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L'opération séduction du FN dans les syndicats

Plusieurs syndicalistes se présentent aux prochaines municipales sous les couleurs du Front national. Une situation qui gêne les syndicats, à l'image de la CGT qui doit officiellement exclure, ce jeudi, l'un de ses membres, candidat frontiste à Elbeuf, en Seine-Maritime.
Article rédigé par Laëtitia Heuveline
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Maxppp)

La CGT veut faire le ménage. Le syndicat doit exclure officiellement ce jeudi l'un de ses membres. Nicolas Goury, 28 ans, est, en effet, candidat sur la liste FN d'Elbeuf, en Seine-Maritime.

Mais l'engagement politique de cet intérimaire dans une entreprise de métallurgie "est incompatible avec les valeurs de la CGT ", explique le responsable du syndicat dans le département, Régis Gasse. "C'est comme si un salarié était membre d'une organisation syndicale ET patronale. Il faut choisir son camp ", poursuit le responsable CGT.

Nicolas Goury, lui, ne comprend pas la position de son syndicat. Pourquoi choisir son camp se demande-t-il après six ans à la CGT ? Pour lui, être membre du Front National et d'un syndicat, c'est mener le même combat. "Le FN est le parti qui a une vraie politique sociale. En tant que syndicaliste, pour défendre l'intérêt des Français, le Front national reste le plus cohérent ", explique le candidat.

Le FN fait recette dans le monde ouvrier et donc dans les syndicats. Ce n'est pas nouveau et pas surprenant, précise le spécialiste de l'extrême-droite Jean-Yves Camus : "Historiquement, la classe ouvrière n'a jamais été unanime pour voter à gauche ".

Ce qui est marquant, en revanche, c'est la progression du vote FN chez les ouvriers. Le parti de Marine Le Pen réalisait 9% aux élections européennes de 1984. Onze ans plus tard, lors de la présidentielle de 1995, il a recueilli 30%, et, selon un sondage IFOP, il est crédité de 44% aux prochaines européennes.

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Les syndicats doivent donc se réveiller pour Nicolas Bay, cadre chargé des fédérations au FN, et candidat à Elbeuf, sur la même liste que Nicolas Goury. "Il faut que les syndicats ouvrent les yeux. Il y a énormément d'adhérents de la CGT ou d'autres syndicats qui sont des sympathisants du FN. Ce sont les cadres des syndicats qui nous sont hostiles, car ils ont un fil à la patte avec les différents partis de gauche ", explique-t-il.

Une allusion notamment au Parti communiste, dont les liens sont toujours forts avec la CGT malgré les discours de leurs dirigeants. Mais la centrale de Montreuil n'est pas la seule dans le viseur du FN. Le parti frontiste a commencé son entrisme dans les usines et les syndicats avec les organisations hostiles justement au PC, comme la CFTC ou Force ouvrière.

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