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Le panel de Français utilisés par Harris Interactive pour son sondage sur Marine Le Pen a été "payé", selon Mediapart

Le directeur du département opinion de l'institut Jean-Daniel Lévy a formellement contesté toute "rémunération". "Il ne s'agit en aucun cas d'une rémunération" des sondés, selon lui.Sur son site internet, Harris Interactive reconnaît qu'il "met en place un 'incentive' (incitation financière, ndlr) pour motiver à répondre tous profils de répondant".
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Marine Le Pen, présidente du FN, lors d'un meeting politique à Lille, le 5 mars 2011. (AFP - Philippe Huguen)

Le directeur du département opinion de l'institut Jean-Daniel Lévy a formellement contesté toute "rémunération". "Il ne s'agit en aucun cas d'une rémunération" des sondés, selon lui.

Sur son site internet, Harris Interactive reconnaît qu'il "met en place un 'incentive' (incitation financière, ndlr) pour motiver à répondre tous profils de répondant".

"Sans cet 'incentive', est-il précisé, il y a un risque de surreprésentation des plus 'impliqués'". " Harris Interactive privilégie le système de participation à un jeu concours (contrôlé par huissier) permettant de gagner des lots (chèques bancaires) via un tirage au sort", justifie l'institut.

D'après le site d'information Mediapart, Jean-Daniel Lévy "est bien obligé de reconnaître" que son institut pratique une forme de "rémunération". "Pour attirer le chaland et le motiver à répondre à son enquête, réalisée sur internet, l'institut a organisé un jeu-concours et fait miroiter une récompense. Au final, 7000 euros ont été offerts à l'un des quelque 1.600 membres du panel", est-il ajouté.

Un autre spécialiste des sondages politiques, Frédéric Dabi, de l'Ifop, admet aussi que son institut dédommage les gens pour le temps passé à répondre. "Pour cela, on les inscrit à un programme de fidélisation, qui revient à 10 centimes d'euros par questionnaire, ce qui est extrêmement symbolique", a-t-il dit à l'AFP. "On ne veut pas instaurer avec eux de relations mercantiles."

Réagissant à ces révélations, le député UMP Bernard Debré a estimé mardi que des "sondés payés, ce serait de la manipulation", à propos des sondages Harris Interactive favorables à la présidente du FN Marine Le Pen. "Mais dans le fond, sondage après sondage, il y a une réalité: il y a un péril Front national", a-t-il souligné dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

De son côté, le groupe PS à l'Assemblée nationale demande solennellement au gouvernement d'inscrire au plus vite une proposition de loi UMP/PS visant à plus de transparence dans les sondages politiques, déjà votée à l'unanimité au Sénat.

Un nouveau sondage très commenté par les politiques
La candidate du FN arriverait en tête au 1er tour de la présidentielle, selon un nouveau sondage très commenté. Avec 24% des intentions de vote, Marine Le Pen devancerait Dominique Strauss-Kahn (23%), entraînant l'élimination de Nicolas Sarkozy (21%), selon un nouveau sondage Harris Interactive/LeParisien diffusé lundi soir.

Dans l'hypothèse d'une candidature de François Hollande, Marine Le Pen resterait en tête. Dans cette configuration, Marine Le Pen obtiendrait toujours 24%, mais elle serait opposée à Nicolas Sarkozy au second tour (avec 21% des intentions de vote) et François Hollande, avec 20%, serait donc éliminé.

"C'est une alerte, parce qu'il y a une incertitude dans l'élection. Ce sondage n'indique pas un ordre d'arrivée pour l'élection présidentielle, ce sondage indique une montée de l'extrême droite", a déclaré mardi matin sur Europe 1 François Hollande, candidat potentiel aux primaires du PS pour 2012.

Côté UMP, le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé a souligné mardi sur France Info que si on cumulait les scores de Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin dans les récents sondages Harris Interactive, la droite relèguerait dans tous les scénarios le PS en 3e position. "Si on regarde les sondages jusqu'au bout" et "si vous cumulez les scores de Nicolas Sarkozy et de Dominique de Villepin, vous arrivez grosso modo à des scores qui peuvent aller jusqu'à 28, 29, 30% alors que le Parti socialiste lui, dans tous les cas de figures, dans cette hypothèse, serait troisième." Dans un premier calcul, le dirigeant de l'UMP avait évalué le cumul de leurs scores "à peu près à 24, 25, 26, 27% selon les cas".

Le nouveau sondage publié par Harris Interactive a confirmé qui avait donné pour la première fois la présidente du Front national en tête au premier tour de la présidentielle dans les intentions de vote. Cependant, le sondeur n'avait alors retenu que Martine Aubry comme hypothèse de candidature au PS. Ni Dominique Strauss-Kahn, donné depuis plusieurs semaines comme le favori des Français pour représenter le PS à la présidentielle, ni François Hollande, ni Ségolène Royal n'avaient été retenus, ce qui avait suscité interrogations et critiques, à gauche comme à droite.

Dans son nouveau sondage publié lundi soir, Harris Interactive a testé cette fois, comme il l'avait annoncé dès dimanche, deux hypothèses pour le PS: la candidature de DSK et celle de François Hollande. Mais pas celle de Ségolène Royal.

Martine Aubry accuse la politique de Nicolas Sarkozy
Après la publication du nouveau sondage favorable à Marine Le Pen, la première secrétaire du PS Martine Aubry a accusé lundi soir la politique de Nicolas Sarkozy de "nourrir" la montée du Front national, dans un discours à Lille dans le cadre de la campagne pour les élections cantonales. "Mais qui nourrit le Front national ? Ceux qui passent leur temps à parler de la peur de ceux qui sont différents, au lieu de défendre notre pays dans sa diversité. Qui aujourd'hui, fait que des hommes et des femmes se sentent humiliés, abandonnés, oubliés, si ce n'est la politique de Nicolas Sarkozy ?", a-t-elle déclaré lors d'un discours devant environ 400 personnes.

Ségolène Royal dénonce "une manipulation de l'opinion"
Ségolène Royal a jugé de son côté, lundi, que les sondages faisaient partie d'"une manipulation de l'opinion". Elle a fustigé des études qui disent "tout et le contraire de tout" à quatorze mois de l'élection présidentielle. "Ceux qui commanditent les sondages pensent qu'au fur et à mesure ils vont finir par influencer l'opinion", a-t-elle ajouté, s'étonnant par ailleurs que le gouvernement s'oppose à une proposition de loi UMP-PS visant à plus de transparence, déjà adoptée à l'unanimité par le Sénat.

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