"Excellente nouvelle", "traître", "mise en examen"... Les réactions à la nomination de Rachida Dati en tant que ministre de la Culture

La maire LR du 7e arrondissement de Paris et ex-ministre de la Justice arrive à la Culture, à la place de Rima Abdul Malak. Cette nomination surprise suscite de nombreuses réactions politiques.
Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Rachida Dati s'exprimant devnat le Conseil de Paris, le 22 janvier 2022. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Une figure de droite entre au gouvernement. Rachida Dati, maire Les Républicains du 7e arrondissement de Paris et ancienne garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy, rejoint l'équipe de Gabriel Attal. Sa nomination au poste de ministre de la Culture, jeudi 11 janvier, crée la surprise et n'a pas tardé à faire réagir l'ensemble de la classe politique.

LR, un parti divisé sur sa nomination

Les Républicains, la famille politique de Rachida Dati, ne réagit pas d'une seule et même voix. Eric Ciotti a annoncé l'exclusion du parti de l'ancienne ministre de la Justice, dans la foulée de sa nomination. "Nous sommes dans l’opposition, nous tirons donc les conséquences de son choix avec regret", écrit le patron des Républicains dans un communiqué. Le député du Rhône Alexandre Vincendet a de son côté salué sur franceinfo une "excellente nouvelle" et "une personnalité de grande qualité." 

L'extrême droite acte le rapprochement entre Les Républicains et Renaissance

"Critique virulente de Macron hier, Rachida Dati le rejoint aujourd'hui", raille sur X Laure Lavalette, porte-parole du Rassemblement national à l'Assemblée nationale. Il s'agit d'un "jeu de chaises musicales où les ministres retombent sur le même siège", écrit la députée du Var, qui critique le nouveau Premier ministre Gabriel Attal. Selon elle, il "invente le remaniement sans changement", alors que "pendant ce temps, les factures d'électricité des Français continuent d'augmenter".

Les "LR sont des traîtres tout court", ironise pour sa part Éric Zemmour. Le président du parti Reconquête ! poste un message sur X et une capture d'écran de Rachida Dati, déclarant le 21 juin 2021 sur France Inter : "La République en Marche c'est quoi ? Un parti de traîtres de gauche et de traîtres de droite, qui n'est rien sans Emmanuel Macron." Elle s'exprimait alors dans la foulée des élections régionales. Pour Marion Maréchal, candidate de Reconquête ! aux Européennes, sur X, "la dissolution de LR dans le macronisme est achevée".

La gauche souligne sa mise en examen

La gauche rappelle presque unanimement que l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati est mise en examen pour "corruption passive", "trafic d'influence passif" et "recel d'abus de pouvoir" depuis 2021 dans l'enquête sur ses prestations de conseil auprès de l'ex-PDG de l'alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn. "Trahison et mise en examen pour corruption, tous les critères étaient remplis pour intégrer un gouvernement qui a mis en exergue la République exemplaire", réagit sur X le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure

Pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, "ça part à droite toute". Le sénateur communiste Ian Brossat souligne, lui, le paradoxe de cette nomination en rappelant que "Rachida Dati fustigeait les élus de droite qui partaient en Macronie : trahison, absence de colonne vertébrale. Qui imaginait alors que c’était un autoportrait ?", interroge-t-il.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, "souhaite bon courage aux acteurs du monde de la Culture compte tenu des épreuves qu’ils vont traverser". Rachida Dati était jusqu'ici à la tête de l'opposition de droite à la mairie de Paris.

Son prédécesseur Frédéric Mitterrand salue sa "force peu commune"

"C'est une bonne idée parce que le ministère de la Culture est un ministère qui a besoin de réformes profondes", affirme Frédéric Mitterrand, ancien ministre à ce poste sous Nicolas Sarkozy. "Avec Rachida Dati, il va se passer quelque chose", veut-il croire. "Le ministère de la Culture est un ministère qui suscite l'attention en permanence, avec Rachida Dati il y a une force peu commune. Elle a vraiment l'énergie, la capacité de défendre une culture plus populaire, moins élitiste, moins germanopratine. Je pense aussi qu'elle saura se faire entendre à la fois de Gabriel Attal et du président de la République, parce qu'on ne marche pas sur les pieds de Rachida Dati", assure Frédéric Mitterrand.

Des ONG offusquées

Sur X, l'association altermondialiste Attac ironise de voir Rachida Dati devenir à nouveau ministre. "Étant déjà mise en examen pour 'corruption' et 'trafic d’influence', Rachida Dati n'aura aucun mal à s'intégrer à ce gouvernement. À croire que c'est un pré-requis pour être ministre de Macron", se désole l'association. Du côté d'Anticor, association de lutte contre la corruption, le constat est cynique : "Le gouvernement continue de trahir la promesse d'exemplarité faite en 2017 par le président aux électeurs".

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