Présidentielle : les candidats aux primaires ont-ils tenu parole et soutenu le vainqueur ?
A gauche, Manuel Valls a refusé de parrainer Benoît Hamon. A droite, Bruno Le Maire a lâché François Fillon après l'annonce de sa mise en examen. Franceinfo a fait le tour des anciens candidats pour voir s'ils avaient respecté leur engagement.
"Les électeurs de la primaire de la gauche se sentent trahis." Benoît Hamon a vivement critiqué, mardi 14 mars, le choix de Manuel Valls, qui a décidé de ne pas le parrainer. Le candidat socialiste a notamment souligné l'importance du "respect de la parole donnée". Car les différents participants aux primaires, à droite comme à gauche, se sont soumis à un règlement. Pour la primaire de la gauche, y figurait l'obligation de "prendre une part active dans la convention d’investiture en soutenant le ou la candidat(e) investi(e)". Du côté de la droite, les candidats avaient accepté de "soutenir publiquement le candidat à la présidence de la République désigné à l’issue de la primaire et à prendre part à sa campagne". Alors quels sont les candidats qui ont tenu parole ? Franceinfo fait le tour des anciens prétendants à l'Elysée.
Manuel Valls
S'il s'était engagé à soutenir le vainqueur de la primaire de la gauche, l'ancien Premier ministre n'en a rien fait. Mardi 14 mars, il a indiqué qu'il ne souhaitait pas apporter son parrainage à Benoît Hamon. S'il ne soutient pas pour autant (pour l'instant) Emmanuel Macron, Manuel Valls a affirmé qu'il ne pourrait pas "assumer autant de contradictions" chez le candidat socialiste, mentionnant notamment l'accord conclu entre son ex-rival et l'écologiste Yannick Jadot.
Sylvia Pinel
Soutenir Benoît Hamon ou Emmanuel Macron ? Après quelques semaines d'hésitation, Sylvia Pinel s'est décidée. Le Parti radical de gauche (PRG), dont elle est présidente, s'est réuni mercredi 15 mars et a trouvé un accord programmatique et législatif avec Benoît Hamon. A la base de cet accord, une lettre d'engagement de Benoît Hamon dans laquelle il répond aux exigences de Sylvia Pinel. Cette dernière "respectera l'engagement contracté au moment de sa candidature" à la primaire du PS et ses alliés. Une source interne au parti a toutefois précisé à l'AFP que le PRG ne s'impliquerait probablement pas dans la campagne.
Vincent Peillon
Une recrue motivée. Vincent Peillon est aux côtés de Benoît Hamon depuis sa victoire à la primaire. "Je salue la nette victoire de Benoît Hamon. J'en appelle au rassemblement le plus large possible et j'y prendrai toute ma part", avait-il écrit au soir des résultats. L'ancien ministre de l'Education ne cesse ainsi de demander aux socialistes de maintenir leur "unité, quoi qu'il se passe dans l'intérêt du pays et dans l'intérêt de [leur] famille politique".
François De Rugy
Le fondateur du Parti écologiste, qui avait obtenu 3,82% des voix au premier tour de la primaire de la gauche, a annoncé le 22 février son soutien à Emmanuel Macron. Il a reproché à Benoît Hamon de chercher à "reconstituer une forme de gauche rouge-verte" en concluant un accord avec Yannick Jadot et en tentant de se rapprocher de Jean-Luc Mélenchon. "Moi, ce n'est pas du tout le rassemblement tel que je le concevais. J'avais dit le rassemblement de la gauche, des progressistes, dans lesquels j'incluais Emmanuel Macron", a-t-il justifié.
Un choix critiqué par la Haute Autorité des primaires citoyennes. Dans un communiqué publié le 23 février, elle a "déploré" ce soutien au candidat d'En marche !. "La Haute Autorité constate qu'un tel revirement est inédit dans une primaire, et déplore cette attitude contraire au principe de loyauté et à l'esprit même des primaires dont l'engagement principal consiste à soutenir le candidat sorti vainqueur", écrit-elle.
Arnaud Montebourg
"Cher Benoît, bravo pour cette belle et large victoire. Le rassemblement de la gauche a commencé, et doit se poursuivre", avait déclaré Arnaud Montebourg au lendemain de la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche. L'ancien ministre du Redressement productif a pris une place importante dans la campagne du candidat, devenant notamment "haut représentant auprès de Benoît Hamon chargé des relations internationales". Il a également condamné ceux qui ne lui apportaient pas leur soutien, rappelant les engagements de la primaire. "La loyauté vis-à-vis de ce qu'a été cette primaire justifie que je sois au rendez-vous de cette candidature", a-t-il souligné.
