Le PS relance le débat sur la dépénalisation du cannabis
L'écologiste Stéphane Gatignon avait déjà amorcé le débat, en prônant la dépénalisation et dénonçant le pouvoir mafieux de la drogue dans les "quartiers". Le rapport du groupe de travail présidé par l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant entre dans le vif du sujet, proposant une "légalisation contrôlée" du cannabis, passant par la reconnaissance rapide de l'usage thérapeutique du cannabis, la création d'une filière nationale, une "production sous contrôle" et un "système de vente sécurisée" sur le modèle des filières alcool et tabac. Le tout, indique Daniel Vaillant, pour "sortir de l'actuelle hypocrisie" sur le sujet.
_ Et de pointer le paradoxe français en la matière qui consiste à avoir une des législations les plus répressives d'Europe, alors que le niveau de consommation est l'un des plus forts. En 2005, près de quatre millions de personnes en avaient fumé au moins une fois dans l'année.
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Concrètement, les députés PS prévoient de créer deux types d'établissements : les uns consacrés à la vente, sur le modèle des débits de tabac. Les autres autorisant vente et consommation, tels des coffee shop à la hollandaise.
"Une idée à l'encontre de mes valeurs", a aussitôt réagi Manuel Valls, le candidat à la primaire socialiste. Ségolène Royal, prudente, s'est elle aussi prononcée contre, tant qu'on aura pas, dit-elle, "prouvé qu'on a mis tous les moyens pour démanteler les réseaux".
_ Enfin marchant sur des œufs, Martine Aubry, la première secrétaire, ou Jean-Marc Ayrault, le chef de file des députés PS, ont souhaité "un grand débat", avant de trancher."Une cause électoraliste et laxiste"
Haro à droite. Le député UMP de Seine-Saint-Denis, Éric Raoult, a lancé une pétition pour redonner "la parole au peuple", car "les élites perdent la tête". Valérie Rosso-Debord, la déléguée générale adjointe de l'UMP, elle dénonce "une capitulation en rase campagne face à une des problématiques majeures du siècle et de la jeunesse".
Même philosophie, côté gouvernement. Dans un communiqué, la secrétaire d'État à la Santé Nora Berra s'est dite "fermement opposée à toute légalisation du cannabis", jugeant cette cause "électoraliste et laxiste qui met en danger la santé publique ". Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a averti que "si la consommation est dépénalisée, elle augmentera car son accès sera plus facile"
Cécile Quéguiner, avec agences
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