"Honte", "dictature" : le budget réveille les sarcasmes à l'Assemblée
Les députés ont commencé lundi la discussion sur le collectif budgétaire dans un hémicycle un peu vide mais toujours aussi animé.
C'est le premier véritable texte que la nouvelle Assemblée nationale, élue le 17 juin, doit examiner. Mais les députés ne se sont pas pressés dans l'hémicycle, lundi 16 juillet, pour participer au débat sur le collectif budgétaire. Les rangs de la droite, qui a pourtant critiqué l'inconsistance de cette session extraordinaire de juillet, sont restés particulièrement clairsemés.
"Au lieu de crier, vous feriez mieux d'écouter !"
Les bonnes vieilles prises de bec entre gauche et droite n'en ont pas moins repris leurs droits. Dans son propos introductif, le ministre de l'Economie et des Finances s'en prend au bilan économique de Nicolas Sarkozy. "Le premier article de ce projet de loi consiste à rendre plus de 10 milliards d'euros de pouvoir d'achat", lance Pierre Moscovici en direction des élus UMP, évoquant la suppression "de [leur] funeste projet de TVA sociale". Applaudissements garantis à gauche, bronca à droite.
La tension monte encore d'un cran durant la longue intervention du ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui se livre à une attaque en règle contre la politique de l'ancienne majorité. Puis celle de la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, défendant la gratuité totale des soins pour les étrangers en situation irrégulière, qui n'auront plus à payer une franchise de 30 euros. Une mesure brocardée par la droite. "Au lieu de crier, vous feriez mieux d'écouter ! Vous devriez avoir honte de votre attitude", se défend-elle face à une opposition quelque peu turbulente. Des rangs de la droite retentit notamment la grosse voix grave de Patrick Balkany, qui multiplie les interventions intempestives.
Estrosi privé de micro
Les prises de parole se suivent et le jeu de rôle continue de plus belle. C'est au tour de Christian Estrosi de présenter une "motion de rejet préalable" au texte présenté par le gouvernement. Avec une bonne dose de mauvaise foi, l'ancien ministre de l'Industrie de Nicolas Sarkozy attaque : "C'est sous la présidence de François Hollande que pour la deuxième fois, on ferme une entreprise automobile en France." Le député-maire de Nice ne s'arrête plus et dépasse allègrement son temps de parole. Les socialistes font claquer leurs pupitres et la présidente de séance, Sandrine Mazetier (PS), finit par lui couper le micro. Protestation immédiate du président du groupe UMP, Christian Jacob : "Je n'ai pas le souvenir qu'on ait coupé le micro à un orateur, c'est du jamais-vu !" "Dictature !", entend-on fuser depuis un banc occupé par l'UMP.
Jérôme Cahuzac se charge de répondre à l'ancien ministre, dans un style toujours très cassant. De retour à sa place, Christian Estrosi bouillonne et les députés socialistes se lâchent. "Assume, Estrosi, assume les 500 000 emplois détruits dans l'industrie !", s'écrie l'un d'eux dans une énième vocifération. Le spectacle continue mardi et mercredi.
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