LFI : Jean-Luc Mélenchon lance une école pour former les cadres insoumis et transmettre son héritage politique
Imaginez un mélange entre l'ambiance studieuse des cours du soir et un épisode de la série La casa de papel, quand le personnage principal, le professeur, forme quelques élèves à sa philosophie révolutionnaire... Là,vous aurez une idée de ce à quoi ressemble l'institut La Boétie, l'école dédiée à la formation des futurs cadres de La France insoumise et inaugurée au mois de janvier. Il n'est, bien sûr, pas question de braquage mais de préparer une sorte de "casse politique" du siècle.
Réfléchir à la gauche de demain
Chaque promotion suivra dix week-ends de formation, des cours théoriques sur l'humanisme, le matérialisme, ou encore le concept phare de Jean-Luc Mélenchon, co-président de l'institut avec la députée Clémence Guetté : l'ère du peuple. Comme à l'école, les élèves cadres ont des devoirs - essentiellement de la lecture, mais aussi des cas pratiques comme prendre la parole en public ou animer un groupe. Une série d'outils à destination des participants qui deviendront, pour certains d'entre eux, les élus LFI de demain. La première promotion de 70 étudiants a été lancée la semaine dernière et porte le nom de la figure révolutionnaire Louise Michel.
« Créer un département de géographie pour @i_laboetie était indispensable pour construire la pensée critique du capitalisme de notre époque. Les riches s’approprient l’espace pour dominer ».
— Institut La Boétie (@i_laboetie) February 1, 2023
Conclusion de @JLMelenchon lors de l’événement sur les mobilités des super-riches. pic.twitter.com/Yk2HxpE6Uy
L'autre objectif de cette école, de même que celui du laboratoire d'idée de La France insoumise ou encore des formations dédiées aux groupes d'action du parti, est de diffuser la pensée de LFI. L'institut de La Boétie a vocation à réfléchir à la gauche de demain - qui graviterait autour des insoumis - en s'appuyant sur un panel d'intellectuels pour nourrir le programme et les arguments. Scientifiques et philosophes y sont conviés régulièrement et consultés sur des sujets complexes comme la réforme des retraites. LFI entend convertir, en quelque sorte, cette position politique en document scientifique.
Il y a deux semaines par exemple, des économistes ont préparé une note très détaillée de 30 pages qui a servi à la rédaction d'amendements déposés par les députés insoumis. Ce document a également servi de base pour la préparation de fiches argumentaires distribuées aux militants qui font campagne sur le terrain.
Jean-Luc Mélenchon "en retrait mais pas en retraite"
Est-ce un moyen pour Jean-Luc Mélenchon de garder la main sur le mouvement ? L'institut La Boétie est sans conteste son joyau, un outil pour la fabrique d'un héritage à en croire son entourage. Le leader insoumis qui se tient désormais à distance de la Nupes veut "enraciner le mouvement insoumis dans la durée et sur le territoire", explique ses équipes. Une façon finalement d'"être en retrait, mais pas en retraite", comme Jean-Luc Mélenchon le dit lui-même. "C'est un lieu qui lui plait, à la hauteur de son exigence, qu'il a décidé d'investir", explique à franceinfo la députée Clémence Guetté qui copréside l'institut avec lui.
Une école sur mesure donc, tenue par le tribun et son clan au moment où une partie du mouvement lui échappe. Des militants indignés par la gestion de l'affaire Quatennens et ses premiers compagnons de route, vexés d'être écartés de la nouvelle direction de LFI. "Si la guerre est ouverte, c'est parce qu'ils ont compris que Jean-Luc Mélenchon n'allait pas lâcher l'affaire", observe un cadre socialiste. La définition finalement d'être en retrait, sans battre en retraite.
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