Remaniement : Rima Abdul Malak "a été limogée parce qu'elle avait pris des positions", dénonce l'ex-ministre de la Culture Aurélie Filippetti

L'actuelle directrice des affaires culturelles à la mairie de Paris affirme qu'Emmanuel Macron n'a pas "pardonné" à sa ministre ses prises de position sur la loi immigration et l'affaire Depardieu.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Aurélie Filippetti, directrice des affaires culturelles à la mairie de Paris et ancienne ministre de la Culture, le 19 janvier 2017 surfranceinfo. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Rima Abdul Malak "a été limogée du gouvernement parce qu'elle avait pris des positions politiques", a dénoncé vendredi 12 janvier sur franceinfo Aurélie Filippetti, directrice des affaires culturelles à la mairie de Paris et ancienne ministre de la Culture sous François Hollande. La ministre de la Culture qui a dû céder la place à Rachida Dati a exprimé ses regrets de devoir partir : "J'espérais parvenir à déjouer la malédiction qui s'est abattue sur le ministère de la Culture depuis plus de dix ans, qui fait que les ministres restent moins de deux ans. Mais cette malédiction est tenace", a déclaré Rima Abdul Malak  lors de la passation de pouvoir Rue de Valois. 

"Ce qu'on lui a fait payer, c'est bien d'avoir pris position contre la loi immigration et d'avoir surtout pris une position très forte dans l'affaire Depardieu puisqu'elle avait demandé à ce qu'on retire la Légion d'honneur à Gérard Depardieu. C’est ça que le président de la République ne lui a pas pardonné", assure-t-elle. Emmanuel Macron a ouvertement soutenu le comédien à la télévision en dépit des soupçons d’agressions sexuelles et de viol contre plusieurs femmes.

Les ministres ne sont pas des "petits soldats"

Aurélie Filippetti espère que Rachida Dati "aura sa liberté de parole" au sein du gouvernement. "Les ministres ne doivent pas être des petits soldats qui obéissent aux ordres qu'on leur donne et qui doivent défendre les intérêts de leur ministère", a-t-elle expliqué.

L’ancienne ministre socialiste a pointé "une question éthique fondamentale" après la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture.

"Je rappelle quand même que depuis la fin des années 1990, il y avait une ligne qui s'était dégagée, à gauche comme à droite, pour dire qu’un ministre mis en examen devait démissionner."

Aurélie Filippetti, ancienne ministre de la Culture

à franceinfo

"Ne serait-ce que pour que la justice puisse exercer en toute indépendance et sans qu'il y ait une tension entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif", pointe Aurélie Filippetti. Rachida Dati est mise en examen pour "corruption" et "trafic d'influence" dans l'enquête sur ses prestations de conseil auprès de l'ex-PDG de l'alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn. "Aujourd'hui, on nomme des ministres qui sont déjà mis en examen pour des faits graves. Quand il y a une mise en examen, c'est bien un faisceau d'indices", a souligné Aurélie Filippetti.

Elle a également dénoncé la proximité de Rachida Dati avec l'Azerbaïdjan : "On sait aujourd'hui que Rachida Dati a des liens assez problématiques avec l'Azerbaïdjan, qui est aujourd'hui une dictature pétrolière, avec des enjeux financiers importants", dit-elle. "Des questions éthiques se posent et des questions d'indépendance, de souveraineté", assure-t-elle.

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