François Hollande à la recherche du bon tempo
A force de se démarquer d'un Nicolas Sarkozy omniprésent, François Hollande paie dans les sondages ce que les Français considèrent comme de l'immobilisme.
POLITIQUE - Les Français le savaient avant de le porter au pouvoir : François Hollande serait un président "normal", à l'opposé de "l'hyperprésident" que fut Nicolas Sarkozy. Cette posture, le nouveau chef de l'Etat en a usé et abusé durant ses quatre premiers mois de présidence. Il en subit désormais le contrecoup : face à la crise, François Hollande paraît trop effacé, ce qui commence à lui coûter de précieux points dans les sondages de popularité.
Vendredi 31 août, en déplacement à Châlons-en-Champagne (Marne), François Hollande a entamé une rentrée médiatique qui le mènera sur le plateau du JT de TF1 le 9 septembre, veille d'une rentrée parlementaire avancée de deux semaines. Un retour sur le devant de la scène qui n'a pas totalement dissipé le procès en immobilisme intenté par ses détracteurs. François Hollande n'a pas fait d'annonce choc. "Je prendrai les décisions dans un calendrier ordonné, en respectant les rythmes du Parlement et le dialogue social", a-t-il martelé vendredi, contraint d'assumer le rythme apaisé qu'il s'est fixé.
Les Français impatients
Cette explication suffira-t-elle à rassurer les Français ? "Depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, l'opinion s'est habituée à ce que le président intervienne beaucoup. Dans l'esprit des Français, nous sommes encore dans cette ère où le président est encore le personnage principal", décrypte pour FTVi Christian Delporte, professeur d'histoire contemporaine et spécialiste de la communication politique.
Jean-Marc Ayrault ne semble pas encore s'être imposé comme l'homme qui tient la barre du bateau France. C'est pourtant bien le rôle que François Hollande souhaiterait le voir occuper. "La mission de président de la République, a-t-il énoncé à Châlons-en-Champagne, c'est de conduire notre pays pour qu'il fasse des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction. Et c'est au gouvernement, sous l’autorité de Jean-Marc Ayrault, de mettre en œuvre cette orientation."
En attendant, les Français s'impatientent. "Le changement, c'est pour quand ?" ont écrit des militants CGT sur leurs banderoles en accueillant le président. "Hollande s'est peut-être rendu compte qu'il était allé trop loin dans sa stratégie de non-communication. Mais il a fini par comprendre que se contenter de prendre le contrepied de Sarkozy ne permettait pas de combler les attentes", avance le communicant Bastien Millot. Reste maintenant à se trouver un vrai cap, à inventer sa propre communication.
Coincé entre deux calendriers
François Hollande n'est pour l'instant pas prêt à renverser la table et à changer radicalement de stratégie. "L'action que je conduis s'inscrit dans la durée du mandat qui m'a été confié par les Français : non pas sur trois mois, pas davantage sur douze mois mais sur cinq ans. Mais en même temps, a-t-il déclaré, il n'y a pas de jours à perdre. Tout compte. Trop de retards ont été pris. Trop d'urgences nous assaillent. Trop de périls nous menacent."
Une précision qui s'adresse directement à une opinion publique abreuvée jour après jour de mauvaises nouvelles économiques, qui comprend mal que les responsables politiques ne fassent pas feu de tout bois pour endiguer la crise. "Il y a une très grande impatience qui ne correspond pas au rythme d'un éventuel retour de la croissance", juge Christian Delporte.
Pour l'éditorialiste de France Inter Thomas Legrand, "les politiques sont confrontés à deux calendriers contradictoires, à deux échelles du temps concurrentes. La leur, celle de la réforme, de la fabrication des lois, c'est-à-dire de la démocratie, et la nôtre, celle des médias et de la fabrication de l’info, c'est-à-dire de la démocratie d'opinion". Toute la difficulté pour François Hollande est de relégitimer la première, quand son prédécesseur s'était engouffré jusqu'à l'excès dans la seconde.
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