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Les banlieues veulent s'inviter dans la campagne

Mercredi 22 février, le collectif AClefeu a rebaptisé un hôtel particulier de Paris en "ministère de la crise des banlieues". Une manière de sensibiliser les candidats au sort des quartiers populaires oublié dans la campagne. Est-ce vraiment exact ?
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
"le ministère de la crise des banlieues" à Paris (Thomas Samson (AFP))

Mercredi 22 février, le collectif AClefeu a rebaptisé un hôtel particulier de Paris en "ministère de la crise des banlieues". Une manière de sensibiliser les candidats au sort des quartiers populaires oublié dans la campagne. Est-ce vraiment exact ?

Depuis hier, le collectif AClefeu, occupe un hôtel particulier dans le Marais, quartier historique de Paris. L'association de Clichy-sous-bois, née après les émeutes de 2005, l'a rebaptisé en "ministère de la crise dans les banlieues". Elle estime, en effet, que la question des quartiers dits "difficiles ou populaires" n'est passez présente dans la campagne.

La grande absente ?

Ce constat est partagé par Yazid Sabeg , commissaire à la diversité et à l'égalité des chances. "La question des banlieues est absente des programmes, des intentions des candidats et des débats médiatiques. C'est un état de vacuité tragique (...). Personne parmi les candidats ne porte la parole des quartiers ou ne s'en fait l'écho", déclare t-il à l'AFP.

Est-ce vraiment juste ? Est-ce vraiment nouveau ? Déjà en 2007, l'association avait fait signer à certains candidats un "contrat social et citoyen". Cinq ans après, la problématique est toujours la même : faut-il avoir un programme spécifique pour les banlieues et le faire savoir? Ou bien celles-çi doivent-elles être prises en compte dans les mesures concernant le logement ou l'emploi, au risque de devenir invisibles ?

Offensive d'Hollande

François Hollande a rendu visite, ce matin, à l'éphémère ministère, rue Geoffroy Lasnier. "Je viens pour qu'on ait le temps d'un dialogue et après le temps d'une action qui j'espère mobilisera largement les quartiers. Aucun territoire ne doit être délaissé, aucun citoyen ne doit être abandonné. Depuis hélas cinq ans, c'est le sentiment qui s'est installé", a déclaré le candidat socialiste.

dans le Val-de-Marne. Il a précisé quelques une de ses mesures pour les quartiers populaires. Il souhaite instaurer de nouvelles règles favorisant l'habitat social et promet que la plupart des 150.000 emplois d'avenir seront réservées aux habitants des quartiers populaires. Il promet également de maintenir les services publis dans ces zones. Autant de propostions éparpillées mais qui n'apparaissent pas spécifiquement sous un chapître étiqueté "banlieue".

"Récupération politique"

Une visite qualifiée de récupération politique par Camille Bedin, militante de droite à Nanterre, qui appuie son argument sur le fait que l'hôtel particulier a été prêté par la mairie de Paris. Cette jeune secrétaire national de l'UMP vient de publier un livre intitulé "Pourquoi les banlieues sont de droite". Pour elle, "la gauche a abandonné les banlieues, se contentant d'en faire un réceptacle des subventions publiques et la droite ne se sent pas légitime pour en parler sinon sur la sécurité".

"BIen sûr qu'il faut parler des banlieues pendant la campagne parce que ce sont des territoires où il y a des probèmes, mais les solutions qu'on peut y apporter ,elles, concernent tout le monde", explique-t-elle. Mlle Bedin cite en exemple l'autonomie des établissements scolaires, idée dont elle espère qu'elle soit reprise par Nicolas Sarkozy.

François Bayrou , aujourd'hui était en visite dans les Hauts -de-Seine à Genevilliers et Villeneuve la Garenne, zone populaires du département. Dimanche sur France 3, le candidat du MoDem a avancé l'idée de la création d'un ministère de l'égalité qui traiterait aussi de la question de celle entre territoireset leurs habitants. Il reprend une idée déjà esquissée en 2007 : obliger le représentant de l'Etat dans les quartiers à y vivre.

Abstentionnisme

Il n'est donc pas tout à fait juste de dire que la banlieue n'est pas présente dans la campagne. Il y a un effet d'agenda. Les candidats font souvent des déplacements en banlieue parisienne à la fin de la campagne car cela s'adapte mieux à leur emploi du temps.C'est à ce moment que sont évoquées, en général, les problématiques des cités. Mais, il est vrai que parler des banlieues n'est pas forcément payant électoralement. La Seine-Saint -Denis est le département le plus abstentionniste de la France, même si en 2007, Ségolène Royal avait fait un excellent score dans les cités.

Bref, les politiques sont piégés dans l'éternel paradoxe sur le traitement des banlieues. Ils n'en parlent pas et on les accusera d'en mépriser les habitants. Ils l'évoquent de façon spécifique et on leur reprochera de les stigmatiser

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