Pourquoi la manifestation de dimanche au Trocadéro peut sauver ou tuer la candidature de François Fillon
Les organisateurs du rassemblement, qui aura lieu place du Trocadéro à Paris, espèrent pouvoir compter sur 45 000 militants.
Ce week-end est crucial pour François Fillon. En dépit des défections et des pressions pour qu'il cède sa place à Alain Juppé, le candidat Les Républicains à l'élection présidentielle a appelé, vendredi 3 mars, ses partisans à "résister." Dans la soirée, son équipe de campagne a enfoncé le clou en communiquant l'agenda du candidat jusqu'à jeudi, sous-entendant qu'il n'avait aucunement l'intention de se retirer.
Pourtant, les observateurs de la campagne ainsi que les proches de François Fillon s'accordent à dire que l'ampleur de la mobilisation à la manifestation de soutien prévue dimanche à Paris sera décisive. "Je vous attends nombreux dimanche à 15 heures place du Trocadéro, pour montrer, aux yeux de tous, ce qu'est la volonté des militants de la France", a lancé François Fillon à ses partisans dans une vidéo postée sur Twitter en début de soirée.
Je vous attends nombreux dimanche à 15h place du Trocadero, pour montrer, aux yeux de tous, ce qu’est la volonté des militants de la France. pic.twitter.com/tr2kAPQAM1
— François Fillon (@FrancoisFillon) March 3, 2017
Parce qu'elle permettra de jauger ses soutiens
"Il faut remplir la place du Trocadéro, c'est à peu près 45 000 personnes", a déclaré samedi sur franceinfo Pierre Danon, l'un des principaux organisateurs du rassemblement. "On a confiance, on pense que ça devrait pouvoir le faire", a ajouté le président du Conseil national de la société civile de François Fillon, évoquant la mobilisation d'une centaine d'autocars venus de plusieurs régions de France.
"Je lance un appel aux gens qui veulent venir nous aider au QG de François Fillon où, c'est vrai, il y a un peu de place", a-t-il encore souligné, en appelant à la bonne volonté des militants.
Pierre Danon a également expliqué qu'il ne s'agissait pas d'un rassemblement contre les juges ou les médias, comme cela avait d'abord été annoncé par plusieurs soutiens de François Fillon en début de semaine.
Dans les comités de soutien, on s'active pour mobiliser ses réseaux. "Il faut le soutenir jusqu'au bout quoi qu'il se passe", a assuré une membre de son groupe de soutien de l'Oise, vendredi, témoignant du soutien indéfectible des militants.
Parce qu'elle donnera raison ou tort à ceux qui l'ont lâché
Au sein d'un parti Les Républicains en crise, des voix s'élèvent contre la manifestation de dimanche, présentée comme une "erreur" par le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), Christian Estrosi. "Il apparaît clairement que La Manif pour tous et Sens commun sont en première ligne dans l'organisation de cette manifestation, et cela me gêne", dit-il dans un entretien paru samedi dans Nice Matin. "A l'heure où je me bats de toutes mes forces contre le Front national, je ne veux pas que les idées portées par notre famille politique soient dévoyées." Contactée par franceinfo, la présidente de La Manif pour tous, Ludovine de La Rochère, dément formellement que son mouvement figure parmi les organisateurs. Cependant, Sens commun, son bras politique devenu un courant des Républicains, est bien "partie prenante", a confirmé Pierre Danon.
Enfin, Christian Estrosi, qui soutenait Nicolas Sarkozy lors de la primaire des Républicains, dit craindre que cette manifestation "donne l'impression d'un défi aux institutions de notre pays, et cela n'est pas possible non plus". Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, le député du Rhône Georges Fenech ou encore le député de la Manche Philippe Gosselin émettent les mêmes réserves, a indiqué Le Monde.
Une forte mobilisation serait donc une façon de démontrer que sa stratégie d'un maintien, seul contre tous, a convaincu sa base, à défaut d'être approuvée par la totalité des ténors du parti. Vendredi, les annonces de départs se sont multipliées autour du candidat, jusqu'à celle de son plus proche collaborateur, son directeur de campagne Patrick Stefanini, qui quittera ses fonctions après ce rassemblement. "Si la place du Trocadéro est noire de monde dimanche, la campagne est relancée. Si elle est vide et balayée par le vent, c'est terminé", pronostiquait jeudi Bruno Retailleau, "fidèle parmi les fidèles", cité par Le Figaro.
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