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Ce qu'il faut retenir de l'interview de François Hollande sur France Inter

Pas d'initiatives nouvelles annoncées, mais un ton volontaire et un président de la République qui vante les réformes déjà engagées. Style, principales déclarations et sujets de fond... francetv info a relevé les temps forts de cet entretien.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le président de la République, François Hollande, arrive dans le studio de France Inter, le 5 janvier 2015.  (REMY DE LA MAUVINIERE / AFP)

Une rentrée médiatique en fanfare pour reconquérir l'opinion publique. Après ses vœux depuis l'Elysée, François Hollande a accordé, lundi 5 janvier, une interview de deux heures à France Inter. Le président de la République a défendu mordicus sa politique, et vanté les réformes déjà engagées, en espérant réveiller l'espoir d'une sortie de crise.

Chômage, loi Macron pour l'activité et la croissance, crise identitaire, écologie... le chef de l'Etat a souhaité montrer qu'il se battait sur tous les fronts, et a assuré un service après-vente minutieux de sa ligne politique. Voici ce qu'il faut retenir de l'interview de François Hollande.

Le style : combatif

D'emblée, le président a pris ses responsabilités en reconnaissant l'échec de sa politique de lutte contre le chômage. "Je ne vais pas dire que le chômage est la faute des étrangers, de la crise. Il y a une responsabilité, celle que j'assume", a-t-il dit. Mais une fois passé ce mea culpa, Hollande a défendu pied à pied ses réformes, affirmant mener les changements nécessaires pour "créer durablement de l'emploi" , se disant prêt à prendre "tous les risques" pour parvenir à ses fins.

François Hollande "assume" la responsabilté des mauvais chiffres du chômage (FRANCE INTER)

Et comment faire reculer durablement le chômage ? "Je ferai tout pour que la croissance soit la plus haute possible, pour que nous ayons plus de 1% de croissance", la prévision du gouvernement pour 2015, a expliqué le chef de l'Etat. Offensif et combatif, il a poursuivi : "Je changerai tout ce qui bloque, empêche, freine et nuit à l'égalité et au progrès." 

La phrase : "Nous verrons à la fin si j'ai pris le bon chemin"

François Hollande a-t-il pris "le bon chemin" pour redresser la France ? "Nous le verrons à la fin, parce qu'un chemin, c'est là où il conduit, et je fais tout pour que la France soit plus forte et plus juste à la fin de mon quinquennat", a répondu aux journalistes le président, renvoyant à 2017.

François Hollande : "Est-ce que j'ai pris le bon chemin ? Nous le verrons à la fin" (FRANCE INTER)

Interrogé sur la conformité de sa politique avec ses engagements de campagne et l'orientation de sa famille politique de gauche, le président a répondu : "C'est un chemin qui fait en sorte que nous puissions donner autant de force qu'il soit possible à notre économie sans mettre en cause les valeurs républicaines et le modèle social."

Le couac : "La loi Macron, ce n'est pas la loi du siècle"

Voulant dédramatiser l'opposition de son propre camp à la loi Macron, le président de la République s'est embrouillé. Cette loi, qui regroupe des initiatives hétéroclites allant des voyages en bus au travail du dimanche en passant par les tarifs des notaires, suscite l'opposition des députés PS frondeurs, de Cécile Duflot ou encore du Front de gauche.

Après avoir longuement défendu cet texte qui sera débattu fin janvier à l'Assemblée nationale, François Hollande a expliqué que la loi Macron, "ce n'est pas la loi du siècle". Avant de se rattraper, dans un échange vif avec les journalistes de France Inter. "C'est une loi pour le siècle prochain, pourquoi ne pas se donner tous les atouts pour avancer ?", s'est-il interrogé. "C'est une loi de liberté et une loi de progrès", a-t-il martelé. "Une seule loi ne va pas régler tous les problèmes de l'économie française", a ajouté Hollande.

La loi Macron "c'est pas la loi du siècle" selon François Hollande (FRANCE INTER)

Le fond : le service après-vente de ses réformes

Le président a multiplié les explications de texte sur ses réformes. En voici un florilège. 

Loi Macron. Interrogé sur les dimanches travaillés, il a rappelé qu'avec cette loi, "il y en aura 12", dont "7 à la disposition des maires". François Hollande a aussi souligné qu'"il y a déjà beaucoup de monde qui travaille le dimanche" et qu'il ne peut "pas y avoir d'ouverture le dimanche s'il n'y a pas de compensation".

Fiscalité. "Si la croissance est un peu supérieure" en 2015 à la prévision officielle de 1%, "cela ira à la réduction des déficits", a dit le chef de l'Etat. Si cela "se confirmait en 2016 ou en 2017, (...) nous verrions ce que nous pourrions faire en termes de baisse de prélèvements", a promis le chef de l'Etat. 

Notre-Dames-des-Landes. Le projet d'aéroport vivement contesté, près de Nantes, sera "lancé", a affirmé le chef de l'Etat. "Ce projet est contesté, il y a des recours. Tant que les recours ne sont pas épuisés, le projet ne peut pas être lancé. Quand les recours seront épuisés, le projet sera lancé."

Crise identitaire. Y a-t-il une crise identitaire en France ? "Oui, il y en a une", "et depuis longtemps. Oui, et elle est grave. Oui, et elle pèse lourdement car l'environnement est menaçant. Il faut donc avoir les nerfs solides, la pensée ferme et une forme de conviction républicaine", a dit le président. "Ce n'est pas un combat politique ordinaire, celui que je mène, c'est un combat essentiel pour la France : est-ce qu'elle tient debout, est-ce qu'elle avance, est-ce qu'elle se ferme, est-ce qu'elle invente des lignes Maginot, est-ce qu'elle trouve un ennemi de l'intérieur ? Je refuserai cette évolution", a précisé François Hollande.

Taxe sur les transactions financières. La taxe sur les transactions financières en Europe est une promesse de campagne du candidat Hollande qui peine à voir le jour. Elle reste toujours d'actualité. Le chef de l'Etat a réclamé une mise en place de cette taxe "pour 2016, au plus tard 2017", dans les onze pays européens volontaires, en la dotant d'une "assiette la plus large possible". Il a dit souhaiter que cette taxe soit "mise au service du climat, de la lutte contre le réchauffement climatique", alors que Paris accueillera la conférence sur le climat en décembre.

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