Les accusations de Bourgi : pourquoi aujourd'hui ?
Les accusations de Robert Bourgi à l'encontre de la présidence Chirac tombent en plein procès des emplois fictifs de la mairie de Paris et quelque jours avant la décision de la cour d'appel dans le procès Clearstream visant Dominique de Villepin
Mis en cause par l'avocat de la Franceafrique, Robert Bourgi, Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont annoncé dimanche à tour de rôle qu'ils allaient déposer plainte en diffamation. Sur France 2, Dominique de Villepin, qui fut tour à tour secrétaire général de l'Elysée, ministre et Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac, a réagi dimanche en parlant d'accusations "indignes" et "mensongères".
Voir l'interview de Dominique de Villepin sur France 2, le 11 septembre 2011
Maître William Bourdon, avocat de Transparency International France et président de l'association Sherpa, qui s'est notamment illustré dans la lutte contre les biens mal acquis, a réagi disant avoir "la nausée" : pour lui, le "moment choisi" est révélateur d'une "logique de règlement de comptes", en raison du procès Chirac en cours. "Le fait que M. Bourgi exonère Nicolas Sarkozy de toute responsabilité ne ma paraît pas crédible", ajoute l'avocat spécialiste des affaires franco-africaines.
Robert Bourgi a confirmé dimanche sur RTL les accusations qu'il formule dans le JDD. "Je remettais l'argent, de 1995 jusqu'en 2005, et je disais aux destinataires, soit au président de la République, M. Chirac, soit à M. de Villepin, il y a trois, quatre, cinq millions de dollars", a dit l'avocat. "Ce que devenait cet argent, je l'ignore. De trace, il n'y en a pas." Il prétend vouloir "tourner la page du passé, un passé dont je ne suis pas très fier" et soutient se "tenir à la disposition d'un juge".
L'avocat à l'origine de ces déclarations fracassantes est le dernier grand acteur de la "Françafrique", une relation privilégiée entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique noire reposant sur des réseaux d'influence. Cet homme de 66 ans d'origine libanaise, né à Dakar, a été jusqu'en 2005 un discret "Monsieur Afrique" officieux de Jacques Chirac à l'Elysée avant de rallier Nicolas Sarkozy, qui lui a remis la Légion d'honneur fin 2007.
Voir l'interview de Robert Bourgi sur Europe 1, le 12 septembre 2011
Henri Guaino, conseiller spécial du président Sarkozy, a démenti dimanche que Robert Bourgi soit un conseiller de Nicolas Sarkozy. "Il est ce que vous voulez mais il n'est pas conseiller du président de la République", a-t-il dit en marge d'une réunion de l'UMP à Nice.
Autre proche de Nicolas Sarkozy, l'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, relève pour sa part que les accusations de l'avocat "portent sur une période définie qui indique bien que cela ne concerne en aucun cas Nicolas Sarkozy". Roger Bourgi lui-même affirme que Nicolas Sarkozy n'est mêlé en rien aux versements effectués par les chefs d'Etat africains.
Alors que l'opposition réclame une enquête et que l'UMP demande des preuves, le parquet de Paris n'a, pour l'heure, pas ouvert d'enquête.
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