Le retour de Nicolas Sarkozy raillé à gauche et à l'extrême droite
C'est donc par une déclaration sur le réseau social Facebook que Nicolas Sarkozy a officialisé vendredi sa candidature pour la Présidence de l'UMP, le parti où il promet de tout changer. Un retour attendu et largement commenté de l’extrême droite à l’extrême gauche de l’échiquier politique. Si à l’UMP l’accueil de cette annonce est globalement enthousiaste, au sein de la majorité et à l’extrême droite, elle suscite les railleries et parfois l’indignation.
Au PS : "Son bilan, ce sera son boulet "
"Il n'échappera pas à son bilan, ce sera son boulet. Il n'échappera pas à la compétition dans son camp et au-delà. Il n'échappera pas à la question : 'Que propose-t-il, et pourquoi ne l'a-t-il pas fait en son temps?'. "A-t-il changé? Nous en doutons. Son texte, ponctué de vingt 'je', démontre une belle continuité. Voilà pourquoi le retour à la réalité sera plus difficile que le retour sur Facebook "… Jean-Christophe Cambadelis, le patron du Parti socialiste, a réagi vendredi à l’annonce de Nicolas Sarkozy dans une déclaration solennelle depuis la rue de Solferino, une façon de ramener l’ancien président à ce qu'il est pour le moment, c'est-à-dire un prétendant à la tête d'un parti et non un rival du chef de l’état François Hollande. Aucun commentaire, donc, à l'Elysée. Ce serait donner trop d'importance à ce retour. On se rappellera quand même que lors de sa conférence de presse jeudi, François Hollande a éreinté le bilan de son prédécesseur et l'a renvoyé au temps d'hier, voire d'avant-hier… sans jamais le nommer bien sûr.
Pour Juliette Méadel, porte-parole du PS, Nicolas Sarkozy "n’a absolument pas tiré les leçons de sa défaite. Il faudrait qu’il s’explique sur le rejet et sur son bilan. Tout le monde a le droit d’être candidat, mais cela fait deux ans qu’il dit qu’il a quitté la vie politique alors qu’en réalité il n’est jamais parti ", déclare-t-elle.
A EELV : "On s’interroge sur la signification de cette candidature"
Pour le reste, la gauche dénonce un retour dicté par l'agenda judiciaire. "S'il revient à la tête de l'UMP, serait-ce pour tenter de sauver sa peau judiciairement ? ", fait mine de s'interroger François de Rugy, porte-parole EELV à l'Assemblée, sur twitter. Egalement interrogé sur France Info, il constate que Nicolas Sarkozy "ne tient pas son engagement. Il avait pris l’engagement avant l’élection présidentielle, s’il était battu, d’arrêter la politique. Donc il n’a pas changé, c’est manifeste, il est incorrigible. Il ne parle que de lui dans son message et donc on s’interroge, compte tenu de l’ensemble des procédures judiciaires dans lesquelles il est mis en cause et pour lesquelles il n’a pas encore eu de jugement, on ‘s’interroge sur la signification de cette candidature à la tête de l’UMP" , déclare-t-il, tout en s'interrogeant sur le financement des locaux et des collaborateurs du candidat qui se présente à la tête de l'UMP : "Avec quel argent fait-il cela ? Je rappellle qu'en tant qu'ancien président de la République, il est payé actuellemnt par la nation, il a des bureaux payés par la nation, il a des collaborateurs payés par le budget de l'Etat. Est-ce qu'il va stopper cela ? "...
"Habituellement, quand un dirigeant politique est mis en examen, il démissionne, pour Nicolas Sarkozy, c'est l'inverse, il revient ", renchérit le porte-parole du PS Olivier Faure, pour qui le vrai projet de Nicolas Sarkozy, c'est : "survivre à la droite, aux juges et à l'oubli ".
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Au PG : "Il incarne un régime à bout de souffle"
Le secrétaire national du Parti de gauche, Eric Coquerel, explique que "ce qui est caractéristique chez Nicolas Sarkozy et que nous rejetons, c’est qu’il incarne totalement la Ve République, c’est le côté homme providentiel qui se rase le matin en se rêvant de nouveau monarque, c’est les liens avec l’oligarchie politico-financière et troisièmement le fond d’affaires puisqu’il est encore mis en examen pour plusieurs affaires ". La Ve République, "un régime à bout de souffle ", selon Eric Coquerel, avec lequel "il faut rompre ".
Au FN : "Les Français se souviennent qu'ils l'ont mis dehors "
L’eurodéputé et vice-président du FN Louis Aliot dénonce un "plan de communication". "On prend les mêmes et on recommence... avec le fameux "je vous ai compris" réagit-il sur Twitter. Sur France info, il minimise l’importance de ce retour. "La situation en France est telle que cela relève de l'anecdote et il faut se concentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire démontrer aux Français qu'il y a un autre chemin à suivre que celui de la communication qui a été emprunté hier par François Hollande et aujourd’hui par Nicolas Sarkozy. Je ne crois pas que les Français trouvent l'arrivée de Nicolas Sarkozy aujourd’hui comme une nouveauté. Les Français se souviennent qu'ils l'ont mis dehors il y a deux ans déjà, à la fois pour un bilan politique catastrophique, mais aussi pour une certaine manière de pratiquer le pouvoir qu’ils ne le voulaient plus au sommet de l'Etat ", lance-t-il.
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