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Le PS est face à une "obligation de clarification" en Languedoc-Roussillon après le dérapage du président de la région

Les socialistes "ont finalement décidé de sortir des atermoiements dans lesquels ilsétaient depuis des mois" à l'égard de Georges Frêche, a souligné vendredi la secrétaire nationale des verts, Cécile Duflot."On regarde avec intérêt ce qui va se passer. On réfléchira", a-t-elle ajouté.
Article rédigé par France2.fr
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Georges Frêche à Montpellier le 1er septembre 2009 (AFP PHOTO / PASCAL GUYOT)

Les socialistes "ont finalement décidé de sortir des atermoiements dans lesquels ils
étaient depuis des mois" à l'égard de Georges Frêche, a souligné vendredi la secrétaire nationale des verts, Cécile Duflot.

"On regarde avec intérêt ce qui va se passer. On réfléchira", a-t-elle ajouté.

Selon L'Express, Georges Frêche, 71 ans, a dit au sujet de Laurent Fabius, ex-premier ministre d'origine juive: "Voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème, il a une tronche pas catholique".

Après ce nouveau dérapage, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a proposé ux écologistes et à la gauche de bâtir une liste alternative, sous l'égide d'Hélène Mandroux, maire socialiste de Montpellier.

Cécile Duflot, qui s'était dite prête jeudi à "travailler" avec Hélène Mandroux, a toutefois laissé entendre vendredi qu'elle excluait pour le moment de négocier des places éligibles sur une liste unique. "On n'a pas été dans le troc dans aucune des régions, on ne le sera pas non plus en Languedoc-Roussillon, surtout après tout ce qui s'est passé", a-t-elle affirmé, refusant d'être "l'otage des embardées politiques qui peuvent exister notamment au sein du parti socialiste".

"Un complot monté par Martine Aubry"
"Moi je suis le Villepin d'Aubry", a-t-il lancé vendredi sur Europe 1. "C'est un complot qui est monté par Martine Aubry" qui "essaie d'utiliser ce qui se passe en Languedoc-Roussillon pour sa candidature à la présidentielle", a déclaré le président sortant de la région sur Europe 1. "Je suis comme Chirac en 1995, j'ai plein de couteaux dans le dos mais je suis debout et les couteaux ils vont tomber tout seuls", a-t-il assuré. "Faites-moi confiance : tout cela se réglera le 14 et le 21 mars", a-t-il prévenu. "Mme Aubry cherche à éliminer les fédérations PS de Languedoc-Roussillon parce qu'elle a peur qu'elles ne votent pas pour elle pour la prochaine présidentielle, je crois qu'elle a gagné le pompon", s'est-il moqué.

"Si Mme Aubry veut servir de voiture-tampon aux Verts, c'est son problème mais ce n'est sûrement pas le problème des socialistes" de la région, a-t-il dit aussi, estimant que la maire PS de Montpellier Hélène Madroux choisie pour conduire la
liste concurrente à la sienne "ne représente pas grand chose".

Jeudi, Georges Frêche (DVG) avait estimé que son propos sur Laurent Fabius était "déformé à dessein" et s'était dit victime d'une "chasse à l'homme".

"Interrogé sur le non-soutien de Laurent Fabius à mon endroit (en décembre dernier, l'ex-Premier ministre avait déclaré à propos de Frêche qu'il n'aurait pas été "sûr" de voter pour lui, s'il était électeur dans sa région - ndlr), j'ai répondu par une expression populaire utilisée par tous les Français depuis des siècles. Celle-ci exprime le manque de confiance que j'ai à son égard depuis le Congrès de Rennes de 1990 et pas autre chose", a-t-il précisé.

Frêche bénéficie du soutien de ses co-listiers
Georges Frêche a bénéficié du soutien de ses co-listiers socialistes : "Nous, têtes de listes socialistes et responsables fédéraux du Parti socialiste en Languedoc-Roussillon, dénonçons les basses manoeuvres de certains membres de la direction nationale du PS, qui veulent aujourd'hui duper les militants et l'électorat socialiste du Languedoc-Roussillon avec la complicité tacite des Verts", écrivent huit colistiers dans un communiqué, dont Didier Cordorniou, Robert Navarro et Eric Andrieu.

"Nous réaffirmons avec force notre entière solidarité à Georges Frêche, honteusement attaqué, et nous allons poursuivre ensemble le combat que nous avons engagé pour faire triompher la gauche", ajoutent-ils, rappelant que le président du conseil régional avait été "massivement investi" par les militants socialistes.

La réaction de l'UMP
Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, s'est dit "outré par le comportement outrancier, une fois de plus, de Georges Frêche", appelant le parti socialiste à lui "refuser" son soutien. "Quand on fait de la politique, on doit avoir de l'éthique", a-t-il dit.

Des propos dénoncés comme antisémites par plusieurs ténors socialistes
La décision de Mme Aubry répond aux voeux de nombre de ténors socialistes qui, depuis jeudi matin, réclament à cor et à cris une liste alternative, et dénoncent des propos qui font "honte à la gauche" (Manuel Valls), "un propos antisémite condamnable" (Arnaud Montebourg), des propos à vomir (Aurélie Filippetti), "une ignominie" (Harlem Désir), "nauséabonds" (Claude Bartolone).

SOS racisme, la Licra et le conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ont dénoncé violemment les déclarations de M. Frêche.

Un risque de perdre la région
La partie n'est pas aisée pour le PS, une précédente tentative de liste alternative ayant avorté. En outre, compte tenu de la popularité de M. Frêche, le risque est grand pour le PS de perdre la région. Mais, dit Valls, "le risque de perdre une région ne pèse rien par rapport au risque de perdre l'essentiel, nos valeurs".

Les Verts accepteront-ils une liste commune conduite par les socialistes? Leur leader Cécile Duflot s'est dite jeudi disposée à "travailler" avec le PS "pour faire émerger une alternative démocratique", à condition qu'elle reste dirigée par le Vert Jean-Louis Roumégas. Autre défi: rallier les socialistes des cinq fédérations de la Région, dont l'Hérault, puissant bastion PS, qui avaient soutenu le président Frêche.

Alors qu'il reste 15 jours pour élaborer une nouvelle liste avant la date limite (15 février), Pascale Boistard, secrétaire nationale aux adhésions avertit: si les socialistes qui figurent sur la liste Frêche "ne désertent pas cette liste, ils seront exclus".

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