"Il est dur en affaires" : après le "non" de François Bayrou, l'exécutif rejette toute "crise politique"

François Bayrou n'entrera pas au gouvernement, il l'a annoncé mercredi soir, mettant fin aux rumeurs qui couraient depuis lundi et sa relaxe dans l'affaire des assistants d'eurodéputés. Ce qui interpelle ce sont les mots choisis par le chef du MoDem.
Article rédigé par Audrey Tison, Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Bayrou (G) et Emmanuel Macron (D), le 7 février 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL)

"Je ne pouvais pas accepter d'entrer au gouvernement sans accord profond sur la politique à suivre", assure François Bayrou, alors que son nom circule dans le contexte du remaniement. Depuis sa relaxe dans l'affaire des assistants parlementaires lundi, le maire de Pau se sent fort. Il veut que son soutien à Emmanuel Macron paye et soit récompensé par des portefeuilles ministériels, trois ou quatre.

Mais François Bayrou explique ne pas avoir trouvé d'accord avec le président et le Premier ministre qui lui ont proposé le ministère des Armées, qui ne l'intéressait pas. En revanche, le centriste s'imaginait remplacer Amélie Oudea-Castera à l’Éducation nationale, ministère qu'il a déjà dirigé, mais il a constaté une "différence d'approche sur la méthode à suivre" qui lui "paraît rédhibitoire". Jeudi matin sur franceinfo, il a précisé ne pas avoir "candidaté" pour le poste, mais s'est dit  "persuadé qu'on peut redresser l'Éducation nationale". Cela "demande un choix politique qui est de faire ça avec les enseignants et les autres parties prenantes de l'école". Or, "on est sur une musique de fond qui est : 'les enseignants ne travaillent pas assez'", regrette François Bayrou. 

François Bayrou se serait bien vu aussi à la tête d'un super ministère de l'Aménagement du territoire, de la Simplification et de la Réforme de l'État, travailler notamment sur "le gouffre entre Paris et la province" et sur la "distance entre les citoyens et l'action publique". Mais impossible de faire affaire avec Gabriel Attal. Choc des générations ? Le torchon brûle : "Ça s'est mal passé au téléphone entre eux hier après-midi", raconte un témoin, pour qui "Bayrou est sanguin, remonté comme un coucou suisse".

Dissidence ?

François Bayrou le dit lui-même : tout est rattrapable, sauf que, quand il claque la porte, si bruyamment, il y a peu de chance qu'il la rouvre derrière, selon ses amis. Son refus d'entrer au gouvernement, le chef du MoDem ne l'avait pas annoncé à ses députés qui l'ont appris comme tout le monde en début de soirée. Ils lui ont d'ailleurs reproché ce manque de concertation, lors d'un dîner qui était prévu de longue date. Jean-Louis Bourlanges l'a même accusé dans un communiqué publié sur X d'"affaiblir dangereusement" la majorité, tout en "discréditant" son parti.

Et le claquement de porte bruyant, n'a pas été apprécié non plus du côté de la Macronie.

"Bayrou a toujours été très gourmand, trop. On lui donne la main, il nous aspire le bras."

Un conseiller gouvernemental

à franceinfo

La situation pourrait se retourner contre le patron du MoDem, estime ce même conseiller. "Le sanglier du Béarn est dur en affaires mais là, quand même, les mots qu'il choisit, ça ressemble à une émancipation", s'inquiète un député du groupe Renaissance qui rappelle que le MoDem, c'est 50 sièges et donc 50 voix à l'Assemblée.

"Il est capable de colère noire, mais aussi de se calmer ensuite", se rassure toutefois un conseiller ministériel. Pour l'instant, rien n'indique s'il s'agit qu'un coup de sang personnel de François Bayrou, ou s'il compte entrer réellement en dissidence. Lui-même affirme sur franceinfo que non, que son parti reste "membre à part entière de la majorité qui veut reconstruire le pays" et qu'il n'a "jamais" regretté son soutien à Emmanuel Macron. La composition intégrale du gouvernement attendue dans les heures à venir montrera si oui ou non le MoDem a toujours sa place en Macronie. Mais, mercredi soir, un conseiller de l'exécutif tentait de rassurer : on ne peut pas parler de "crise politique".

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