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Législatives : Stéphane Le Foll tente de faire basculer le fief de François Fillon

Il joue sa place au gouvernement. Dans la Sarthe, fief de François Fillon, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll tente de faire basculer la 4e circonscription face au dauphin de l’ancien Premier ministre. Un match plein de symboles. Reportage
Article rédigé par Sébastien Tronche, Hervé Pozzo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Stéphane Le Foll en campagne pour les élections législatives à Sablé-sur-Sarthe. (HP)

Il joue sa place au gouvernement. Dans la Sarthe, fief de François Fillon, le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll tente de faire basculer la 4e circonscription face au dauphin de l'ancien Premier ministre. Un match plein de symboles. Reportage

Envoyé spécial, dans la Sarthe- Charlotte sur la tête, une mèche rebelle qui dépasse, blouse blanche sur le dos, Stéphane Le Foll visite la biscuiterie La Sablésienne après une "déambulation" à la manière d'un François Hollande dont il était le responsable de l'organisation de la campagne présidentielle.

Une visite qui fait la fierté de la gérante de cette petite entreprise. "C'est la première fois que l'on reçoit un membre du gouvernement", confie Amélie Loret, "contente" et "fière" d'accueillir le candidat socialiste dans la 4e circonscription de la Sarthe par un mini-buffet et un petit film présentant la réussite de sa PME.

Stéphane Le Foll visite une biscuiterie à Sablé-sur-Sarthe, jeudi 7 juin. (ST)

Terre de droite depuis 1958

Ce jeudi 7 juin, le ministre de l'agriculture achève sa campagne législative à Sablé-sur-Sarthe. Le lieu n'est pas anodin. L'accueil est bon et chaleureux pour l'ancien bras droit de François Hollande dans ce fief de François Fillon et commune dont son adversaire de l'UMP Marc Joulaud est maire. Tout un symbole.

Battu deux fois, en 2002 et 2007, par un François Fillon élu dès le premier tour dans cette circonscription à cheval entre le Mans urbain et un arrière-pays rural et agricole, le ministre de l'agriculture laboure cette terre de droite depuis 1958. Une défaite lui coûterait son maroquin, selon le précepte dicté par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

A-t-il alors hésité à se présenter ? Il avait décidé d'être candidat avant d'être ministre et "avant même que Fillon soit candidat à Paris" alors, parce qu'il vit "dans la Sarthe depuis 50 ans", il a décidé de maintenir sa candidature "par respect pour les Sarthois".

Mais aussi parce que contexte a évolué et que l'horizon d'une victoire s'est dégagé dans une circonscription dont l'électorat glisse à gauche. Depuis 2004. Alors, il veut enfoncer le clou en arpentant, sous une pluie vorace, chemise ouverte sans cravate, les rues de Sablé comme l'avait fait Jacques Auxiette remportant la région Pays de la Loire face à… François Fillon.

Le Foll : "Demandez à Rachida Dati"

"Il y a une symbolique qui est normale, consent M. Auxiette. En 2004, j'ai succédé à Fillon et j'avais fait le même trajet, le même parcours, accompagné d'Elisabeth Guigou et de Stéphane Le Foll."

Jacques Auxiette (à gauche) est venu soutenir Stéphane Le Foll. (ST)

Au-delà des symboles, les chiffres plaident pour Stéphane Le Foll, fort d'une notoriété nouvelle due à son entrée au gouvernement. Un récent sondage –qu'il relativise : "Il y a deux mi-temps, le 10 et 17 juin. Rien n'est jamais gagné d'avance"- l'a donné vainqueur avec 53% au second tour, un score équivalent à celui obtenu par le candidat socialiste à l'élection présidentielle. Preuves que la gauche peut espérer faire basculer la circonscription.

Cette évolution de l'électorat explique-t-elle selon lui le départ de François Fillon pour Paris ? "Demandez à Rachita Dati, elle vous répondra", nous glisse le ministre en campagne, l'œil malicieux, à la terrasse du café Le Globe, en centre-ville de Sablé.

Marc Joulaud et les deux ministres

"Il avait décidé de se présenter à Paris bien avant la présidentielle", rectifie Marc Joulaud, dauphin de François Fillon venu le soutenir trois jours plus tôt et qui siège à l'Assemblée nationale depuis 2002 en tant que suppléant du nouveau candidat à la députation à Paris.

"On a toujours vécu avec lui mais on savait qu'un jour ou l'autre il partirait. Il a évolué. Peut-être sera-t-il président un jour, on ne sait jamais", nous raconte quelques heures plus tard Marc Ledru, ancien agriculteur et militant UMP, invité, comme une dizaine d'autres militants, à visiter l'entreprise Cosnet, usine de fabrication de matériel agricole de Coulans-sur-Gée, avec leur candidat.

Marc Joulaud (à gauche) et Emmanuel Franco (à droite) visitent l'usine Cosnet. (ST)

Pour Marc Joulaud, c'est une première. La première fois qu'il est candidat en son nom. Une campagne délicate, démarquée très tôt de celle de Nicolas Sarkozy et coincée entre un ancien Premier ministre et un nouveau membre du gouvernement.

Attaques concentrées contre la suppléante de Le Foll

"Les Sarthois veulent garder leur ministre mais aussi leur député", explique le suppléant Emmanuel Franco. "Succéder à un ministre contre un autre ministre, ça n'est pas évident", concède le candidat.

Alors, pour tenter de conserver cette députation, ce duo de maires UMP –"qui vit la campagne à fond"- précise qu'ils ont reçu le soutien de 42 maires de la circonscription. Même des maires du Front de gauche, ajoutent-ils, précisant que la compétition avec le candidat socialiste est cordiale, respectueuse. Sans petite phrase. "Quand on l'a croisé sur le marché de la Suze, on l'a félicité pour sa nomination au gouvernement", argumente l'équipe de campagne.

Pourtant, ils attaquent leur adversaire sur sa suppléante, Sylvie Tolmont. Car c'est elle qui sera amenée à siéger en lieu et place de Stéphane Le Foll si celui-ci reste au gouvernement. "C'est de bonne guerre de l'attaquer sur ce point", sourit Emmanuel Franco entre deux chaines de montage de l'usine qu'il visite. "Elle a certainement des qualités mais pas la légitimité", ajoute-t-il.

Un argumentaire repris par le candidat du Front national, l'avocat Henri Delaune. "Oublie-t-on que c'est sa suppléante, Sylvie Tolmont, qui siégera à sa place s'il est élu ?" fait-il valoir, interrogé par la Nouvelle République, espérant troubler les règles du jeu par une triangulaire.

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