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Députés et assistants parlementaires : quand un couple joue la carte familiale, comment ça se passe ?

Comment les députés qui emploient leur épouse vivent-ils le débat relancé par l'affaire Fillon sur les embauches de proches ? Les élus Jean-Pierre Door (LR) et Jean-Yves Caullet (PS), qui travaillent en famille, se confient, lundi, sur franceinfo.  

Article rédigé par Jérôme Jadot, franceinfo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Au vu des déclarations d'intérêts en 2014, 10 à 15% des 900 députés et sénateurs avaient un collaborateur portant le même nom qu'eux. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Au vu des déclarations d'intérêts de 2014, de 10 à 15% des 900 parlementaires avaient un collaborateur portant le même nom. Comment travaille-t-on en famille dans le domaine de la politique ? Comment les députés qui emploient leur épouse vivent-ils le débat relancé par l'affaire FillonDeux duos témoignent, lundi 6 février, sur franceinfo : les députés Jean-Pierre Door, Les Républicains (LR), et Jean-Yves Caullet (PS) qui travaillent en famille rapprochée, avec leur épouse.

Chez les Door : du travail à la maison pour la collaboratrice

Jean-Pierre Door, député-maire Les Républicains (LR) de Montargis (Loiret), affiche trois mandatures au compteur dont une et demie avec son épouse, Véronique, comme salariée. La rencontre du couple se déroule à la permanence parlementaire de Montargis où officie également une secrétaire. Véronique Door, elle, travaille essentiellement chez elle. "Je jette un coup d'œil sur les mails à la maison, pas ici. Je passe [à la permanence] de temps en temps pour porter des papiers ou en récupérer".

À la maison, je récupère les fax envoyés par l'attaché parlementaire à Paris, ainsi que les courriers et la presse que je 'dégraisse' pour mon mari.

Véronique Door

Véronique Door s'occupe aussi du carnet de chèques pour les besoins de la permanence. Elle ne va quasiment jamais à l'Assemblée nationale. Avant que son mari ne l'embauche, elle n'était pas rémunérée, mais elle remplissait déjà des tâches de secrétariat à domicile pour son époux, médecin. Véronique Door, qui a un niveau baccalauréat, perçoit 2 500 euros net par mois pour un temps plein.

Chez les Caullet : moitié fief, moitié Paris

L'épouse de Jean-Yves Caullet, député-maire PS d'Avallon (Yonne) partage son temps professionnel entre Avallon et l'Assemblée nationale. Son mari a été élu en 2012, après avoir occupé le fauteuil deux ans, au début des années 2000. A chaque fois, Jean-Yves Caullet a recruté sa femme, Muriel, ingénieure agronome, également diplômée en gestion d'entreprise. Au cours de sa carrière, Muriel Vergès-Caullet a occupé plusieurs postes dans la grande distribution, l'agro-alimentaire et l'événementiel.

À Paris, j'assure le suivi des dossiers législatifs, les mails du député, les rendez-vous à caler sur son agenda, les réunions et les textes qu'il suit particulièrement.

Muriel Vergès-Caullet

L'épouse de Jean-Yves Caullet reconnait que le fait de travailler avec son conjoint rend "le droit à la déconnexion parfois un peu difficile". 

Pour ce travail, Muriel Vergès-Caullet est rémunérée un peu plus de 4 000 euros net par mois, soit le maximum autorisé, mais elle précise que c’est "moins que son salaire antérieur". Elle a un contrat à temps plein qui n'a pas été réduit en décembre 2015, lorsqu’elle a été élue conseillère régionale, indemnisée 2 280 euros brut par mois.

Un plus pour la fonction, un moins pour le couple

Le travail en couple est une plus-value professionnelle. C'est ce que pensent les deux députés qui évoquent un lien direct, une franchise dans les rapports professionnels. C'est une question de confiance, aux yeux de Jean-Pierre Door.

Nous défendons une politique, nous ne sommes pas commerçants. Si quelqu'un à mes côtés n'a pas la même ligne de pensée, ça ne peut pas marcher.

Jean-Pierre Door, député LR du Loiret

L'épouse est apparemment aussi une collaboratrice particulièrement disponible, ce qui n’est pas qu'un avantage à en croire Jean-Yves Caullet. "Vous n'êtes jamais en dehors d'une relation professionnelle", déclare l'élu de l'Yonne. 

En revanche pour ces deux députés, il n'y a pas de problème éthique à employer son épouse avec de l'argent public, à partir du moment où il y a un travail effectif.

Et si l'embauche de proches devenait interdite aux parlementaires ?

Interrogés sur l'affaire Penelope Fillon, les députés réagissent différemment et les clivages refont surface. Le socialiste Jean-Yves Caullet se dit choqué par ce qu'il qualifie "d'enrichissement sans cause". De son côté, son épouse regrette que cela ternisse l'image des collaborateurs parlementaires. 

L'élu LR, Jean-Pierre Door, refuse, lui, de se prononcer sur le fond avant la justice, mais il redoute d'être éclaboussé par l'affaire. "On a un malaise, je ne peux pas vous dire que tout va bien", confie l'élu, qui que d'aucuns s'interrogent en se disant "lui aussi, peut-être ?"  

Les deux élus se plieront à un éventuel changement du règlement sur le travail en famille, mais Jean-Yves Caullet n'y est pas favorable. Il préfèrerait "que les contrats de travailleur parlementaire soient soumis à une autorité, aux déontologues, qui pourraient juger en fonction de la rémunération antérieure, de la carrière de la personne, de l'emploi proposé".

Interdire l'emploi d'un conjoint ne vous interdira pas des rémunérations bizarres pour des collaborations approuvées.

Jean-Yves Caullet, député PS de l'Yonne

Même en cas d'interdiction Véronique Door continuera à soutenir son mari. "S'il y a du travail à la maison, je le ferai."

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