présidente du groupe EELV à l'Assemblée nationale, Barbara Pompili, cette ruade n'est qu'une "prise de position personnelle".
La député de la Somme a précisé au passage que son groupe votera la confiance au gouvernement. "Nous sommes membres à part entière de la majorité gouvernementale", a-t-elle souligné.
Le nucléaire, point d'achoppement
Mais le député et maire de Bègles (Gironde) n'entend pas se soumettre à la solidarité gouvernementale, malgré la présence de deux ministres écologistes au gouvernement.
Pour lui, plusieurs "mauvais signaux" ont été envoyés par la nouvelle majorité. "Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu'on doit payer au prix du silence et de la soumission nos maroquins au gouvernement et notre groupe à l'Assemblée", a-t-il tranché.
En cause, la mise en oeuvre d'"un nouveau surgénérateur à l'image de Superphénix", Astrid. Ce projet de réacteur de quatrième génération fonctionnant au plutonium "recyclé" a été validé en 2010. Or, en novembre 2011, le Parti socialiste et EELV ont signé un accord programmatique dans lequel il est précisé qu'"aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié", rappelle Le Monde.
Dans un communiqué publié lundi, le groupe écologiste a tout de même demandé à la nouvelle ministre de l'écologie de ne pas initier le projet et de le suspendre d'ici la nouvelle loi d'orientation sur l'énergie issue du débat national annoncé à l'automne.
L'écologie à la trappe ?
Autre déconvenue, l'éviction de Nicole Bricq du portefeuille de l'écologie par Jean-Marc Ayrault la semaine dernière.
Appréciée des milieux de défense de l'environnement pour son combat contre le gaz de schiste et sensible aux positions des antinucléaristes, elle a surpris le gouvernement en se disant déterminée à modifier en profondeur le système des forages en France et remettre à plat le "code minier".
Une situation difficile à gérer pour le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, qui a donc préféré la placer au ministère des Finances. Du côté des écologistes, la décision a du mal à passer. Mais l'ancienne secrétaire nationale du parti, Cécile Duflot, a toutefois tenu à minimiser.
"On a échangé très brièvement [avec Mme Bricq, ndlr] à l'occasion du Conseil des ministres (...) elle m'a dit qu'elle avait eu une promotion", a-t-elle affirmé la semaine dernière lors de l'émission Le grand jury (RTL/LCI/Le Figaro).
"Il ne faut pas que le PS se laisse bercer par l'ivresse de l'hégémonie"
Les tensions entre socialistes et écologistes se sont encore exacerbées avec le refus des députés de la majorité de donner à EELV la présidence de la commission du développement durable la semaine dernière.
Celle-ci semblait pourtant réservée à Denis Baupin. Le député EELV de Paris avait officié pendant quatre ans à la mairie de Paris en tant qu'adjoint au développement durable. Frustré, celui-ci a dénoncé "un accord non respecté".
En retour, les écologistes ont manifesté leur désappointement en annonçant vouloir voter blanc à l'élection du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, poussant les socialistes à leur proposer une vice-présidence de l'Assemblée et la présidence de la commission aux Affaires européennes.
Lors de clash, l'un des écologistes les plus virulents a de nouveau été… Noël Mamère. "Nous réagissons très mal, a-t-il souligné. Il ne faut pas que le PS se laisse bercer par l'ivresse de l'hégémonie. Ça fait beaucoup après l'épisode de Bricq."
Mais avec deux ministres écologistes au gouvernement, les députés EELV sont pris entre leur devoir de solidarité gouvernementale, en tant qu'alliés à la majorité, et leur traditionnelle virulence les conduisant à vouloir faire de la politique autrement.
Leurs chances d'avaler l'une des couleuvres socialistes de travers augmentent de déconvenues en déconvenues.
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