François Hollande recule-t-il sur les retraites ?
Les écologistes et la droite reprochent au candidat PS de ne pas tenir ses engagements sur l'âge de départ à la retraite.
Eclipsés par son annonce sur la renégociation du traité européen, les propos de François Hollande sur l'âge de départ à la retraite, lundi 12 décembre sur RTL, sont passés quasi-inaperçus. Le lendemain, pourtant, ses partenaires d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et la majorité ont accusé le candidat socialiste de revenir sur les promesses faites durant la primaire. FTVi fait le point.
• Ce qu'a dit Hollande lundi
"Ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui auront fait 41 années de cotisations, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n'ont pas leur durée de cotisations ne le pourront pas", a affirmé lundi le candidat socialiste à la présidentielle au micro de Jean-Michel Aphatie.
"Après, il y aura une négociation, car de toute manière il faudra revenir sur la réforme des retraites", a-t-il ajouté, soulignant que ces discussions porteraient notamment sur la pénibilité du travail, évoquée dans l'accord entre EELV et le Parti socialiste.
• Comment les écologistes ont-ils réagi à ces propos ?
Pour le député EELV Noël Mamère, qui s'est exprimé mardi à l'Assemblée, François Hollande s'est "éloigné" de la position des Verts sur l'âge légal de départ à la retraite. "Nous sommes sur cette ligne de crête qui est pour nous incontournable : l'âge légal doit être celui de 60 ans. Hollande s'est éloigné de notre position. C'est à nous de savoir ce que nous aurons à faire le moment venu, c'est-à-dire au soir du premier tour", a-t-il prévenu.
"Le programme d'Europe Ecologie-Les Verts est très clair, a poursuivi l'ancien candidat à la présidentielle de 2002, il prévoit de fixer l'âge légal de la retraite à 60 ans et revoir ce qui a été prôné par le gouvernement et ensuite voté, notamment sous l'axe des emplois pénibles."
• Qu'en pense la droite ?
La majorité présidentielle a sauté sur l'occasion pour dénoncer ce qu'elle estime être une inconstance du candidat PS. Mardi à la mi-journée, François Fillon a accusé François Hollande, devant les députés UMP, d'avoir "menti sur la retraite à 60 ans" et de s'apprêter "à ne pas respecter ses engagements".
Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l'UMP, s'est pour sa part étonnée "du nouveau changement de position" d'Hollande, ironisant sur le fait que "de retraits en reculs", le candidat PS "démontre la solidité de ses convictions".
• Comment se défend le camp Hollande ?
"Non", il n'y a pas de changement de ligne de la part de François Hollande, a répliqué mardi le président du groupe PS à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, qui estime que le candidat "ne fait que redire ce qu'il a déjà dit" pendant la primaire socialiste. "C'est clair, a-t-il martelé, toutes les personnes qui ont leurs années de cotisations, 41 et demi, et ont l'âge de 60 ans et qui sont obligées d'attendre deux ans pour partir à la retraite, pourront partir l'année prochaine."
Interrogé sur le même sujet dans les couloirs de l'Assemblée, Pierre Moscovici, directeur de la campagne de François Hollande, a affirmé que "ce que dit François Hollande, c'est ce qu'il dit depuis longtemps".
• Qu'avait dit Hollande pendant la primaire ?
Lors du débat face à Martine Aubry le 12 octobre, François Hollande avait déclaré : "La première décision que je prendrai sur cette question des retraites, c'est de permettre à ceux qui ont cotisé 41 années et qui ont 60 ans de partir. Ça veut dire qu'on rétablira l'âge légal."
En revanche, il y a bien une divergence concernant le cas de ceux qui n'ont pas cumulé 41 annuités de cotisations. Lors du débat avec Aubry, Hollande avait assuré qu'ils pourraient partir en retraite à 60 ans "mais [qu']ils aur[aie]nt une décote". Le 12 décembre, le candidat PS a affirmé que ceux-ci ne pourraient pas du tout prendre leur retraite à 60 ans.
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