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"L'hypersexualisation concerne le mannequinat, pas les mini-miss"

Dans un rapport au gouvernement, la sénatrice Chantal Jouanno propose de supprimer les concours de beauté pour les petites filles. Michel Le Parmentier, organisateur de ce type d'événements, réagit.  

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Deux sœurs concourent pour le titre de Mini-Miss Floride, le 14 février 2012. L'image des compétitions organisées aux Etats-Unis nuit aux concours organisés en France, estime Michel Le Parmentier, organisateur de Mini-Miss France.  (OCTAVIAN CANTILLI / REUTERS)

Elles ne mesurent pas 1,50 mètre mais appliquent déjà gloss et fards à paillettes comme des pros. Chaque année, des dizaines de lolitas âgées de 7 à 16 ans paradent sur scène en robes de soirée, applaudies par leur famille, lors de concours de mini-miss. Si elles deviennent les reines de la cérémonie, elles repartiront avec un diadème, parfois des jouets.

Pourtant, les concours de beauté pour toutes jeunes filles sont pas du goût de tous. Dans son rapport sur l'hypersexualisation des enfants, rendu lundi 5 mars au gouvernement, la sénatrice UMP Chantal Jouanno propose en effet de les interdire. FTVi a recueilli les réactions de Michel Le Parmentier, créateur et organisateur du concours Mini-Miss France depuis 1989. 

FTVi : Que pensez-vous de la proposition de Chantal Jouanno d'interdire les concours de mini-miss ? 

Michel Le Parmentier : Nous sommes d'accord avec 95% des propositions [du rapport] sauf l'interdiction des concours. L'hypersexualisation des fillettes concerne le mannequinat, pas les mini-miss. Un amalgame a été fait avec ces concours à cause des débats suscités côté mannequins et à cause des images renvoyées par les médias et les concours de mini-miss américains.

Nous sommes d'accord avec l'interdiction des pubs qui sexualisent l'enfant ou pour mettre en place un âge limite pour se maquiller, par exemple, dans les écoles. Mais chez nous, les concours de mini-miss restent un jeu, un divertissement où les fillettes jouent aux mini-princesses. Elles rêvent toutes de cela. Mais si le gouvernement souhaite encadrer davantage ces concours, nous sommes d'accord. 

FTVi : Justement, comment encadrer ces concours selon vous ?

M. L. P. : En décembre, nous avons présenté une charte interne à Chantal Jouanno. Nous appliquons ces règles depuis vingt-trois ans mais maintenant, on va être plus strict. Quelles sont-elles ? Pas de maquillage avant 13 ans, les talons hauts sont interdits et il faut avoir 7 ans pour s'inscrire au concours. A cet âge, on estime que la petite fille est demandeuse, alors qu'à 2 ans, c'est la maman qui est derrière. Il faut aussi que la tenue corresponde à l'âge de l'enfant, sans connotation sexuelle. En fait, il faut vraiment sortir de cette image des concours de mini-miss américaines qui font la une des journaux. 

FTVi : En quoi votre concours est-il différent de ceux organisés outre-Atlantique ? 

M. L. P. : Les Américains tolèrent que les enfants soient maquillés comme des voitures volées. Les mères n'hésitent pas à présenter des bébés de 6 mois, 1 an. C'est scandaleux. On ne veut pas que cette image arrive en France. Le but des concours de mini-Miss, c'est l'amusement. Chez nous, il n'y a pas de gain afin de ne pas inciter les parents à pousser leurs enfants à se présenter pour l'argent. Les fillettes passent l'après-midi à jouer à la princesse, entre copines, et c'est tout. Et après l'élection, tu rentres chez toi et le lendemain, tu vas à l'école. 

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