Retour d'enfants de jihadistes français : "J'espère, en tant que grand-mère, les serrer dans mes bras"
Des grands-parents se disent prêts à accueillir les enfants des jihadistes français détenus par les Kurdes en Syrie, s'ils sont autorisés à revenir en France.
Opposé dans un premier temps, l'État envisage désormais de rapatrier les jihadistes français détenus par les forces kurdes en Syrie. C’est ce qu’a confirmé jeudi 31 janvier, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. Cette annonce a été accueillie avec soulagement par les familles de jihadistes qui espèrent revoir rapidement leurs enfants et petits-enfants.
Lydie et Patrice Maninchedda font partie de ceux qui retrouvent un peu d'espoir. Ils s'étaient déjà mobilisés avec une dizaine d'autre familles en septembre 2018, à Paris, pour alerter l'opinion sur le sort des jihadistes détenus en Syrie, à l'image de leur fille, Julie, partie il y a plus de quatre ans. "Malheureusement, je n'ai plus de nouvelles, raconte Lydie à franceinfo. Je ne sais pas si elle est encore en vie ou si elle a été arrêtée."
Des petits-enfants inconnus
Lydie n'a pas de nouvelles non plus de ses trois petits-enfants qu’elle ne connaît pas et dont elle espère désormais un retour rapide. "J'espère, en tant que grand-mère, les serrer dans mes bras et leur donner tout l'amour que je n'ai pas pu leur donner jusqu'à présent." Elle ne sait pas si ses petits-enfants font partie des personnes qui pourraient être rapatriés, mais elle se dit prête à les accueillir. "On voudrait les récupérer le plus rapidement possible. Si ma fille fait partie des femmes qui vont rentrer avec leurs enfants, oui, je voudrais me positionner, assure Lydie. Et puis je pourrai m'occuper d'eux quand leur mère aura à répondre de ce qu'elle a fait ou pas devant la justice française."
Ce rapatriement des enfants de jihadistes français, cela fait des mois que le collectif "Familles unies" le demande. Dans un message adressé à Emmanuel Macron, à la fin du mois de décembre, il s’inquiétait déjà du sort réservé à leurs petits-enfants. Le message est resté sans réponse, tout comme les nombreuses lettres envoyées à différents ministres ou aux députés européens.
Le bien supérieur de l'enfant, est-ce que ce n'est pas aussi le lien familial ? Ce lien ne doit pas être rompu. Il y a des grands-parents tout à fait aptes à prendre le relais.
Véronique Royà franceinfo
Véronique Roy, fondatrice de "Familles unies", se réjouit de l’annonce de ces rapatriements, mais espère surtout qu’ils vont enfin être associés à ce retour par le gouvernement. "On doit faire partie des personnes qui interviennent autour d'une table", demande celle qui milite pour que les grands-parents récupèrent leurs petits-enfants. "Ils vont être séparés de leur mère ou parfois de leur père, quand ils sont encore ensemble, alors ne leur imposons pas un traumatisme de plus, en les mettant dans une famille inconnue. Moi, ça me paraît très grave de faire ça. Ces gamins-là vont avoir besoin d'énormément d'amour."
Les familles attendent désormais de connaître très vite les noms des enfants qui vont être rapatriés. On ignore combien d’entre eux sont aujourd’hui détenus par les forces kurdes.
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