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Comment François Fillon compte mobiliser son électorat dimanche au Trocadéro

Alors que le candidat de droite est convoqué par les juges le 15 mars, en vue de sa probable mise en examen, son équipe de campagne appelle à "un grand rassemblement populaire" à Paris. Franceinfo vous explique comment cette contre-offensive a été organisée.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
François Fillon,  à Nice (Alpes-Maritimes), le 2 mars 2017. (GUILLAUME HORCAJUELO / AFP)

La contre-offensive. L'équipe de François Fillon organise, dimanche 5 mars, une manifestation de soutien au candidat de la droite, place du Trocadéro, à Paris. L'objectif, d'après le parti Les Républicains : dénoncer "l'action de déstabilisation" conduite contre leur champion. Le député de Paris a annoncé mercredi qu'il était convoqué le 15 mars par la justice en vue d'une mise en examen dans l'affaire des emplois fictifs dont aurait bénéficié son épouse Pénélope et deux de ses enfants.

François Fillon a réagi en s'en prenant au "déchaînement disproportionné" des juges, présentés en "assassins" de l'élection présidentielle. Sur fond de contestation de la justice et des médias, les électeurs de droite sont donc invités dimanche à défendre le candidat qu'ils ont choisi à la primaire. Que sait-on des coulisses de cette manifestation impromptue ?

Les Républicains organisent la manifestation

L'organisation de la manifestation est confiée à une équipe de campagne de plus en plus restreinte, depuis qu'une soixantaine d'élus juppéistes, sarkozystes, lemairistes, centristes et même fillonistes ont claqué la porte. Et plusieurs autres déplorent, comme le député de la Manche Philippe Gosselin, cité par Le Monde, "une forme de manifestation contre les juges et la justice". Et la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, de faire écho à son confrère en faisant savoir qu'elle "n'est pas d’accord avec un mot d’ordre d’une manif contre les juges".

Autant dire que la tâche s'annonce ardue. Au sein de l'équipe de campagne de François Fillon, le numéro deux, Pierre Danon, doit faire avec un calendrier extrêmement court : trois jours à peine pour mobiliser l'électorat filloniste. Il y travaille d'arrache-pied, avec "quinze bénévoles". "En trois ans et demi de campagne, explique-t-il à franceinfo, nous avons constitué un fichier de 300 000 personnes, que nous contactons et relançons pour dimanche." 

La logistique suit, "avec des dizaines de bus qui amèneront des gens de toute la France". Il se montre plus évasif sur le budget, qualifié de "léger". Et il renvoie, pour le détail des chiffres, au directeur de campagne Patrick Stefanini (qui n'a pas répondu à nos sollicitations).

L'agenda du candidat pourrait donner un petit coup de pouce. François Fillon doit en effet tenir une réunion devant "la société civile", samedi 4 mars, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Quelque 2 500 personnes doivent venir. On mobilisait déjà la province pour venir à cet événement, on va leur demander de rester pour la manifestation le 5", explique Pierre Danon. 

Interrogé, ce dernier réfute toute comparaison avec le meeting qu'avait organisé Nicolas Sarkozy au Trocadéro, le 1er mai 2012, entre les deux tours de la présidentielle. Le soir même, le président sortant affirmait sur Twitter : "Mes chers amis, vous [êtiez] 200 000 !" (chiffre d'ailleurs contesté). Pierre Danon se hasarde-t-il à un pronostic, pour dimanche ?

Sil y a 100 000 personnes, ce sera un grand succès. C'est un ordre de grandeur, hein, s'il y en a 95 000, c'est bien aussi.

Pierre Danon

à franceinfo

Le mouvement Sens commun la soutient

La Manif pour tous, ce mouvement qui s'était amplement mobilisé en 2013 contre le mariage homosexuel, coorganise-t-elle ce meeting, comme l'ont affirmé plusieurs journalistes ? Contactée par franceinfo, la présidente du mouvement, Ludovine de La Rochère, dément formellement : 

Contrairement à ce qu'on lit partout, la Manif pour tous n'est pas organisatrice.

Ludovine de La Rochère

à franceinfo

Mais n'est-ce pas jouer sur les mots, ou sur les structures ? Sens Commun, le bras politique de la Manif pour tous, devenu un courant des Républicains, est bien "partie prenante", confirme Pierre Danon. Tout en précisant : "Il y a 18 référents thématiques nationaux qui travaillent pour moi, plus 60 présidents de conseils départementaux. Sur ces 78 personnes, seuls 3 appartiennent à Sens commun."

Président du mouvement et soutien de François Fillon dès la primaire, Christophe Billan renchérit : "Sens commun n'organise pas ce rassemblement, c'est le 'pôle société civile' de la campagne qui l'organise. Mais Sens commun est heureux que ce rassemblement ait lieu, et appelle ses militants à y participer. Il y a une forte demande, et de bons retours de nos 9 000 adhérents, pour porter nos convictions dans une démocratie qui ne soit pas confisquée."  

Plus largement, Christophe Billan avoue compter sur la "capillarité des réseaux". Et notamment au sein de cet électorat catholique qui n'a pas supporté la loi Taubira, et s'est reconnu dès la primaire dans les valeurs affichées par le candidat Fillon.  

Les réseaux de la Manif pour tous s'activent

Quelques piliers ou anciennes figures de la Manif pour tous s'activent toutefois ouvertement pour le rassemblement du Trocadéro. Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, a diffusé par e-mail un appel à y participer, signé d'un collectif baptisé "Démocratie en danger". Composé d'une trentaine de citoyens jugeant la démocratie "menacée", ce collectif comptait à l'origine appeler à manifester le 15 mars, date de convocation de François Fillon par le parquet national financier. 

L'une des organisatrices, l'artiste Nathalie de Williencourt, confirme à franceinfo que "certains membres du collectif", dont elle, "se sont connus" au moment des défilés de la Manif pour tous. Elle estime que les lois sur la filiation sont à revoir, et que seul François Fillon défend cette revendication-là. "Le clivage, explique-t-elle, il est sur le capitalisme, qui permet de racheter les enfants". Dit autrement par Virginie Tellenne :

"En colère contre la censure médiatique", Nathalie de Williencourt réclame le droit d'élire le candidat de son choix à la présidentielle. "Car nous ne votons pas pour des journalistes, mais pour un programme." Au fait, ira-t-elle au Trocadéro dimanche ? Elle ne "peut pas", malheureusement,  mais "relaye l'évènement sur Facebook", auprès de ses 400 amis.

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