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Naturalisation de 28 tirailleurs sénégalais à l'Élysée, la "réparation d'une injustice"

Pour la première fois, samedi, 28 tirailleurs sénégalais sont naturalisés lors d'une cérémonie à l'Élysée. franceinfo a rencontré l'un d'eux, Ndongo Dieng, qui s'était engagé en tant que volontaire en 1954. À ses yeux, il  n'a jamais cessé d'être Français.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Rolland
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le colonel Ndongo Dieng, l'un des 27 tirailleurs sénégalais naturalisés français le 15 avril 2017 lors d'une cérémonie à l'Élysée. (ANTOINE ROLLAND / RADIO FRANCE)

Ils venaient des colonies françaises et se sont battus aux côtés de la France. Samedi 15 avril, 28 tirailleurs sénégalais (de nationalité sénégalaise, congolaise, centrafricaine et Ivoirienne) doivent être naturalisés lors d'une cérémonie à l'Élysée, en présence de François Hollande. C'est la première fois qu'ils obtiennent leur décret de naturalisation de cette manière. Ces tirailleurs appartiennent à la "dernière génération" d'une longue lignée de combattants africains engagés volontaires ou enrôlés d'autorité dans les rangs de l'armée française. Aujourd'hui, ils sont moins de mille à être toujours en vie. 

"Quand je me suis engagé en tant que volontaire en 1954, explique Ndongo Dieng, l'un des 28 naturalisés, c'était pour défendre la mère-patrie, la France." De 1956 à 1958, il fait la guerre d'Algérie, "un vrai conflit dur", se souvient cet octogénaire. Aujourd'hui, le colonel Ndongo Dieng retrouve la nationalité française plus de 50 ans après l'avoir perdue, lors de l'indépendance du Sénégal. Pour lui, c'est la "réparation d'une injustice". 

Après tout, nous étions Français à l'époque !

Ndongo Dieng, tirailleur sénégalais

à franceinfo

D'ailleurs, il n'a jamais cessé d'être Français à ses yeuxSa famille a payé un lourd tribut aux guerres françaises : "Mon grand père est mort en 14-18 pour la France et mon père a combattu en 39-45 pour la France".

Après l'indépendance en 1960, il demande la nationalité française, en vain. Il rejoint alors l’armée sénégalaise naissante avec laquelle il s'est rendu sur une trentaine de théâtres d'opérations en Afrique jusqu'en 1992. Sur son torse, Ndongo Dieng arbore fièrement ses nombreuses décorations. Parmi elles : l'ordre national du Lion, la plus haute distinction sénégalaise, et la Croix du combattant volontaire, une médaille française.

"L'acte de courage" de François Hollande

Ndongo Dieng vient du foyer social de Bondy, en Seine-Saint-Denis. Il doit son obtention de nationalité à Aïssata Seck, adjointe socialiste à la mairie de Bondy et elle-même petite-fille de tirailleur. En décembre 2016, excédée par les procédures de naturalisation trop lourdes, elle lance une pétition et recueille 60 000 signatures, dont celles de nombreuses célébrités comme Jamel Debouzze. François Hollande s'empare du sujet et donne les ordres pour simplifier les procédures. "C'était l'homme de la situation, juge Ndongo Dieng. Ce qu'il a fait, c'est un grand acte de courage."

Cet "acte" n'est pas que symbolique : il va permettre à ces tirailleurs sénégalais de toucher plus facilement leurs allocations vieillesse. Mais pour Ndongo, cela signifie aussi un retour à la maison : "Nous sommes comme des enfants qui ont fugué. Nous avons suivi des horizons différents et maintenant nous retrouvons notre famille."

La naturalisation française est la "réparation d'une injustice" : Ndongo Dieng, tirailleur sénégalais, au micro d'Antoine Rolland pour franceinfo

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