Infirmières bulgares : le rapport adopté sur fond de polémique
Elle est là, souriante, ce 24 juillet, derrière les cinq infirmières et le médecin d'origine palestinienne qui retrouvent leurs proches, après 8 ans de calvaire dans les geôles lybiennes.
Pour Cécilia Sarkozy c'est sans doute un des moments les plus forts de sa vie.
Pour le député socialiste du Doubs, Pierre Moscovici, c'est un moment trouble à rajouter dans l'histoire des coulisses de la République. Un moment où des tractations menées à titre privé, sans mandat officiel, sans concertation, engagent la France.
Comme président de la commission d'enquête parlementaire sur les conditions de la libération des infirmières et du médecin, il demande la comparution de Cécilia Sarkozy, soutenu par ses collègues de la gauche : “Il apparaît, tout au long des auditions, que Mme Sarkozy a été l'acteur essentiel de ces journées (...) c'est elle seule qui a vu le président Kadhafi trois fois en tête à tête (...) il y a des choses qu'elle seule a vues”.
Mais les députés de la Majorité, avec à leur tête le député Nouveau centre Axel Poniatowski s'y opposent.
Cécilia Sarkozy aurait “rendu compte” au secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qui, lui, a été auditionné en décembre par la commission d'enquête : “Nous n'avons pas souhaité tomber dans le sensationnalisme, nous estimant suffisamment informés par les auditions”, explique Axel Poniatowski.
Si il regrette des “zones d'ombre”, c'est parce que certaines personnalités étrangères n'ont pas répondu à la commission, comme Tony Blair, les autorités bulgares ou le Qatar, soupçonné d'avoir versé plusieurs millions de dollars.
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, enfonce le clou : “Les conclusions du rapport confirment que leur libération (...) est à mettre à l'actif de l'Union européenne et, pour sa conclusion (...) de la France sans que la moindre contrepartie ait été concédée”.
“Pour moi le prix de la libération, c'est la visite (du président Kadhafi NDLR) à Paris, une visite humiliante”, répond Pierre Moscovici. “Que les parlementaires UMP, probablement sur ordre de l'Elysée, refusent d'entendre ce témoin, alors là oui c'est vraiment scandaleux”.
Il n'a donc pas voté les conclusions du rapport adoptées par la commission ce matin, alors que les cinq infirmières étaient présentes à l'Assemblée. Les conclusions définitives du rapport seront rendues publiques le 5 février.
Grégoire Lecalot
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