Jean-Luc Bennahmias
Lui est "pleinement derrière Benoît Hamon. Sans état d'âme". C'est ce qu'a déclaré sur Twitter, avant même les résultats officiels du second tour de la primaire de la gauche, Jean-Luc Bennahmias. Depuis, le président du Front démocrate a émis quelques réserves. Dans une interview accordée à BFMTV le 1er mars, il a notamment dénoncé l'accord signé entre Yannick Jadot et Benoît Hamon. "On n'a rien validé", regrette-t-il. Dans cet entretien, Jean-Luc Bennahmias a demandé à son candidat "si la Belle alliance populaire qui a organisé cette primaire continue à exister réellement, et si on prend en compte réellement l’ensemble de ceux qui y ont participé".
Nicolas Sarkozy
Pour ce qui est de la primaire de la droite, mêmes hésitations, dues en grande partie aux affaires qui troublent la campagne de François Fillon. Dans ce climat, Nicolas Sarkozy a joué le rôle de l'homme de l'ombre. S'il ne s'est que très rarement exprimé publiquement, il n'a pas lâché le candidat. "Tiens bon, on est derrière toi", aurait-il notamment dit à François Fillon après l'annonce de sa mise en examen. Preuve de son implication dans la campagne, nombre de ses soutiens font partie de la nouvelle équipe de campagne de François Fillon. On peut citer François Baroin, Luc Chatel ou encore Christian Jacob.
Nathalie Kosciusko-Morizet
"Autant j'ai une parole libre, autant je n'ai qu'une parole. Mon soutien à François Fillon est total", a quant à elle affirmé Nathalie Kosciusko-Morizet dans un entretien au Figaro (article payant) le 9 mars. "Lors de la primaire, j'ai pris l'engagement public de soutenir notre candidat, et depuis j'ai maintenu mon soutien constamment", a-t-elle ajouté, affirmant que sa victoire à la primaire de la droite lui réservait la place de "candidat légitime".
Alain Juppé
Un soutien plus discret. Alain Juppé a accordé son parrainage à François Fillon, vendredi 10 mars. Il ne s'est pourtant qualifié que de "simple passager" dans le "navire" de l'équipe de campagne. Peu avant en effet, le maire de Bordeaux avait fustigé "l'obstination" du vainqueur de la primaire de novembre 2016, déterminé à poursuivre sa campagne en dépit des affaires. "Merci à Alain Juppé de son soutien clair et de son élégance. C'est tous ensemble que nous redresserons le pays", a quand même répondu François Fillon.
Jean-François Copé
"Je pense comme lui que ce qui a pu nous diviser dans le passé est infiniment moins important que ce qui doit demain nous rassembler autour de lui, pour notre pays", a quant à lui déclaré Jean-François Copé sur Facebook, le 27 novembre 2016. Un soutien qu'il a réaffirmé sur son blog le 9 mars : "Si nous ne voulons ni repartir avec cinq ans de macron-hollandisme, ni offrir la France au FN, le seul choix est de s’engager à fond derrière François Fillon." Le maire de Meaux n'a toutefois pas participé au rassemblement du Trocadéro autour de François Fillon, dimanche 5 mars.
Bruno Le Maire
Il a décidé de quitter l'équipe. "Je démissionne de mes fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales de la campagne de François Fillon", a annoncé Bruno Le Maire, le 1er mars après l'annonce de la mise en examen du candidat de la droite à la présidentielle. Il a ensuite soutenu une candidature d'Alain Juppé, "le candidat le plus naturel", comme il l'expliquait dans Le Figaro (article payant).
Jean-Frédéric Poisson
Je te soutiens un peu, beaucoup, passionnément. Jean-Frédéric Poisson a affirmé, le 13 février, qu'il glisserait "un bulletin qui portera le nom de François Fillon" au second tour de l'élection présidentielle. "Même s'il n'est pas au deuxième tour, je l'écrirai à la main", a-t-il ajouté en plaisantant. Le président du Parti chrétien-démocrate a toutefois jugé la décision de François Fillon de se maintenir malgré sa mise en examen "extrêmement étonnante".
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