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Hollande à Florange : une visite sous le signe de la contestation

Des élus d'opposition qui s'estiment mis à l'écart, des socialistes plus que critiques, des syndicats qui obligent le cortège présidentiel à utiliser une porte détourner pour entrer sur le site des hauts-fourneaux, des agriculteurs qui profitent de la visite pour exprimer leur colère. Tout au long de sa visite en Lorraine, François Hollande a dû gérer la contestation. A distance.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (En plus de la CGT du site des hauts-fourneaux, des agriculteurs lorrains se sont faits entendre lors de la visite du chef de l'Etat © Maxppp)

"Nos fermes ne seront pas les hauts fourneaux de Moselle ". François Hollande n'en a même pas fini avec le dossier des hauts-fourneaux que les agriculteurs lorrains l'attendent avec un autre cahier de doléances. En marge du déplacement du chef de l'Etat à Florange, ils ont répandu du fumier pour manifester leur colère et leur désarroi, à quelques centaines de mètres des grands bureaux du site d'ArcelorMittal,  et dans le centre-ville de Metz, allumant aussi des feux de pneus et de paille qui ont fait planer une ambiance encore un peu plus lourde sur la visite présidentielle. Un cordon d'une trentaine de CRS coupant la route achevait le tableau. 

Porte dérobée

A l'intérieur du site, François Hollande rencontrait les syndicats CFDT et CFE-CGC, seuls à avoir paraphé l'accord entre l'Etat et ArcelorMittal. Mais pour parvenir jusqu'à cette table ronde, il a fallu emprunter des chemins détournés. En effet, une cinquantaine de militants de la CGT manifestait devant l'entrée principale des grands bureaux pour rappeler que l'Etat n'a pas pu empêcher la fermeture des hauts-fourneaux. Il a donc fallu faire passer le cortège présidentiel par une entrée secondaire. Le président s'est ensuite entretenu avec certains des 629 salariés touchés par l'arrêt de la filière liquide.

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Ce n'est pas du côté des élus que le chef de l'Etat a pu espérer trouver des sourires. Il aurait pu espérer celui d'Edouard Martin, ancien leader syndical CFDT devenu député européen affilié au groupe socialiste. même s'il reconnaît que des emplois ont été sauvés, il souligne que la fermeture des hauts-fourneaux de Florange resterait pour lui "et beaucoup d'autres une blessure ouverte " et redit qu'il ne faisait "toujours pas confiance à M. Mittal ", même si le sidérurgiste a déjà lancé 80% des 180 millions d'euros investissements sur cinq ans qu'il a promis. Pas la peine de compter sur son ancienne ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filipetti, députée socialiste de Moselle. Elle qui militait pour une nationalisation partielle du site a déploré le "manque de volontarisme " du chef de l'Etat.

Elus critiques

Si les élus socialistes sont aussi tièdes, que dire de ceux de l'UMP. Nadine Morano, députée européenne et chef de file de l'opposition régionale tire à boulets rouges sur François Hollande : "Il est venu promettre de l'argent public et d'amener de l'argent public. Il vient poser la première pierre d'une plateforme d'un centre de recherche public alors que nous avons à quelques km de là, la NASA de la recherche sur l'acier avec le centre d'Arcelor Mittal. " Le nouveau maire UMP de Florange, Michel d'Esquerre, regrette que le président ne l'ait pas intégré dès le début au protocole de sa visite. Il y voit une entorse à la courtoisie républicaine. Et il n'y trouve pas son compte en terme d'emplois sauvés : "Le dossier prioritaire serait de nous réindustrialiser un peu plus pour compenser les pertes d'emplois que l'on a subis (2000 emplois environ, ndlr) ".

François Hollande, lui, a défendu son bilan dans ce dossier. Il avance les emplois préservés. Lors de sa rencontre avec la direction et les salariés des hauts-fourneaux, il a toutefois reconnu une faiblesse à son plan : les sous-traitants, qui ont pris de plein fouet le fermeture des installations d'ArcelorMittal.

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