Cet article date de plus de huit ans.

La gauche se déchire sur la déchéance de nationalité

La question de la déchéance de nationalité n’en finit plus de déchirer la gauche. Ce week-end la fracture s’est encore aggravée après les déclarations de Manuel Valls dans le JDD. "Une partie de la gauche s’égare au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte" a dit le premier ministre au quotidien du dimanche.
Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Manuel Valls et Christiane Taubira le 23 décembre ©maxPPP)

D’après Manuel Valls, "une partie de la gauche s’égare au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte", sur la question de la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables d’actes de terrorisme. Le Premier ministre l’a affirmé dans un entretien au Journal du dimanche. Ceux qui se reconnaissent dans cette "partie de la gauche" que le chef du gouvernement prétend sermonner, ce ne sont plus les Jean-Luc Mélanchon, les Cécile Duflot ni même les frondeurs, comme Benoît Hamon. Dans le camp de l’opposition à la réforme de la constitution, il faut désormais compter avec une Martine Aubry ou un Jean-Marc Ayrault.

Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault font front

Une ancienne première secrétaire du Parti Socialiste, donc, et l’ancien locataire de Matignon. "Je défends des valeurs républicaines et de gauche, c’est le propre de la politique et j’en suis fière" tacle la première, Martine Aubry, sur les réseaux sociaux. Tandis que le second, Jean-Marc Ayrault, reproche ouvertement à son successeur de "diviser " la France, quand il devrait plus que jamais assurer l’égalité entre tous les citoyens.

 

Pour le député PS de Paris Pascal Cherki, qui clame haut et fort son hostilité à la déchéance de nationalité, "une ligne rouge" a été franchie. Si Manuel Valls, en incluant la déchéance de nationalité au projet de réforme constitutionnelle, "souhaite s'aligner sur les fantasmes de l'extrême-droite, (...) s'il veut braconner sur ces terres, ce sera sans nous, et à terme ce sera contre nous ", affirme-t-il.

"Si Manuel Valls veut s'aligner sur les fantasmes de l'extrême droite, ce sera sans nous" prévient le frondeur PS Pascal Cherki

Une gauche déboussolée

Christophe Caresche, député PS de Paris et proche de Manuel Valls, souhaite tempérer la fronde. Pour lui, "on assiste à un concours Lépine de l'indignation d'une partie de la gauche, qui n'est pas justifié par rapport à la réalité de cette mesure et à la réalité de la situation. Une situation de guerre contre le terrorisme. " Pour le député, "avec la déchéance de nationalité, le Premier ministre et le président de la République ont voulu aussi manifester la gravité de la situation et la nécessité d'avoir une réaction à la hauteur de cette gravité. "

"On assiste à un concours Lépine de l'indignation" estime le député PS Christophe Caresche
Avant les attentats du 13 novembre et avant, donc, que ne soit posée la question d’une unité nationale capable de dépasser le clivage droite-gauche, Manuel Valls affichait déjà sa volonté de faire bouger les lignes. Il avait notamment émis son idée de "maison commune" pour les forces progressistes, au-delà des partis institués. En attendant que cette maison-là soit bâtie, la maison PS, elle, se fissure, et la gauche ne sait plus bien où elle habite. 

A LIRE AUSSI ►►► Déchéance de nationalité : pourquoi Hollande n'a pas renoncé

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.