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Après les propos de Valls sur Goasguen, la droite boycotte l'Assemblée

Les députés UMP ont tenu parole et ne se sont pas rendus à la séance de questions d'actualité, mercredi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls s'adresse au député Claude Goasguen, le 25 février 2014 à l'Assemblée nationale à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

C'est un fait rarissime à l'Assemblée nationale. Comme annoncé, les députés UMP ont boycotté la séance des questions au gouvernement, mercredi 26 février. Ils protestaient contre une petite phrase de Manuel Valls sur le passé d'"extrême droite" de Claude Goasguen, phrase qui leur avait déjà fait quitter l'hémicycle mardi.

En ouverture de séance, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, s'est fait maître d'école : "Sans porter jugement sur le choix" des députés UMP de boycotter la séance, il a "déploré cette situation" et en a profité pour réprimander les députés.

Retour en actes sur cette violente altercation et ses conséquences.

Acte 1 : Manuel Valls attaque Claude Goasguen

Interrogé par la droite sur les violences de samedi à Nantes, et un présumé laxisme des forces de l'ordre face aux opposants à Notre-Dame-des-Landes, Manuel Valls a interpellé le député UMP de la 10e circonscription de Paris : "Monsieur Goasguen, vous en venez, vous, de l'extrême droite". 

"Contrairement à vous, nous ne sommes complaisants avec personne, a lancé le ministre de l'Intérieur à la droite. Vous, vous avez été complaisants, il y a quelques mois, avec ceux qui s'en prenaient aux valeurs de la République" lors des manifestations contre le mariage homosexuel.

Ses propos, notamment sa phrase contre Claude Goasguen, ont déclenché une bronca sur les bancs de l'UMP. La quasi-totalité des députés du groupe a alors quitté l'hémicycle en pleine séance. 

L'UMP quitte l'hémicycle après une attaque de Valls (FRANCE 3)

Acte 2 : Goasguen réagit dans les couloirs

"Je n'ai jamais été membre d'Occident, contrairement à des proches comme Alain Madelin, Gérard Longuet, Patrick Devedjian, mais président de la Corpo d'Assas [syndicat étudiant de droite]", a rétorqué Claude Goasguen, dans les couloirs de l'Assemblée. 

"Etant alors partisan de l'Algérie française, j'ai soutenu Jean-Louis Tixier-Vignancour [candidat d'extrême droite]. Mais tous ceux qui défendaient l'Algérie française n'avaient pas une démarche d'extrême droite", a poursuivi le maire du 16e arrondissement de Paris. "Monsieur Valls perd les pédales !", s'est-il encore exclamé. Dans la soirée, Claude Goasguen est revenu, sur BFMTV, sur les propos de Manuel Valls, indiquant que "tout le groupe UMP (...) s'est considéré comme blessé".

Acte 3 : un boycott de l'UMP en solidarité avec l'élu

Les propos de Manuel Valls ne sont pas passés auprès des autres députés UMP. "Faute d'excuses formelles, les députés UMP boycotteront la séance de questions au gouvernement" de mercredi, a prévenu mardi en début de soirée Christian Jacob.

Pour le chef de file des députés UMP, "Manuel Valls a proféré des insultes inacceptables à l'égard des députés UMP. Ses propos ignobles et sa perte de sang-froid, incompatibles avec les fonctions qu'il exerce, auraient dû a minima être condamnés par le Premier ministre".

Acte 4 : Manuel Valls ne cède pas

Pas d'excuses. Le ministre de l'Intérieur n'a pas choisi l'apaisement, mercredi, et a appelé la droite à "se ressaisir" au lendemain de l'incident qui l'a opposé au groupe des députés UMP. "Il ne faut jamais boycotter, a encore estimé Manuel Valls sur i-Télé. C'est important, les séances de questions au gouvernement, surtout que c'est la dernière avant les élections municipales."

Alain Vidalies, ministre chargé des relations avec le Parlement a, pour sa part, déclaré à sa sortie du Conseil des ministres que le gouvernement n'avait "pas l'intention de s'excuser", et a jugé le boycott "déplorable". Il a estimé que la droite surréagissait volontairement : "On a l'impression que c'était quelque chose de prévu d'avance et qu'à la moindre phrase, ils étaient prêts à sortir", a-t-il dit aux journalistes

A droite, le député UMP Laurent Wauquiez s'est dit déçu par le ministre de l'Intérieur. "C'était quelqu'un pour lequel j'avais une certaine estime, je pensais que c'était un grand républicain, je trouve que c'est un petit monsieur qui fait des petites polémiques", a-t-il déclaré sur France 2.

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Acte 5 : l'UMP boycotte la séance

L'UMP a tenu sa parole. Mercredi après-midi, seuls les députés PS, écologistes, radicaux de gauche, Front de gauche et UDI étaient présents en séance, les bancs de droite étant vides, à l'exception de ceux, en haut à l'extrême droite de l'hémicycle, des deux députés Front national.

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a "déploré cette situation". "Je reçois de très nombreux courriers de nos compatriotes qui déplorent l'ambiance générale de nos séances", a-t-il indiqué en ouverture de séance.

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"Les passions légitimes qui sous-tendent nos séances laissent trop souvent la place aux cris, aux provocations et aux invectives", a-t-il ensuite regretté, jugeant "ce type de comportements (...) préjudiciable à la dignité" des débats. En conclusion, il a "formé le vœu" qu'après les élections municipales, les députés puissent "siéger dans un climat plus apaisé".

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