: Vidéo Emmanuel Macron rencontre les parlementaires LREM : "Ce sujet de l'immigration, je pense qu'il est temps de l'aborder", explique Aurélien Taché
Pour le député La République en Marche Aurélien Taché, invité lundi sur franceinfo, la rencontre entre le président de la République et les députés LREM permettra de "déconstruire un certain nombre d'idées reçues" sur l'immigration.
Le président Emmanuel Macron rencontre les parlementaires de la majorité lundi 16 septembre afin de souder les troupes en vue des municipales et de parler retraites et immigration. À ce sujet, il s'agit de "dire à nos concitoyens, qu'il y aura des migrations à l'avenir, qu'on saura y faire face" et aussi de "déconstruire un certain nombre d'idées reçues", explique le député La République en Marche Aurélien Taché sur franceinfo.
franceinfo : La République en Marche panique-t-elle face au Rassemblement national ? Est-ce pour cela que vous allez parler immigration ?
Aurélien Taché : Non, je ne crois pas que ce soit la panique. Ce sujet de l'immigration, je pense qu'il est temps de l'aborder parce qu'on entend quand même tout et n'importe quoi depuis des années. J'entendais encore hier Brice Hortefeux [LR] dire qu'il y aurait 400 000 personnes qui arriveraient chaque année. C'est faux. On a aujourd'hui environ un peu plus de 200 000 personnes qui arrivent chaque année, dont beaucoup d'étudiants, donc il y a beaucoup de choses comme ça qu'il faut pouvoir objectiver. Ce débat à l'Assemblée nationale le 30 septembre, ce sera l'occasion d'aborder tous les sujets. Effectivement, je ne crois pas qu'il y ait urgence à prendre une nouvelle loi en matière d'immigration, mais par contre oui, dire à nos concitoyens, qu'il y aura des migrations à l'avenir, qu'on saura y faire face, déconstruire un certain nombre d'idées reçues, le fait que par exemple les migrants auraient le droit à plus de droits sociaux, le fait que dans la rue on aurait beaucoup de gens qui ne seraient pas des réfugiés, alors qu'aujourd'hui plus de 30% de ceux qui sont dans les campements à La Chapelle à Paris sont des gens à qui la France a donné l'asile. L'année dernière, j'avais remis au gouvernement un rapport sur la question de l'intégration. Effectivement, quand on donne l'asile à quelqu'un, quand on reconnaît qu'il est menacé de mort dans son pays, il y a peut-être autre-chose à faire que de le laisser ensuite dans la rue. Donc on a besoin d'expliquer ça aux Français et d'agir avec force sur cette question.
Des voix dans votre camp demandent qu'on durcisse l'accès à l'aide médicale d'État qui permet aux sans-papier d'être soignés. Y êtes-vous favorable ?
Je crois que ce sujet de l'aide médicale d'État (AME), il faut d'abord là aussi regarder un petit peu précisément de quoi il s'agit. Aujourd'hui, on a plus de 80% des gens qui y auraient droit qui n'y ont pas accès. Il faut objectiver les choses. S'il y a des dérives, s'il y a de la fraude, contrôlons les fraudes parce que c'est très important de pouvoir être intraitable sur ces fraudes pour pouvoir préserver l'aide médicale d'État. C'est un des fondements de notre pacte social. En France, oui, quand quelqu'un a besoin de se faire soigner, quand quelqu'un risque pour sa vie parce qu'il a besoin de soins, on ne lui demande pas s'il a ou non ses papiers. [En revanche, dans notre parti] personne ne veut supprimer l'AME. Le Premier ministre est venu mardi matin devant les parlementaires, a dit que c'était vraiment dingue qu'on puisse penser une seconde que ce gouvernement veuille supprimer l'AME. C'est justement parce qu'on y est très attachés qu'on veut pouvoir regarder si aujourd'hui il faut la réformer ou non et s'il y a des abus ou non. Mais, moi je le redis, l'AME est quelque chose d'extrêmement utile, on a tous encore en tête ce drame terrible qui s'est passé à Grenoble l'autre jour où on avait quelqu'un qui était en situation de détresse psychique, qui était psychiatriquement atteint avec ce crime qui a été commis, ce jeune homme qui a perdu la vie face à un migrant qui était en situation de déséquilibre psychiatrique, donc je ne crois pas que ce soit en réduisant les soins par exemple psychiatriques qu'on pourrait répondre à ce type de situation. Au contraire, on voit bien que les gens qui arrivent, il faut immédiatement regarder où ils en sont et s'il y a des difficultés ou non.
Le patron de LREM Stanislas Guérini déclarait il y a quelques jours que certaines femmes en profitaient pour se faire poser des prothèses mammaires. En avez-vous la preuve ? Avez-vous des chiffres ?
Je crois que la première chose à faire, c'est bien de vérifier s'il y a des chiffres ou non. Pour l'instant, je n'ai pas connaissance de ces chiffres et peut-être qu'il peut y avoir ce type d'abus. Mais attention à la manière dont on présente les choses, parce que s'il y a un, deux, dix cas comme ça, sur plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont vraiment besoin de l'aide médicale d'État, n'instillons pas dans l'esprit des Français que ce serait avant tout des abus auxquels donnerait lieu l'AME parce qu'on pourrait avoir un sentiment et un résultat inverses à ceux recherchés.
Pourquoi participez-vous à la convention des droits organisée par les proches de Marion Maréchal avec Eric Zemmour ?
[Je vais y] dire ce que je suis en train de dire ici : essayer de lever un certain nombre de fantasmes et surtout expliquer que je crois profondément qu'une société forte, c'est une société qui n'a pas peur d'intégrer ceux qui arrivent sur son sol. J'espère démontrer aux Français quelles sont les idées de cette droite. Ce n'est pas que Marion Maréchal. Eric Zemmour, qui sera présent à cette convention, a été invité par Laurent Wauquiez à la dernière convention Les Républicains. On voit, au sein du mouvement LR, un courant qui se structure pour parler avec Marion Maréchal. En fait, ce qui se passe là-bas, je crois profondément que c'est l'avenir de la droite française, donc si ce sont nos futurs adversaires politiques, il faut leur porter la contradiction, il faut être capable de démontrer quelles sont nos idées qui sont radicalement opposées aux leurs. (...) On ne choisit pas son adversaire dans la vie, et fuir le combat n'affaiblit jamais l'adversaire. Donc je serai présent pour aller porter la contradiction.
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