"On se soucie très peu des services publics dans nos communes" : les campagnes se sentent oubliées par le gouvernement
Entre un recul des services publics et des budgets toujours plus serrés, les communes rurales ont l'impression d'être délaissées par l'exécutif.
Depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, les relations avec les collectivités locales sont houleuses. Entre la baisse des dotations, la suppression de la taxe d'habitation, la fermeture de services publics ou encore la limitation de la vitesse à 80km/h, les motifs de friction entre les collectivités et le chef de l'Etat sont nombreux. Les démissions de maires ont grimpé de 55% par rapport à la précédente mandature. Sentiment d'impuissance, marge de manœuvre limitée, beaucoup d’élus ruraux se sentent aujourd'hui délaissés par l’Etat.
Assis sous la tonnelle de sa boutique, Jean-François Viala domine la vallée du Galeizon, dans les Cévennes. Voilà trois ans qu’il a repris la gérance de ce commerce, le seul installé à Saint-Martin-de-Boubaux, commune de 180 habitants. À la fois bar, restaurant et épicerie, il est surtout le lieu de rencontre des habitants et des quelques randonneurs.
Nous, on se sent oubliés ici
Un commerçant des Cévennes
Si le cadre est idyllique, le quotidien l’est un peu moins. "Dès qu'il y a le moindre problème avec un orage, que ce soit sur internet ou sur le courant électrique, ce n'est jamais réparé dans l'immédiat, raconte Jean-François Viala.
L'année dernière, la commune est restée plusieurs mois sans réseau mobile ni internet. "D'octobre 2016 à mars 2017, six mois avec un réseau perturbé à 95%, poursuit-il. J'ai eu des réservations avec trois jours de retard, des gens qui appelaient en me reprochant de ne pas répondre. Au niveau commerce, j'ai perdu un peu de clientèle".
Un recul des services publics
Depuis le 31 mai dernier, à la suite d'un orage, le bureau de poste de Saint-Martin-de-Boubaux a tout simplement fermé, faute de connexion. Une fermeture inadmissible pour Alain Louche, le maire communiste. "Le guichet ne fonctionne plus depuis cette date-là et je ne sens pas une volonté effrénée de la part de la direction de la Poste de rétablir tout ça, raconte l'élu. Je suis intimement convaincu que l'idée est de faire des économies sur notre dos et qu'on se soucie très peu du fonctionnement de ce service dans notre commune. L'Etat a un rôle à jouer là-dedans, il pourrait mettre en avant la notion de service public plus qu'il ne le fait."
Or ces services publics sont indispensables pour maintenir la vie économique des villages, explique Gérard Lamy, le maire de Saint-Germain-de-Calberte, une commune voisine plus touristique. "Pour nous, avoir de l'argent liquide, avoir la possiblité de le retirer, de le déposer, c'est faire tourner tout le commerce, explique-t-il. Le monde rural fait partie de l'originalité de la culture française, de la République et donc doit être traité comme tout le monde, ce qui n'est pas le cas."
Gérard Lamy s'inquiète d'un retour en arrière de l'Etat qui selon lui, contrôle et recentralise, au lieu d'être dans une relation constructive avec ses collectivités.
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