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Formation et embauche des jeunes : ce qui existe déjà, ce qui est attendu, ce qui doit être précisé

Le chef de l'Etat a assuré, mardi, que le gouvernement allait mettre en place un "dispositif exceptionnel d'exonération des charges pour les jeunes".

Article rédigé par franceinfo
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Selon la Banque de France, la dette des entreprises françaises a explosé. Elle frôle aujourd’hui les 2 000 milliards d’euros. Un chiffre qui illustre l’ampleur de la crise économique.   (MAXPPP)

"Notre jeunesse doit être la priorité de cette relance", a déclaré Emmanuel Macron, mardi 14 juillet. En raison de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, il y aura, selon le chef de l'Etat, "entre 800 000 et un million de chômeurs de plus à l'horizon du printemps 2021". Pour faire face à cette situation, le président de la République a annoncé des "mécanismes nouveaux" pour éviter que les jeunes soient les premières victimes de cette hausse attendue du chômage.

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De son côté, le Premier ministre a répété, mercredi, faire de la lutte contre le chômage "la priorité absolue des 18 prochains mois". Environ 700 000 jeunes "vont bientôt se présenter sur le marché du travail" et "aucun d'entre eux ne doit se trouver sans solution", s'est engagé Jean Castex, lors de son discours de politique générale. Franceinfo revient sur ce qui existe déjà et ce qui est envisagé.

Ce qui existe déjà

Un dispositif de soutien à l'apprentissage. L'ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé début juin la mise en place d'une aide pour les entreprises qui recrutent un apprenti du 1er juillet 2020 au 28 février 2021. Elle s'élève à 8 000 euros pour les majeurs et 5 000 euros pour les mineurs. Il s'agit de l'élargissement d'une aide qui existait déjà. Elle était réservée à l'origine aux entreprises de moins de 250 salariés, pour des diplômes au niveau inférieur ou égal au bac. Elle concerne désormais toutes les entreprises, et les diplômés jusqu'à la licence.

Un allongement du temps en centre de formation sans entreprise. Pour laisser davantage de temps aux apprentis qui doivent trouver une entreprise d'accueil, le gouvernement a étendu de trois à six mois la période durant laquelle ils peuvent rester en Centre de formation des apprentis (CFA) sans avoir d'employeur. La ministre du Travail avait également évoqué, début juin, une "mobilisation territoriale" pour que chaque jeune qui a fait un vœu d'apprentissage sur les plateformes d'orientation scolaire Affelnet et Parcoursup puisse se voir proposer une offre.

Ce qu'a annoncé l'exécutif

Un "dispositif exceptionnel" d'exonération des charges pour les jeunes. L'objectif, d'après le président de la République, est de favoriser l'embauche de salariés à "faibles qualifications, jusqu'à 1,6 smic". Ce dispositif est "exceptionnel parce qu'il durera un à deux ans. On va l'évaluer", a insisté le président. Cette aide correspond, selon le Premier ministre, à une réduction du coût du travail "à hauteur de 4 000 euros par an" pour les personnes de moins de 25 ans.

300 000 contrats d'insertion. Ils doivent permettre, d'après Emmanuel Macron, d'"aller chercher les jeunes qui sont parfois les plus loin de l'emploi" et s'adressent plus particulièrement à celles et ceux "qui n'ont pas réussi à trouver l'entreprise qui leur signe leur contrat d'apprentissage ou leur alternance".

200 000 places dans des "formations qualifiantes supérieures". "On va demander à des jeunes de compléter leur formation" avec "un semestre ou une année d'étude en plus", a déclaré Emmanuel Macron. Le but, selon lui, est de "permettre à un jeune qui n'a absolument aucune issue, aucune perspective d'embauche, de poursuivre un peu ses études avec un accompagnement social". "Dans une économie qui évolue très vite, le développement des compétences est la meilleure des protections pour garder, trouver ou retrouver un emploi", a estimé le Premier ministre lors de son discours de politique générale, précisant que l'Etat allait investir 1,5 milliard d'euros dans la formation, à travers "200 000 places supplémentaires de formation en 2021, notamment au bénéfice des jeunes et des demandeurs d'emploi".

100 000 places supplémentaires en service civique. Elles doivent être créées dans les six mois à venir, évoquant "un formidable accélérateur sur le service civique". Créé en 2010, le service civique (à ne pas confondre avec le service national universel) "est un engagement volontaire au service de l'intérêt général, ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans, sans condition de diplôme, étendu jusqu'à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap", indique le site gouvernemental dédié. Les volontaires sont rémunérés 580 euros par mois par l'Etat. Ils sont 140 000 en moyenne ces dernières années.

Ce qui doit être précisé

L'exonération des charges. Le Medef souhaite que le dispositif soit accessible au-delà de 25 ans et d'1,6 smic, "car il y a beaucoup de jeunes diplômés qui risquent de se casser le nez sur le marché de l'emploi", a déclaré, mercredi, son président délégué Patrick Martin. "Plafonner à 1,6 smic, ça limite aussi puisque tous les diplômés au-delà de bac+3 ne vont pas être concernés", a défendu le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Le chef de l'Etat a indiqué, mardi, que la nouvelle mesure serait "évaluée" en cours de route.

Les formations qualifiantes. "On se réjouit de l'annonce des mesures qui favoriseront l'insertion professionnelle des jeunes, parce que nous savons que c'est un problème majeur à l'heure actuelle", a réagi sur franceinfo Christine Gangloff-Ziegler, vice-présidente de la Conférence des présidents d'université. "Il est clair qu'il va falloir se mettre autour de la table pour pouvoir définir quelles sont les formations supérieures qualifiantes en possibilité d'accueillir de nouveaux étudiants", a-t-elle averti. Si le choix des formations concernées est "difficile à identifier" pour l'instant, elle évoque la possibilité de faire profiter les jeunes en bac professionnel du dispositif.

L'accompagnement dans la recherche d'emploi. "Je note ces annonces et on voit l'effort qui est fait. On attend d'avoir plus de précisions pour en mesurer l'impact", a réagi sur franceinfo Orlane François, présidente de la Fage, premier syndicat étudiant. "Nous trouvons qu'il y a des choses qui sont un peu recyclées, a-t-elle également commenté. Il n'a pas eu un seul mot sur l'accompagnement des jeunes. Quand je parle d'accompagnement, je parle d'accompagnements financier et humain dans les recherches d'un emploi."

De façon générale, les détails de ces annonces doivent être précisés dans les jours à venir, a indiqué l'entourage de la nouvelle ministre du Travail, Elisabeth Borne. Ils pourront commencer à être évoqués lors d'une réunion prévue vendredi à Matignon avec les représentants des partenaires sociaux.

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