La tempête Karachi ne faiblit pas
Salle temps à l'Élysée. Trois proches de Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire, Thierry Gaubert et Brice Hortefeux sont désormais mis en cause dans l'affaire de Karachi, soit pour son volet financier, soit pour des interventions intempestives.
Samedi, l'épouse de Thierry Gaubert, ex conseiller de Nicolas Sarkozy, a confirmé les voyages de son mari avec des sacoches d'argent.
"Je confirme ce que j'ai dit, les voyages de mon mari, surtout à l'étranger", a déclaré sur Europe 1, Hélène de Yougoslavie, Hélène Gaubert dans le civil, qui vit séparée de son mari mis en examen dans le dossier Karachi. Elle a expliqué qu'il revenait "avec des sacoches. Il y avait de l'argent, mais je ne sais pas d'où l'argent venait". Ces voyages, "c'était mon mari et M. Takieddine", a-t-elle assuré, précisant qu'ils faisaient "Paris, Genève, Londres et Paris".
Interrogée pour savoir si Nicolas Bazire, un proche d'Edouard Balladur et du président Nicolas Sarkozy, venait chez elle, Hélène de Yougoslavie répond qu'elle n'a "pas vu venir (M. Bazire) chez moi mais c'est ce que mon mari me disait".
Dans une interview elle ajoute avoir subi "beaucoup de pressions, et des menaces, émanant de (son) mari". Selon elle, "cela a commencé après que sa maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : 'Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés'".
Le site internet Mediapart, qui dit avoir eu accès aux procès-verbaux, affirme que Thierry Gaubert a tenté de faire pression sur sa femme pour qu'elle endosse la responsabilité de comptes ouverts à l'étranger. Hélène Gaubert a remis à la police l'enregistrement de ces menaces avant de révéler les opérations de son mari, précise le site d'information.
Deux mis en examen et un mis en cause
Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy quand il était ministre du Budget (1993-1995), Thierry Gaubert a été mis en examen le 21 septembre pour recel d'abus de biens sociaux par le juge Renaud Van Ruymbeke qui enquête sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Dans cette même affaire, Nicolas Bazire, l'ancien directeur de sa campagne, a été mis en examen jeudi pour complicité d'abus de biens sociaux et laissé en liberté sans contrôle judiciaire.
Troisième homme proche de Nicolas Sarkozy pris dans la tourmente : Brice Hortefeux, mis en cause non pas pour son rôle dans l'affaire Karachi elle-même (les ventes d'arme, ndlr) mais pour ses interventions supposées dans l'enquête du juge Renaud Van Ruymbeke. Selon les révélations du Monde.fr, l'ex-ministre de l'Intérieur auraient eu une conversation téléphonique avec Thierry Gaubert le 14 septembre, quelques jours avant son placement en garde à vue.
L'opposition de gauche et les syndicats de magistrats soupçonnent M. Hortefeux d'avoir bénéficié de fuites sur l'enquête et tenté d'en informer Thierry Gaubert pendant sa garde à vue.
Le parquet de Paris a annoncé en conséquence vendredi soir l'ouverture d'une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel et recel de ce délit. Il explique sa décision "après avoir pris connaissance" des "comptes rendus d'écoutes téléphoniques réalisées sur le téléphone de l'un des mis en examen" dans le cadre de l'enquête sur la signature des contrats d'armement Agosta avec le Pakistan et Sawari II avec l'Arabie Saoudite en 1994. L'enquête vise le contenu des écoutes téléphoniques et non leurs fuites dans la presse, a précisé le parquet à l'AFP. Elle a été confiée à la police judiciaire.
L'un des syndicats de magistrats et des parties civiles réclamaient eux une enquête indépendante confiée à un juge d'instruction. Ils s'étonnent en outre que l'enquête soit confiée au directeur central de la police judiciaire, puisque cela revient à lui demander d'effectuer des investigations sur des fuites dans son propre service.
Hortefeux récuse les accusations
Attaqué de toutes parts, l'ex-ministre de l'Intérieur a demandé à être entendu par la justice et a menacé de porter plainte pour diffamation.
Dans un communiqué, il "dément catégoriquement" avoir eu des informations sur la procédure judiciaire en cours. Il avait auparavant affirmé aux journalistes s'être basé sur "des rumeurs de presse" lors de sa conversation avec son ami.
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