"On attend de voir si on peut bénéficier de cette aide" : les commerçants prudents après l'annonce du plan de résilience
Jean Castex a dévoilé mercredi des mesures pour aider les entreprises à faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Si les commerçants se félicitent de l'initiative, ils ne sont pas tous certains de pouvoir bénéficier du dispositif.
Dans le sous-sol de la boulangerie "La Pompadour", dans le XVIe arrondissement de Paris, les fours tournent habituellement de 3 heures du matin à 20 heures le soir. "Là, il est à 180 degrés pendant 55 minutes pour faire une centaine de parts de tartes en prévision du déjeuner de jeudi. Elle partiront vite", assure Clément Buisson, le gérant.
Ici, la flambée des prix de l'énergie, aggravée par la guerre en Ukraine, pourrait entraîner un surcoût de 15 000 euros. "Notre consommation d'énergie à l'année représente à peu près 40 000 euros. Avec la hausse des prix qui va arriver, on s'attend à être autour de 50 000 ou 55 000 euros. On ne sait pas encore exactement." Il se dit inquiet : "On ne sait pas où ça va s'arrêter."
L'électricité, "une matière première"
L'annonce d'aides économiques pour les entreprises touchées par cette crise énergétique, mercredi 16 mars par Jean Castex, est donc une bonne nouvelle pour lui. "Les premières aides qui arrivent, c'est bien pour nous." Le Premier ministre a en effet présenté un plan de résilience et annoncé la prise en charge de la moitié du surcoût des entreprises très consommatrices en énergie. Il faut pour cela que les dépenses de gaz et d'électricité représentent au moins 3% de leur chiffre d'affaires.
Pour un commerce "énergivore" comme une boulangerie, l'électricité est comme une matière première, selon Clément Buisson. "Les fours, les diviseuses, les chambres froides, la matériel réfrigéré, le magasin, la lumière, etc. Quoi qu'il arrive, on a besoin de machines et d'énergie pour retransformer notre produit. Sans ça, on ferme boutique."
Trouver des astuces pour économiser
Hors de question pour Clément Buisson d'augmenter ses tarifs. Pour faire des économies, il demande donc à ses employés de faire des petits gestes. "Dès qu'on n'utilise pas le four, on essaie de l'éteindre et, si on doit l'utiliser, on essaie de l'allumer un peu en avance", détaille ainsi Romain. "Avant, on laissait les fours allumés toute la nuit pour ne pas qu'ils perdent en chaleur." Les économies ne sont pas encore à leur maximum mais les employés font "au fur et à mesure". "On n'a pas trop le choix !"
Même réflexe au pressing "Text'eau" à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). David Ouizeman y réduit la température de 10 degrés lors des lavages : "Je viens de faire un cycle de chemises. Habituellement, on est à 45 degrés. Je l'ai descendu à 35 degrés et j'ai rajouté une lessive qui peut travailler à basse température." Les économies, se font jusqu'en vitrine. "J'ai éteint l'enseigne principale et le drapeau. On va voir ce que ça peut donner", détaille David Ouizeman.
Pour lui aussi, l'annonce du plan de résilience est une bonne nouvelle. Il reste cependant prudent. "Je ne peux que me réjouir de cette annonce mais on attend de voir, au niveau des chiffres, si on peut bénéficier de cette aide." Pour cela, il faut aussi que la facture énergétique de l'entreprise ait augmenté d'au moins 40% depuis le début de la guerre en Ukraine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.