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Les artistes de Fréjus priés par la mairie FN de s'occuper des enfants

La municipalité FN de Fréjus compte demander aux artistes et aux artisans d'art qui occupent des locaux à loyer modérés en ville d'assurer en plus bénévolement l'accueil d'enfants de maternelle et de primaire au motif qu'"il y a un minimum de retour". Les artistes se disent surpris et inquiets. Ils soulignent qu'ils contribuent au label "ville d'art et histoire".
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le maire de Fréjus, David Rachline envisage de demander à des artistes aidés par la ville de faire de l'accueil d'enfants en contrepartie © Maxppp)

Les choses sont "extrêmement simples ", estime David Rachline, le sénateur-maire FN de Fréjus : "La ville finance en grande partie le loyer d'un certain nombre de ces dames et messieurs (...) Il y a un minimum de retour (...). Le débat va s'arrêter ici: soit cela se passe bien et tout le monde est d'accord pour participer, soit je mets un terme à cette histoire où l'on paye des loyers à tout le monde. Voilà donc c'est clair, comme cela je l'aurai dit publiquement ", explique-t-il dans un enregistrement dont l'AFP a eu copie. Et le "minimum de retour" consiste pour les artistes et les artisans d'art qui bénéficient de locaux dans la vieille ville pour un loyer modéré - 2,50 euros le mètre carré - à accueillir des enfants de primaire et de maternelle dans leurs ateliers, dans le cadre de l'aménagement des rythmes scolaires.

"En retour, on attend qu'ils contribuent à la vie culturelle et artistique de Fréjus "

"Chacun a des droits et des devoirs ", indique Richard Sert, premier adjoint à la mairie de Fréjus. "Ces artistes bénéficient de conditions d'occupation très favorables avec des loyers modiques, pour ne pas dire plus. En retour, on attend qu'ils contribuent à la vie culturelle et artistique de Fréjus ". Pour ce faire, la municipalité envisage de modifier la convention d'occupation des lieux, qui arrive à échéance le 30 juin, pour y faire figurer l'obligation de participer à des animations pédagogiques municipales de 16h30 à 18h dans les locaux en question. Rien de plus légal.

"Comment s'engager de la sorte alors que nous devons souvent nous absenter pour participer à des expositions ou tout simplement faire notre travail ? "

Pourtant, les intéressés tombent des nues. Se défendant de ne pas aimer les enfants ou de refuser de s'en occuper, ils s'insurgent contre le procédé : "La municipalité a décidé de nous faire travailler à l'oeil, ils veulent qu'on garde les enfants gratuitement ! ", s'insurge Olivier Isselin, photographe d'art, qui envisage du coup d'aller montrer ses clichés ailleurs. "Le problème, c'est que nous ne sommes pas formés à l'accueil d'enfants aussi petits, souligne-t-il. Et comment s'engager de la sorte alors que nous devons souvent nous absenter pour participer à des expositions ou tout simplement faire notre travail ? "

Qui va payer les animations ?

Ce à quoi la mairie réplique qu'ils le font déjà, mais dans une commune voisine : "Certains d'entre eux participent déjà à des activités périscolaires au profit de la commune voisine de Puget-sur-Argens ". "Exact ", répond Emmanuel Bonnemain, l'avocat engagé par les artistes. "Exact, relève Me Bonnemain, mais en échange d'un revenu de 25 euros de l'heure, et avec un accueil des enfants qui se fait dans les écoles, et sous la responsabilité des chefs d'établissement ". Il souligne que la plupart des locataires sont dans une "situation financière délicate ". "Là, on leur impose une charge supplémentaire, puisqu'ils vont travailler bénévolement sur leur temps de création. Il est prévu aussi que les enfants soient accueillis dans les locaux des artistes. Mais qui va payer l'assurance et le matériel que les scolaires vont bien devoir utiliser ? "

"C'est grâce à ce circuit que Fréjus a le label de ville d'art et d'histoire "

Pour lui, ces 15 artistes et artisans regroupés avec d'autres au sein d'un "circuit des métiers d'art" permettent à la ville de bénéficier d'une autre forme de retombées que le service direct à la population : "C'est grâce à ce circuit que Fréjus a le label de ville d'art et d'histoire, un label qui permet de classer l'office du tourisme en catégorie 4 étoiles et donc, sur les plages de la ville, d'obtenir le droit d'installer des installations démontables mais qui ne sont en fait pas démontées ". 

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